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Bled number one à l’affiche en Algérie

dimanche 24 décembre 2006, par Souad

Diffusé en Algérie dans la salle Ethakafa d’Alger, "Bled number one", réalisé par Rabah Ameur-Zaimeche, raconte l’histoire de Kamel, un jeune beur expulsé vers son pays d’origine, l’Algérie, après sa sortie de prison.

Bled number one

Rabah Ameur-Zaimeche se filme dans Bled Number One, projeté en avant-première mardi 19 décembre à la salle Ethakafa (ex-ABC) à Alger, en redécouvrant la profonde Algérie. Le film se déroule comme un documentaire. Des images crues : un village algérien avec des scènes quotidiennes, des rues à l’abandon et des maisons collées les unes aux autres dans une poétique anarchie. Des bruits, des sons et des portes. Des portes qui s’ouvrent et qui se renferment. L’Algérie n’a-t-elle pas besoin d’ouvrir ses fenêtres ? Kamel regarde, à travers les lunettes de soleil, l’ennui passer des jours tranquilles. Les jeunes, nombreux, passent le plus clair du temps à jouer aux dominos dans des cafés maures. Le chômage, une vue de l’esprit ? Et puis, il y a ces jeunes, sortis de l’interstice du temps, qui mangent des bananes, qui viennent faire la leçon aux amateurs de dominos avant de découvrir « les vertus » de la violence gratuite. Des terroristes ? Cela y ressemble mais pas trop.

La violence, en Algérie, a pris toutes les couleurs et s’est couverte de nombreux vices. Complexe phénomène que Rabah Ameur-Zaimeche a refusé d’aborder en profondeur. Et voilà la scène d’un bœuf noir qu’on égorge. Des images-choc qui font réagir une dame dans la salle. Du sang rouge coule sur une terre sèche. Terre sanguine - pour reprendre le refrain de Rachid Bahri - aime bien manger ses enfants. La preuve ? 200 000 morts en dix ans. Morts pour rien. Tout compte fait. Sans voix. Sans choquer les dames mondaines. La République folklorique n’a jamais été aussi grosse. Kamel, qui marche sans cesse et qui parle peu, se mêle aux villageoises pour le rituel de la waâda. Elles se retrouvent toutes dans le mausolée qui surplombe le cimetière. A chaque fois, la mort n’est pas loin. L’expulsé retrouve Louiza (jouée par Mériem Serbah), la fuyarde. Celle qui ne veut plus vivre avec un mari violent revient, comme une mariée, avec une valise blanche. L’époux, qui vit en France, tente de la reprendre. Par la force. Femme-victime, Louiza subit les foudres d’un frère tout aussi féroce. « Tu nous couvres de honte ! », lance-t-il à sa sœur en la battant. Simpliste ? Peut-être.

L’agression des femmes par les hommes est un sujet ronronnant. Ennuyeux parfois. Louiza se renferme sur elle-même. Kamel l’aime. Comme « les extrêmes », les retours se retrouvent. A la plage, la fille tourmentée est accompagnée par son silencieux amoureux avec d’autres femmes pour chasser les démons virtuels. A côté d’un bateau échoué et abandonné, le Kastor I, comme pour suggérer, probablement, la faillite d’une certaine idée de la nation, la nage se fait joyeuse. Plus loin, on verra deux bateaux. Le regard de Rabah Ameur-Zaimeche ressemble parfois à celui du cinéaste américain John Cassavetes (décédé en 1989) qui adorait le réalisme des décors naturels et la crudité des acteurs recrutés sur le tas. Shadows (ombres) a rendu célèbre Cassavetes, Bled Number One installera-t-il Rabah Ameur-Zaimeche parmi les cinéastes qui promettent ? Il n’a pas manqué d’originalité, mettant mal à l’aise « les puristes ». Comme cette scène, gorgée d’humanité, où Louiza chante, avec un réel bonheur, du jazz smooth pour conjurer un mal-être, partagé par les pensionnaires de l’asile psychiatrique. « Les fous sont dehors ! », lance l’une d’elles. Comme ce tableau où Rodolphe Burger, du groupe français Kat Onoma, montré à contre-jour, jouant avec sa guitare, une musique psychédélique qui finit par plonger dans le noir de la fin.

Synthèse de Souad, algerie-dz.com
D’après El Watan