Accueil > INTERNATIONAL > L’Europe accule le Maroc

L’Europe accule le Maroc

samedi 16 avril 2005, par nassim

Passée, des années durant, pour être plutôt frileuse vis-à-vis du conflit qui oppose le Maroc au Polisario, en épousant de façon, mi-figue mi-raisin, la politique promarocaine du gouvernement français, la position de l’Europe, vient d’opérer un retournement en faveur du gouvernement sahraoui dans sa quête pour l’indépendance.

Et c’est en guise de célébration du dixième anniversaire du

L’Europe accule le Maroc

lancement du processus de Barcelone, que la Commission européenne a, pour la première fois, appelé publiquement, à résoudre la crise sahraouie qui, à ce jour, envenime les relations intermaghrébines et empêche dans une certaine mesure, la mise en oeuvre de la zone de libre-échange à laquelle aspirent les pays des deux côtés de la Méditerranée. Dans une communication au Conseil et au Parlement européen, citée jeudi 14 avril par l’APS, la commission Barroso plaide pour une volonté européenne dans la contribution au règlement de cette question qui « supprimerait un obstacle de taille à l’évolution du processus d’intégration du Maghreb arabe au sein de l’UE. »

Ainsi, la sortie assez « hard » de Bruxelles entend accréditer les balbutiements diplomatiques entrepris, dans ce sens, depuis quelques mois déjà. Le dernier en date était le déplacement, le mois passé, à Alger- à l’occasion du 17e sommet arabe- du haut représentant pour la politique extérieure de l’UE, Javier Solana qui avait, rappelle-t-on, donné un véritable camouflet au Maroc en alignant la position européenne sur celle des Nations unies. Ce pays, depuis, se trouve dans une position de plus en plus inconfortable et ne sait pratiquement à quel saint se vouer pour convaincre du « bien-fondé » de sa politique colonisatrice. Si donc, la nouvelle donne européenne a de quoi ravir l’opinion internationale et particulièrement les pays et les parties signataires des accords de paix, celle-ci s’apparente beaucoup plus à la fin d’une période de grâce accordée jusqu’ici au Maroc.

D’autant plus que le soutien du gouvernement américain que Mohammed VI ne cesse de chercher, tarde à se concrétiser car, Washington, s’est, jusqu’ici et à plusieurs reprises déclarée en faveur de la légalité internationale mentionnée dans le plan Baker. Le Maroc, à cause de son entêtement à vouloir garder sous son joug le territoire sahraoui, a déjà perdu un soutien de taille : l’Union africaine en l’occurrence. De laquelle d’ailleurs il ne fait plus partie depuis quelques années, en raison du soutien de celle-ci au droit du peuple sahraoui à son autodétermination. La ministre des Affaires étrangères sud-africaine a effectué, il y a quelques jours, une visite tonitruante dans les camps de réfugiés des sahraouis à Tindouf (Algérie) pour réaffirmer la reconnaissance par son pays de la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd). Au sein de l’UMA, les choses ne vont guère mieux. Et les différents efforts consentis de part et d’autre en vue d’unifier les pays du Maghreb buttent, à chaque fois sur le même problème. Pour autant, le plus inquiétant aux yeux de la monarchie chérifienne n’est pas moins de se passer des services d’alliés aussi importants que sont les Américains et les Africains.

Mais la crainte est celle de se mettre à dos les deux pays sur lesquels repose essentiellement sa politique au Sahara occidental, à savoir la France et, à un degré moindre, l’Espagne. Ce pays, après quelques vaines tentatives en faveur notamment d’un règlement algéro-marocain de la crise, a, au bout du compte, révisé sa copie en se prononçant clairement pour le plan de paix onusien. Reste, donc, la France, qui à la lumière de la toute nouvelle sortie de Bruxelles, semble perdre du terrain dans son giron européen, sinon comment expliquer la soudaine fin de non-recevoir adressée, bien qu’indirectement, au roi marocain ? Lui qui n’a eu de cesse de crier à qui veut l’entendre la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.

Enfin, le moins que l’on puisse dire à ce propos est que le Maroc se trouve réellement au pied du mur. Boudé par l’Afrique, l’Onu, les Etats-Unis...il ne lui restait, jusqu’à lors, que l’Union européenne. Mais cette dernière, semble vouloir changer son fusil d’épaule en se soumettant à la légalité internationale et aux résolutions des Nations unies. D’ailleurs, le Conseil de sécurité se réunira à la fin du mois en cours pour se prononcer sur la question sahraouie.

Par Amine GOUTALI, lexpressiondz.com

Portfolio