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Economie algérienne : Regards d’experts

jeudi 3 mars 2005, par Salim

L’économie algérienne est-elle dotée de ressorts et d’outils à même de lui assurer une transition réussie vers une économie de marché ?

La conjoncture et l’environnement administratif et juridique facilitent-ils la perspective ? Un panel d’experts et d’analystes, d’anciens hauts responsables, principalement, s’est proposé d’y répondre, hier, à l’occasion d’un atelier de travail organisé au Sofitel par le groupe Entreprendre avec le concours du journal El Watan.

Les exposés, didactiques, pour la plupart, ont été plus qu’un aperçu générique de la sphère économique nationale, tant l’analyse, voulue approfondie, a été stratifiée pour intéresser les segments les plus prépondérants. Ceci même s’il est vrai que la contradiction n’a pas été le fait marquant des débats, si l’on excepte le professeur Ahmed Benbitour, l’ancien chef du gouvernement qui s’est illustré contradicteur de l’ancien P-DG de Sonatrach, Nezim Zouioueche, à propos du nouveau projet de loi sur les hydrocarbures.

A contrario du communicateur qui a considéré la nouvelle législation en matière d’hydrocarbures positive et porteuse de perspectives intéressantes pour le secteur, Ahmed Benbitour a préféré relativiser, s’interrogeant sur la fiabilité et la performance des agences qui, à l’orée de la nouvelle loi, exerceront les missions traditionnellement dévolues au ministère de l’énergie et à la Sonatrach. Quand bien même Zouioueche a mis en exergue l’article 24 du projet de loi pour souligner que l’Etat peut, au besoin, déroger à la règle de la concurrence, ce n’était pas assez pour convaincre Benbitour qui, lui, a considéré qu’ "on est en train de transformer une réserve d’énergie non renouvelable en réserve de devises à l’étranger, au lieu que cette devise soit mise au service de l’économie nationale".

L’autre actualité abordée à l’ouverture de cet atelier s’est rapportée aux implications pour l’Algérie de l’accord d’association à l’Union européenne et de l’adhésion à l’OMC. Avocat spécialiste du droit européen, Georges Berlioz, qui a disserté sur la question, a mis en évidence le fait que "l’Algérie est en position de faiblesse et défavorable dans ses discussions avec l’OMC, parce qu’elle n’a pas la possibilité de négocier". Parlant de l’entreprise algérienne dans l’environnement post-adhésion à l’Organisation mondiale du commerce, le conférencier a fait part "du besoin en services, notamment juridiques, étant donné la complexité du droit international".

Mais, d’abord, quelle place pour l’entreprise algérienne dans la nouvelle économie ? Ancien ministre, Mohamed Liassine s’est proposé, dans l’après-midi, d’apporter des éléments de réponse. Il a situé deux contraintes, endogène et exogène, qui empêchent un réel essor de l’entreprise algérienne. Il a catalogué, pour les facteurs endogènes, tous les comportements qui s’intègrent dans l’héritage de l’économie administrée. Quant aux facteurs exogènes, il a relevé la contrainte liée au foncier industriel, le financement (seuls 11,4% des besoins en fonds de roulement des entreprises privées seront financés par les banques), les contraintes à l’exportation ainsi que la contrainte du cadre judiciaire. Il n’a pas omis, bien sûr, de soulever le problème de la concurrence déloyale.

Pour rassurer un tant soit peu, l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abdelwahab Keramane, a fait état de l’amélioration de la situation de la dette extérieure algérienne. Une amélioration confortée, a-t-il dit, par les prévisions de service de la dette. "Sur la base de l’encours à fin 2003, le service de la dette (principal et intérêt) qui s’élevait à 4,3 milliards de dollars en 2003 se réduit progressivement d’année en année avec un remboursement quasi total de la dette rééchelonnée à l’horizon 2010." Cette réduction progressive découle entre autres de démarches multiformes de remboursement. A l’exemple de la conversion d’une partie de la dette et le remboursement anticipé qui, en 2004, a été évalué à 1,2 milliard de dollars.

Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir)