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George W. Bush n’a plus la cote aux Etats-Unis

vendredi 29 avril 2005, par nassim

Déprime - George W. Bush s’est expliqué hier soir sur la réforme des retraites et la flambée du pétrole. Pour freiner sa chute dans les sondages.

« Si je pouvais, je le ferais ».

George W. Bush.

Réponse de George Bush cette semaine à un soldat qui lui demandait au Texas pourquoi il ne faisait pas baisser les prix de l’essence qui flambent aux Etats-Unis. Et plus ils montent, plus la cote du président baisse. Selon un sondage paru cette semaine dans le Washington Post, celui-ci ne recueille que 47% d’avis favorables, soit son plus mauvais score depuis son arrivée à la Maison-Blanche en 2001. M. Bush a d’ailleurs essayé de rétablir la situation lundi en recevant dans son ranch de Crawford le prince héritier saoudien (lire encadré). Mais il n’a pas réussi à obtenir ce qu’il recherchait : un engagement de Riyad à faire baisser à court terme les prix du pétrole.

Dans ce contexte morose, le président a donné hier soir sa première conférence de presse en prime time sur les principales chaînes de télévision américaines depuis plus d’un an. Officiellement, cette démarche était prévue depuis plusieurs semaines. Elle devait clôturer la tournée de deux mois à travers les Etats-Unis que George Bush a faite pour vendre son projet de réforme des retraites. Selon Scott McClellan, porte-parole de la Maison-Blanche, le président devait d’ailleurs qualifier son opération « 60 villes en 60 jours » de « succès ».

La démarche semble toutefois tenir de la méthode Coué. Lancée pour faire passer un projet impopulaire et contourner l’opposition démocrate qui s’oppose bec et ongle à ce plan de privatisation partielle de la sécurité sociale, la tournée devait faire avancer la cause du président. Or, après deux mois passés sur les routes, George Bush n’a guère progressé. Toujours selon le sondage du Washington Post, deux Américains sur trois restent opposés au plan du président. Cette bataille autour de la sécurité sociale a même redonné des couleurs aux démocrates.

George Bush parlait au début de l’année du capital politique que sa réélection lui avait donné. Or, après quelques succès initiaux comme le passage d’un texte autorisant le forage dans une réserve naturelle en Alaska, il a enchaîné les déconvenues. La nomination de John Bolton, le néoconservateur qu’il avait choisi pour le poste d’ambassadeur à l’ONU, est toujours bloquée au Sénat. Entre les démocrates qui, là encore, font bloc et quelques élus républicains qui ont des réserves sur Bolton, les auditions ont, fait rare, été rouvertes cette semaine et le vote sur la nomination a dû être repoussé malgré les efforts de la Maison-Blanche.

Le président pensait également que son nouveau mandat lui donnerait la latitude de représenter les juges qu’il avait choisis pour siéger dans des Cours fédérales et qui étaient bloqués jusqu’ici par l’opposition. Les démocrates qui considèrent ces magistrats comme trop radicaux n’ont cependant pas fait de concession. Leur opposition a forcé les républicains à considérer un changement des règles du Sénat pour faire passer ces juges, une démarche pourtant très impopulaire auprès des Américains.

Quant à l’Irak, le général Myers, numéro un de l’armée américaine, s’est efforcé mardi de relativiser l’augmentation de la violence. Il a admis que le degré des attaques était identique à l’année dernière mais a cité l’augmentation du nombre de soldats et policiers irakiens comme signe de progrès.

Reste qu’à l’heure de la conférence de presse d’hier soir, George Bush qui, en janvier, avait annoncé vouloir promouvoir la démocratie dans le monde et réformer le système des retraites aux Etats-Unis, se retrouve dans une situation qu’il voulait à tout prix éviter : il lui faudra manœuvrer habilement s’il veut éviter la « malédiction du second mandat » qui a frappé ses prédécesseurs.

Par Jean-Cosme delaloye, tdg.ch