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169 morts en Ouzbékistan

mercredi 18 mai 2005, par nassim

Plusieurs jours après la répression par la mitrailleuse lourde des manifestations d’Andijan dans l’est de l’Ouzbékistan, les autorités ouzbèkes ont donné ce mardi un nouveau bilan faisant état de 169 tués alors que les militants des droits de l’homme parlent d’un bilan compris entre 500 et 700 morts, majoritairement civils.

Réfugiées ayant fui Andijan, ville de l’est de l’Ouzbékistan.

Seuls des terroristes ont été liquidés par les forces régulières", a affirmé le procureur général, Rachid Kadyrov, lors d’une conférence de presse à Tachkent. Selon lui, le groupe armé qui a pénétré à Andijan vendredi 13 mai, s’emparant des bâtiments de l’administration et de la prison, portait des armes étrangères et comptait des Kirghizes dans ses rangs. Quatre-vingt-une personnes, soupçonnées d’avoir fomenté les troubles, ont été arrêtées, dont des Kirghizes, a-t-il insisté. Quant aux informations faisant état de 500 morts, c’est "de la désinformation volontaire de la communauté internationale", a estimé le procureur. "Personne ne dit de quel genre de manifestation pacifique il s’agissait : des gens bien armés qui attaquent la police et les troupes régulières, s’emparent de leurs armes, marchent sur la prison et libèrent six cents détenus", renchérit le président ouzbek, Islam Karimov, assis à ses côtés.

Confronté au bilan de 745 tués établi par Nigara Khidoyatova, la chef du parti Paysans libres (non-inscrit officiellement), qui s’appuie sur des estimations faites par ses propres militants, le président Karimov, hors de lui, a recommandé à cette femme "un traitement psychiatrique". "Nous compterons les tombes demain !" , a-t-il lancé, dans une allusion à la visite que devait faire mercredi à Andijan, un groupe de diplomates et de journalistes.

MORGUE SOUS SURVEILLANCE

Toujours bouclée et quadrillée, la ville continuait mardi d’enterrer ses morts. De nombreux témoignages, dont celui de Burt Herman de l’agence Associated Press, font état de fosses communes creusées à la hâte sous le contrôle de forces de l’ordre et où sont jetées des dizaines de cadavres (37 selon AP) non identifiés et amenés par camions. Plusieurs personnes interrogées concèdent avoir vu de telles scènes, ajoutant que les cadavres portaient le plus souvent des impacts de balles "dans le dos" . La morgue et l’hôpital ont été placés sous la garde de la police, qui empêche les journalistes d’approcher.

Le même jour, à Tachkent, une vingtaine de manifestants se sont réunis face à l’ambassade des Etats-Unis pour dénoncer la répression d’Andijan. Akhtam Chaimadanov, l’un des organisateurs de la protestation, proche du parti des Paysans libres, a expliqué que la proximité de la représentation diplomatique américaine protégeait les manifestants d’une éventuelle intervention policière.

Par Marie Jégo, lemonde.fr