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Israël retarde son retrait de Gaza

mardi 10 mai 2005, par nassim

Israël se dérobe une nouvelle fois de ses engagements. Le premier ministre Ariel Sharon a déclaré hier, que le retrait de Gaza, prévu initialement pour le 20 juillet, ne débutera pas avant la mi-août.

Tsahal, l’armée israélienne, reporte son retrait de Gaza.

Ce report, évoqué en premier par M. Sharon lui-même, avait été recommandé par le ministre de la défense, Shaul Mofaz, comme un geste de bonne volonté à l’égard des colons, religieux pour la majorité d’entre eux. Ces derniers ont épuisé toutes les voies politiques pour faire obstacle au "plan de désengagement" de Gaza annoncé par le premier ministre le 2 février 2004. Toutes les colonies de Gaza sont concernées par ces évacuations ainsi que quatre implantations isolées du nord de la Cisjordanie. L’armée israélienne espère être capable d’évacuer ces colonies en trois semaines. Elle se retirera ensuite à son tour, après avoir démantelé les dernières infrastructures militaires encore en place. Ce n’est qu’après ce retrait, qui pourrait s’étaler sur plusieurs semaines que les Palestiniens pourront accéder aux terrains libérés par les Israéliens. Des incertitudes demeurent cependant sur le sort qui sera réservé aux maisons des colons et sur celui de la zone frontière contrôlée par Israël, à la porte de l’Egypte.

NOUVEAU MANDAT SHARON ?

Si les Palestiniens hésitent à propos des maisons, les Israéliens, notamment pour des raisons pratiques selon le vice-premier ministre, Shimon Pérès, souhaiteraient ne pas avoir à les détruire. Le retrait de l’armée israélienne de la zone frontière est enfin crucial pour mettre fin à l’asphyxie économique de Gaza, mais il n’est pas évoqué dans la dernière mouture en date du projet.

Au cours de son entretien de lundi, le premier ministre israélien a également annoncé son intention de briguer le moment venu un nouveau mandat. M. Sharon, âgé de 77 ans, a estimé que des élections anticipées n’étaient pas nécessaires. M. Sharon sait pourtant que, une fois le retrait effectué, sa situation politique risque de se compliquer. Il n’a dû, en effet, son salut, au cours des dernières semaines, qu’aux voix du Parti travailliste et de la gauche face à l’opposition d’une partie des députés de sa propre formation, le Likoud, alliés à l’extrême droite. Cette coalition de circonstance autour du projet de Gaza ne devrait pas survivre au retrait, alors que les prochaines élections législatives sont théoriquement fixées à l’automne 2006.

Côté palestinien, les bons résultats obtenus par le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) lors des élections municipales partielles organisées le 5 mai ont relancé les demandes des cadres du Fatah (le mouvement du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas) de report des élections législatives prévues pour le 17 juillet. Ces cadres estiment que leur parti, très critiqué par l’opinion palestinienne, a besoin de temps pour se réorganiser afin d’éviter de perdre le contrôle du Conseil législatif palestinien. L’actuel Conseil élu en 1996, au cours d’élections boycottées par le Hamas, délibère actuellement de la loi électorale qui s’appliquera aux élections de juillet, afin d’y introduire une dose de proportionnelle. Le Hamas, convaincu d’avoir le vent en poupe, est, au contraire, hostile à un report de ce scrutin.

Le ministre israélien des affaires étrangères, Sylvan Shalom, longtemps opposé au plan de retrait de Gaza, a estimé lundi, au cours d’un colloque, qu’Israël devrait "reconsidérer" ce projet dans l’hypothèse d’une victoire du Hamas à ces élections législatives.

Interrogé à ce propos, lundi soir, M. Sharon a écarté cette éventualité en rappelant que son plan était, au départ, unilatéral. "Le retrait a été décidé par Israël et l’objectif était d’améliorer la situation d’Israël. Il est évident qu’il serait plus facile si ce retrait pouvait se faire en coopération avec les Palestiniens" , a simplement ajouté M. Sharon.

Par Gilles Paris, lemonde.fr