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General Motors condamné à l’électrochoc

mercredi 20 avril 2005, par Stanislas

Licencier 20 000 personnes, fermer quatre usines et supprimer une marque ! Voilà le remède de cheval que suggère le Detroit News pour redresser General Motors (GM). « GM doit subir une cure », titrait hier sur toute la largeur de sa une le quotidien de la capitale américaine de l’automobile, reprenant l’avis des analystes.

Si ces derniers conseillent à Rick Wagoner,

Siège de General Motors, Detroit, USA.

président de GM, de réduire la taille du groupe, l’idée d’une restructuration lui a certainement traversé l’esprit : tous les indicateurs sont dans le rouge. Les agences de notation ne patienteront plus très longtemps pour constater un début de redressement. GM ne trouve grâce aux yeux ni de Fitch, ni de Moody’s, ni de Standard and Poor’s, qui ne sont plus très loin de dégrader la note de la dette du groupe au statut de « junk bond », autrement d’« obligation pourrie », ce qui aurait pour effet de renchérir ses frais financiers. Actuellement, le montant des obligations de GM en circulation est de 116 milliards de dollars.

Pertes historiques, nouvelle menace de rappel massif et désaffection de la clientèle. L’année 2005 sera l’« annus horibilis » d’un General Motors commercialement bousculé par les Japonais aux Etats-Unis et financièrement étranglé par les coûts faramineux des dépenses de santé qu’il doit assumer : 10 000 dollars par employés, selon la Deutsche Bank.

Premier constructeur mondial en nombre de voitures produites, General Motors ne l’est assurément pas en matière de profits. Le géant de Detroit a annoncé hier une perte nette trimestrielle de 1,1 milliard de dollars alors qu’en 2004, sur la même période, GM avait enregistré un profit de 1,2 milliard : jamais, depuis la crise de 1992, le groupe dirigé par Rick Wagoner n’avait affiché de si mauvais résultats.

Le coup était redouté, il n’en est pas moins violent : aux Etats-Unis, le groupe a perdu 1,3 milliard lors des trois premiers mois de l’année alors qu’en 2004 cette zone avait réalisé un profit de 401 millions de dollars. Aux Etats-Unis, la part de marché du groupe a fondu de 6,8% à 25,6%.

On connaît déjà les effets de la concurrence et la nécessité pour les constructeurs américains de soutenir leurs ventes avec des rabais coûteux. La hausse des prix des carburants liée à la hausse des cours du pétrole freine de surcroît les ventes des gros tout-terrain, qui sont les plus lucratifs : aux Etats-Unis plus que partout ailleurs, plus un engin est gros plus il est rentable. Bref, les motifs de satisfaction sont maigres pour Rick Wagoner, qui doit faire face à une hausse de 7,7% des dépenses de santé cette année, à 5,6 milliards de dollars. Aux Etats-Unis, les entreprises doivent faire face elles-mêmes à ces dépenses.

Les syndicats ont indiqué qu’ils étaient prêts à aider autant que possible le groupe, mais en restant dans les limites du dernier accord de branche conclu. Une grande divergence de vues donc avec les analystes : pour ceux de Deutsche Bank, le patron de GM sera obligé d’agir en supprimant 20 000 à 30 000 emplois sur les 320 000 personnes que le groupe emploie dans le monde. Et peut-être même de supprimer une marque aussi célèbre que Buick.

Source : lefigaro.fr