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Des soldats américains dans le Sahel

mercredi 17 mars 2004, par Hassiba

La traque des groupes islamistes armés dans la région du Sahel se poursuit. Elle devrait même s’intensifier dans les prochains jours et prendre une dimension plus importante.

Selon des informations recueillies par Liberté auprès de sources concordantes à Paris, plusieurs unités des forces spéciales américaines et des troupes militarisées de la CIA sont attendues dans les tout prochains jours dans le Sahel, une région soupçonnée par les services secrets américains d’abriter plusieurs centaines de dangereux combattants islamistes membres du réseau Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. L’opération, d’une ampleur jamais égalée dans cette zone, a été décidée au lendemain des attentats meurtriers qui ont secoué, jeudi 11 mars, la capitale espagnole Madrid.

Selon les premiers éléments de l’enquête, c’est un groupe composé de six Marocains et coordonné par un Algérien, qui est à l’origine de l’attaque spectaculaire contre quatre trains de la société des chemins de fer espagnols. Revendiqué par Al-Qaïda, l’attentat a fait, selon un dernier bilan encore provisoire, 201 morts et plus de 1 500 blessés. Les troupes spéciales américaines devraient participer directement à cette vaste opération antiterroriste qui toucherait plusieurs pays d’Afrique, notamment l’Algérie, le Mali et le Niger.

Selon des spécialistes interrogés par Liberté, les combats pourraient durer plusieurs semaines. La zone des opérations est jugée difficile et les combattants islamistes présents dans cette région sont considérés comme des éléments particulièrement dangereux et surtout bien équipés en armes. Les armées des pays concernés participeront également aux combats. Mais ces derniers seront dirigés et coordonnés directement par les Américains. Comme nous l’avions déjà révélé, plusieurs éléments des troupes spéciales américaines sont déjà présents dans la région du Sahel depuis plusieurs semaines.

Mais pour l’heure, il n’auraient toujours pas participé aux combats. Les Américains se sont, en effet, contentés de fournir, notamment, des images satellites qui ont aidé les armées algérienne, malienne ou encore tchadienne à localiser les groupes islamistes et à engager ainsi le combat dans des conditions favorables. “Des accords de coopération en matière de sécurité existent entre les États-Unis et les trois pays du Maghreb. Contrairement au Maroc et à la Tunisie, dans le cas de l’Algérie en revanche, ces accords restent informels. Mais ils ont été considérablement renforcés depuis les attentats du 11 septembre 2001. Il existe entre les deux pays une véritable coopération en matière de lutte contre le terrorisme”, explique Philippe Golub, professeur à l’Université américaine de Paris et spécialiste des États-Unis. Exemple de cette coopération : des combattants arabes arrêtés en Afghanistan ou au Pakistan sont souvent envoyés directement au Maroc pour y être interrogés par les services secrets marocains.

Mais si pour les Américains le principal objectif des opérations antiterroristes en Afrique est de montrer à leur opinion publique qu’ils sont déterminés à traquer les éléments d’Al-Qaïda partout dans le monde, la démarche des gouvernements africains qui accueillent les troupes américaines sur le sol n’est souvent pas dénuée d’arrière-pensées. Les régimes malien et nigérien pourraient, par exemple, profiter de ces opérations pour mettre définitivement un terme à la rébellion touareg qui secoue des parties de leurs territoires depuis maintenant plusieurs années.

Guemache Lounès,liberté-algerie.com