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Khaled Guermah : “Ma dignité n’est pas à vendre !”

dimanche 18 avril 2004, par Hassiba

18 avril 2001/18 avril 2004. Il y a trois ans, jour pour jour, disparaissait tragiquement le jeune Guermah Massinissa, tué par balles, rappelons-le, dans l’enceinte même de la brigade de gendarmerie de Béni Douala.

Si le gendarme qui a lâchement ôté la vie au jeune lycéen de Béni Douala jouit, aujourd’hui, de la liberté, il n’en demeure pas moins que les Ath-Douala, tout comme la Kabylie profonde, n’arrivent toujours pas à oublier une telle tragédie qui avait déclenché les douloureux évènements que l’ont sait. Si la plaie s’est quelque peu cicatrisée, la douleur est encore vive, notamment à Agouni-Arrous, le village natal des Guermah où les proches, les parents et les amis ont du mal à oublier l’image radieuse du jeune Guermah et continuent d’exiger que toute la lumière soit faite sur ce qui est considéré, ici et là, comme un véritable assassinat.

A Agouni Arrous comme un peu partout chez les Ath-Douala, et les Ath-Mahmoud, pourtant point d’agitation ni de violence, même verbale.
On s’affaire ici et là à préparer tel qu’il se doit ce jour commémoratif pas comme les autres.
Les affiches et les banderoles de protestation et de revendications sont déjà prêtes depuis quelques jours et l’on attend le “jour J” pour commémorer une date souvenir à la fois triste et douloureuse.

Dans la maison des Guermah, l’heure est déjà au recueillement et à la pensée, car la flamme est toujours vive dès lors que toute la lumière n’est pas encore faite jusque-là à propos d’un drame certainement difficile à surmonter.

Affairé à coordonner les derniers préparatifs et fortement sollicité par les uns et les autres, Khaled Guermah, le père de Massinissa, garde pourtant son amabilité de tous les jours et respire toujours cette dignité, désormais légendaire, qu’on lui connaît. Loin de verser dans la réaction viscérale et la colère aveugle, celui qu’on appelle familièrement dans la région “Da Khaled”, fait preuve d’une sagesse admirable. “Ma dignité n’est pas à vendre, et personne ne pourra me détourner du combat qui est le mien”, dit-il. “Je continuerai à exiger que tous les responsables de l’assassinat des 126 martyrs et des centaines de blessés, lors des évènements de Kabylie, soient traduits en justice et jugés en toute équité”, ajoutera-t-il.

Et si Khaled Guermah semble décidé à ne pas faire la moindre concession sur la vérité qui doit être établie, un jour ou l’autre, sur toutes ces exactions qui ont entraîné mort d’hommes aux quatre coins de la Kabylie, il tient aussi à rappeler son profond attachement à la plateforme de revendications d’El-Kseur.

“Le règlement de la crise en Kabylie passe inévitablement par la satisfaction de la plateforme de revendications d’El-Kseur”, martèle-t-il, même s’il réaffirme son appel “à l’union et à la fraternité, en Kabylie et partout ailleurs en Algérie”, précise-t-il. “Si je continue à exiger toute la vérité sur les évènements du printemps noir, dit-il, mon combat est aussi noble, car je lutte aussi pour rétablir les liens d’union et de fraternité, un peu partout chez nous en Kabylie comme aux quatre coins de notre pays, l’Algérie. Très certainement guidées par des intérêts personnels et des calculs hypocrites, certaines gens mal intentionnées tentent de semer la zizanie et la division, mais je tiens à lancer justement un appel pour ne pas céder à l’absurdité”, conclut le père Guermah qui s’apprête à vivre péniblement une nouvelle date anniversaire de l’assassinat de son fils.

M. Hocine

Amizour se souvient

Le mouvement citoyen des archs de Kabylie s’apprête à commémorer le troisième anniversaire du déclenchement des évènements tragiques d’avril 2001 dans la dignité et la détermination, à poursuivre le combat pour lequel sont tombées plus d’une centaine de victimes.
La ville d’Amizour, où la première étincelle du feu de la révolte kabyle avait jailli un certain 22 avril 2001, suite à l’interpellation par la gendarmerie locale de deux jeunes lycéens et leur professeur de l’éducation sportive, est en passe de vivre au rythme des festivités commémoratives prévues pour la journée de jeudi prochain. En effet, afin de rendre un grand hommage aux jeunes rebelles d’Amizour et à toutes les victimes du printemps noir et de la répression, le mouvement des archs de Kabylie entend marquer cet événement historique d’une empreinte indélébile et faire de cette commémoration une tradition dans la région.

Ainsi, une marche populaire organisée par la coordination intercommunale de la wilaya de Béjaïa (CICB) aura lieu le jeudi 22 avril au chef-lieu communal de la ville d’Amizour. Cette manifestation devra être suivie par la tenue d’un meeting populaire qui sera animé par des délégués de l’interwilayas des archs. Par ailleurs, dans le cadre de la célébration du 24e anniversaire du printemps amazigh (avril 1980), la CICB appelle la population à faire de ce mardi 20 avril une journée fériée et rejoindre massivement la marche populaire qui devra avoir lieu au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa.

Cette habituelle démonstration de rue, qui draine chaque année des foules en Kabylie, sera couronnée, cette fois-ci, par la proclamation de la baptisation de la Maison de la culture de Béjaïa au nom de l’immortelle Taous Amrouche, la diva kabyle, originaire d’Ighil Ali.

Kamel Ouhnia, Liberté