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Centenaire de la mort de Jules Verne

samedi 19 mars 2005, par nassim

Il y a tout juste un siècle, un géant de la littérature disparaissait. Auteur de science-fiction pour certains, auteur pour enfants pour d’autres, Jules Verne est en tous cas un des écrivains les plus lus dans le monde, faisant rêver des générations de lecteurs.

Traduit dans une centaine de langues, il a entraîné ses héros dans tous les recoins de la planète, sous la Terre, sous la mer, dans les airs et même sur la Lune. Né à Nantes, sur l’île Feydeau, le 8 février 1828, Jules Verne a grandi dans une famille bourgeoise. Il est le premier enfant de Pierre Verne, juriste, et de Sophie Allotte de la Fu. Il aura un frère, Paul, et trois soeurs, Anne, Mathilde et Marie.

Jules n’est pas un élève particulièrement brillant, mais il adore la géographie et la lecture. Il se passionne pour Alexandre Dumas, Daniel Defoe, Fenimore Cooper, Rudolph Wyss, Walter Scott, Balzac et Stendhal. Il rêve de d’océan, de navires et de voyages. Après l’obtention d’un baccalauréat de lettres à Rennes en 1846, il s’oriente vers le droit conformément aux souhaits de son père qui aimerait le voir reprendre son étude. Mais Jules a une autre aspiration : l’écriture. Ses parents l’autorisent à terminer son droit à Paris où il débarque en 1848, se trouvant une chambre dans le Quartier latin.

En 1849, il décroche sa licence en droit. Mais sa plus grande satisfaction à cette époque, c’est la présentation de sa première pièce, Les pailles rompues au Théâtre lyrique à Paris en 1850.

Jules Verne

Il va devenir secrétaire du directeur dans ce théâtre, et écrira pendant une dizaine d’années des pièces de boulevard et quelques nouvelles. Certaines sont publiées dans la revue Musées des familles à partir de 1851. Il fréquente les salons et se lie notamment d’amitié avec l’explorateur Jacques Arago, le photographe et aérostier Nadar, et Alexandre Dumas fils, qui lui donne un coup de pouce dans sa carrière littéraire. Travailleur acharné, il est, de par sa très vaste culture, un héritier des Encyclopédistes du XVIIIe siècle et se montre visionnaire dans le domaine scientifique. Mais sa santé s’en ressent. Il est victime d’une crise de paralysie faciale, un problème qu’il connaîtra plusieurs fois dans sa vie.

En 1856, il rencontre, lors du mariage d’un ami, Honorine de Viane, 26 ans, originaire d’Amiens, veuve et mère de deux petites filles. Elle devient sa femme l’année suivante. De cette union naîtra son fils unique, Michel, en 1861. Après son mariage, Jules doit trouver un travail plus lucratif pour faire bouillir la marmitte. Il devient agent de change à la Bourse. Mais il écrit parallèlement un premier roman, Paris au XXe siècle.

Peu de temps après, il rencontre Pierre-Jules Hetzel, qui va devenir son éditeur. Très exigeant, ce dernier lui propose de publier son deuxième roman, Un voyage en l’air, à condition qu’il le réécrive partiellement. L’ouvrage remanié, qui devient Cinq semaines en ballon, est publié en 1863. Premier des 62 romans des Voyages extraordinaires, il connaît un succès tel que Pierre-Jules Hetzel fait signer un contrat à son protégé, qui a alors 35 ans, l’engageant à livrer deux livres par an.

C’est le début d’une période faste pour Jules Verne, avec la publication de Voyage au centre de la Terre (1864), De la Terre à la Lune (1865), Vingt mille lieux sous les mers (1869) - classé huitième dans les dix livres préférés des Français, selon une enquête Sofres réalisée en 2004. Le Tour du monde en quatre-vingt jours (1872) est tiré à plus de 100 000 exemplaires.

Jules Verne puise une partie de son inspiration dans ses voyages au cours desquels il prend de nombreuses notes. Il découvre notamment l’Angleterre et l’Écosse en 1859, et la Scandinavie deux ans plus tard. En 1867, avec son frère Paul, il traverse l’Atlantique sur le Great-Eastern, un grand navire à vapeur, qui lui inspire Une ville flottante, et découvre les États-Unis.

Grâce au succès de ses livres, et à ses récits très structurés, l’écrivain peut réaliser un de ses rêves en s’achetant un bateau en 1868, Le Saint-Michel, amarré en baie de la Somme. En 1871, il s’installe d’ailleurs dans la Somme, à Amiens, d’où son épouse est originaire. De 5h à 11h du matin, il écrit. L’après-midi, il dévore des revues spécialisées (notamment scientifiques) à la Société industrielle d’Amiens pour se cultiver et trouver des sources d’inspiration. Les voyages extraordinaires sont récompensés en 1872 par l’Académie française.

