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L’Algérie abandonne ses cadres qualifiés

lundi 28 août 2006, par Rédaction

L’Algérie qui forme chaque année des dizaines de milliers de cadres qualifiés, tarde à mettre en place une stratégie globale et efficace pour offrir de meilleures perspectives professionnelles à ses élites à même de les convaincre de rester au pays et participer à son développement.

L’Algérie abandonne ses cadres qualifiés.

Un ancien cadre gestionnaire d’une grande entreprise nationale nous fera le constat suivant : « L’Algérie ne profite pas de la richesse et du savoir- faire de ses cadres. Ceci se répercute inéluctablement sur la gestion des affaires de l’Algérie. L’expérience de tant d’années d’exercice profite souvent aux pays étrangers ». La grille d’évaluation des cadres est inexistante chez nous et n’obéit à aucune logique, explique-t-il. Ayant vécu deux expériences successives de gestionnaire à la tête de deux institutions différentes, il nous fera savoir que le cadre gestionnaire algérien, aussi compétent soit-il, est toujours à la merci des états d’âme du responsable de son secteur et parfois paye cash sa rectitude et son honnêteté à servir son pays avec sa conscience.

Les conséquences sont aujourd’hui désastreuses. Des secteurs névralgiques manquent de personnel qualifié ; c’est le cas par exemple du secteur de la santé qui a vu le corps de spécialistes en tout genre se rétrécir comme une peau de chagrin, alors que les besoins sont en constante croissance. Les spécialistes en maladie mentale sont devenus une denrée rare. La saignée est aussi profonde dans les autres secteurs. Les universitaires, les ingénieurs, les techniciens spécialistes en pétrochimie, les aviateurs et les médecins, rongés par un malaise profond ont choisi le chemin de l’exil. Les salaires sont aux antipodes de leurs sacrifices. Le Canada est devenu une destination prisée par notre élite.

Des milliers de compétences font, aujourd’hui, le bonheur de ce lointain pays du froid qui profite, à moindres frais, d’une mine d’or en Algérie en matière de cadres. Les pays du Golfe sont dans la même situation en accueillant l’élite des cadres du mouvement sportif, de Sonatrach et d’Air Algérie. La saignée ne s’arrêtera pas de sitôt car rien n’est fait pour inciter cette frange de la société à rester au pays. Les timides gestes faits par les pouvoirs publics en matière d’encouragement en direction des cadres supérieurs ne semblent pas en mesure de résoudre la problématique de la « fuite des cerveaux ». Les prêts bancaires, les voitures de service et le logement de fonction ne sont plus suffisants pour rassurer un cadre dont la grille des salaires le classe, par rapport au voisin marocain ou tunisien, est en deçà de la classe moyenne.

Les cadres n’ont pas le droit à l’erreur chez nous comme a tenu à le faire admettre un syndicaliste du Cnes qui a vu des collègues, à lui, exercer à l’université, se faire licencier sans aucun état d’âme par la Fonction publique pour cumul de fonctions alors que la logique serait de les sanctionner sans leur faire perdre leur gagne-pain. Personne n’a pensé au tort causé à l’Etat par ce genre de décision. A quoi aura servi la fortune dépensée pour leur formation. C’est une autre façon de les pousser à l’exil. A quoi servira l’argent du pétrole si les projets en chantier sont gérés par des cadres sans qualification et quand les compétences prennent le chemin de l’exil ? Comment l’Algérie pourra-t-elle suivre le rythme imposé par l’évolution du monde, quand une bonne partie de son éminence grise quitte le pays et qu’une autre est réduite au chômage forcé faute, d’avoir des appuis dans les centres de décision politique ?

Synthèse de Rayane, algerie-dz.com
D’après l’Expression