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Cancer du sein : Les tumeurs bénignes en question

samedi 23 juillet 2005, par Ahlem

Une récente étude américaine sur le cancer du sein révèle que la majorité des femmes atteintes de lésions bénignes, les plus courantes, qui ne prolifèrent pas, ne présentent aucun risque de mutation cancéreuse.

Les femmes ayant certains types de tumeurs bénignes ont un haut risque de développer un cancer du sein.

Toutefois certaines tumeurs bénignes ne sont pas si inoffensives et peuvent être les précurseurs d’un cancer, nuance-t-elle. Les femmes qui en sont atteintes peuvent avoir intérêt à envisager une opération ou un traitement médical pour réduire les risques. L’étude publiée jeudi dans le « New England Journal of Medicine » est l’une des plus vastes jamais entreprises sur le risque de cancer du sein évalué en fonction du type de tumeur bénigne observé. Elle a impliqué près de 1.000 femmes qui ont subi une biopsie entre 1967 et 1991 à la Clinique Mayo à Rochester, dans le Minnesota.

Globalement, les femmes atteintes de tumeurs bénignes voient leur risque de développer un cancer du sein augmenter de 56% les quinze années suivantes, souligne l’étude qui aboutit à la même conclusion que des travaux précédents. Mais cette moyenne cache des disparités, en fonction du type d’anomalie. Chaque année, on diagnostique chez plus d’un million d’Américaines des pathologies mammaires bénignes : amas de cellules suspects, kystes ou tumeurs. Dans l’étude de la Clinique Mayo, 707 femmes sur les 9.087 présentant de tels symptômes ont développé un cancer du sein, souvent une décennie plus tard.

Les deux tiers des tumeurs bénignes examinées dans cette étude étaient composées de cellules qui ne se divisaient pas rapidement, et se traduisaient par un risque de cancer du sein plus élevé de seulement 27%. Trente pour cent des femmes de l’étude présentaient des tumeurs se développant de manière active : elles avaient 88% de risque en plus de contracter ultérieurement la maladie. Enfin, 4% présentaient les tumeurs les plus inquiétantes, composées de cellules paraissant très anormales et se multipliant activement. Ces femmes avaient 324% de plus de risques de développer un cancer.

Les tumeurs paraissant très anormales devraient être retirées même lorsqu’elles sont bénignes, souligne le Dr Julia Smith, une responsable de l’Institut du cancer à l’université de New York. Dans un éditorial, Gerd Gigerenzer de l’Institut Max Planck pour le développement humain à Berlin et le Dr Joann Elmore de l’université de Washington à Seattle, appellent les médecins à présenter les risques causés par ces tumeurs de manière moins alarmiste aux patientes.

Une augmentation du risque de 27% signifie qu’environ six femmes sur 100 contracteraient le cancer du sein au lieu de cinq, écrivent-ils. Avec le pire type de tumeur, on passe à 19 sur 100, et tous ces chiffres sont inférieurs au risque encouru par les femmes présentant une prédisposition génétique à la maladie, soulignent les deux médecins. L’âge est également un facteur de risque. Les femmes chez qui on a découvert une tumeur bénigne avant 40 ans risquaient davantage de développer un cancer du sein que celles qui étaient plus âgées au moment du diagnostic, selon l’étude.

Les antécédents familiaux comptent également. Les femmes atteintes d’anomalies ne se développant pas de manière active et dans la famille desquelles il y avait eu peu ou pas de cas de cancer du sein, ne présentaient pas elles-mêmes de risque accru de développer la maladie.
En outre, le Dr Richard Santen, de l’université de Virginie, et le Dr Robert Mansel, de l’université du Pays de Galles, notent dans le « New England Journal of Medicine » que les femmes qui prennent des oestrogènes pendant plus de huit ans après la ménopause ont environ 70% de plus de risques d’avoir des tumeurs mammaires bénignes que celles qui ne prennent pas d’hormones.

Avec AP