Il continue à se rendre souvent à Paris pour son travail, mais aussi pour une femme mariée qui aurait été sa maîtresse, Estelle Hénin. Son décès, à l’âge de 29 ans, lui cause un immense chagrin. Autres malheurs : en 1886, son éditeur disparaît à son tour et l’un de ses neveux, déséquilibré, lui tire une balle dans la jambe.

À Amiens, Jules Verne va s’impliquer dans la vie politique locale. À partir de 1888, et pendant seize ans, il siège au conseil municipal sur une liste de gauche modérée, et s’occupe de la culture. Il est également administrateur du théâtre et membre de l’Académie des sciences, arts et lettres de la ville.

L’écrivain à la barbe fleurie décède le 24 mars 1905, suite à une crise de diabète. Quelque 5000 personnes assistent à ses obsèques à Amiens, où il est enterré.

Les romans de Vernes ont été adoptés à de nombreuses reprises au grand écran :
Des Enfants du capitaine Grant (1901) au Tour du monde en quatre-vingts jours (2004), de nombreux ouvrages de Jules Verne ont fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Pour le 7e art, l’oeuvre de l’écrivain français a été un véritable trésor.

À la mort de Jules Verne en 1905, le cinéma n’a que quelques années d’existence. Pourtant, l’écrivain a déjà pu voir, depuis 1901, cinq de ses romans adaptés à l’écran. En 1901, c’est les Enfants du capitaine Grant, de Ferdinand Zecca, qui ouvre le bal. Un an plus tard, Robert William Paul réalise The Adventurous Voyage of The Arctic, inspiré des Voyages et aventures du capitaine Hatteras.

La même année, Le Voyage dans la Lune, de Georges Méliès, qui dure treize minutes, est particulièrement remarqué. Très inspiré par Jules Verne, le cinéaste ne s’arrête pas là. Il adapte Vingt mille lieux sous les mers en 1907, puis La conquête du pôle en 1912, inspiré des Voyages et aventures du capitaine Hatteras.

En 1916, Michel Verne, le fils de l’écrivain, passe pour la première fois derrière une caméra et réalise un film tiré de l’oeuvre de son père : La destinée de Jean Morenas. Il signe ensuite Les Indes noires en 1917, puis L’étoile du Sud en 1918, et Les cinq cents millions de la Bégum en 1919.

Dans les années 1920, le cinéaste russe Viatcheslav Tourjanski réunit 4000 figurants pour tourner en France Michel Strogoff. La même oeuvre fera l’objet d’une nouvelle adaptation franco-allemande en 1936, signée Richard Eichberg et Jacques de Baroncelli.

Mais il faudra attendre 1954 pour voir une adaptation d’un roman de Jules Verne consacrée comme un chef d’oeuvre du 7e art, avec le Vingt mille lieues sous les mers de Richard Fleischer, réalisé pour les studios Disney. Tourné en CinemaScope, bourré de truquages, il offre un bel affrontement entre James Mason (le capitaine Nemo) et Kirk Douglas (Ned Land), devenu une véritable star grâce à ce film.

Le réalisateur fait une petite entorse à l’oeuvre originale en intégrant dans son film une otarie nommée Esmeralda.

Les adaptations des grands romans de Jules Verne s’enchaînent alors, avec Le Tour du monde en quatre-vingt jours de Michael Anderson et John Farrow en 1956 (dans lequel jouent notamment Marlène Dietrich, Fernandel, Martine Carol et Frank Sinatra), De la Terre à la Lune de Byron Haskin en 1958, l’excellent Voyage au centre de la Terre de Henry Levin en 1959, avec James Mason, et Cinq semaines en ballon d’Irwin Allen en 1962.

En France, Philippe de Broca adapte à sa manière Les tribulations d’un Chinois en Chine en 1965, avec Jean-Paul Belmondo. Pour la télévision, Claude Santelli réalise en 1969 L’île mystérieuse avec Pierre Dux dans le rôle de Nemo.

On notera aussi l’adaptation de L’étoile du sud de Sydney Hayers (1968), avec Ursula Andress, et celle du Phare du bout du monde de Kevin Billington (1970), avec un Kirk Douglas à la fois acteur et producteur.

Après une longue période de silence cinématographique, Jules Verne semble revenir à la mode en ce début de XXIe siècle. En 2004, en France, Bruno-René Huchez et Alexandre Huchez réalisent un film d’animation intitulé Les aventures extraordinaires de Michel Strogoff. Et aux États-Unis, Franck Coraci tourne un nouveau Tour du monde en quatre-vingts jours avec le comique hongkongais et maître de kung-fu Jackie Chan (l’intrépide valet Passepartout), Steve Coogan (Phileas Fogg) et Cécile de France (la belle artiste).

Par Associated Press.