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L’INRIA s’associe à Microsoft

mercredi 27 avril 2005, par nassim

C’est le 26 avril dernier qu’a été signé un accord de collaboration entre Microsoft et l’INRIA.

Pour être plus précis, l’accord signé concerne l’Institut Nationale

L’INRIA s’associe à Microsoft.

de Recherche en Informatique et en Automatique, et Microsoft Research, branche spécialisée dans la recherche du géant américain, fondée en 1991. En dehors du faste que ce genre de cérémonie peut engendrer, et des effets d’annonces gouvernementaux tentant à prouver que la France peut encore espérer attirer des investisseurs étrangers, malgré une bureaucratie et une fiscalité à filer la chair de poule à la Stasi, on ne peux qu’être interrogatifs quant aux véritables motivations de Microsoft, et du gouvernement. La méfiance est donc de mise, surtout lorsque l’on voit Steve Ballmer répondre à côté des questions dans des interview données sur LCI.

INRIA, mode d’emploi

L’INRIA fait parti de ces institutions publiques qui s’occupent de la recherche informatique (entre autres). On peut ainsi la voir apparaître dans la conception et l’édition de bon nombres de travaux. Ces études sont notamment utilisées pour servir de "guides" aux décisions gouvernementales devant être prises dans les milieux de l’informatique (entre autres, encore). Par exemple, l’INRIA a remis dernièrement au gouvernement un rapport concernant les réseaux d’échanges P2P dans le cadre d’une étude menée sur le téléchargement des fichiers musicaux. D’autre part, l’INRIA possède 175 brevets actifs dans son "patrimoine", et quelques 120 logiciels libres ou commercialisés. Pour mémoire, l’INRIA emploie quelques 3 500 personnes, et le budget de cette année s’élèverait à 135 millions d’euros (20% de ce budget est généré sur "fond propre"), contre 123 millions en 2004 et 120 en 2003. Il est à noter qu’en matière d’effectif, le personnel a augmenté de plus de 20% de 2003 à 2005, pour une augmentation du budget de 12% sur la même période.

Lire dans l’avenir

Dans un futur proche, un nouveau centre de recherche commun à l’INRIA et à Microsoft va ouvrir ses porte sur la commune d’Orsay, voisine de Villebon sur Yvette, commune abrittant le siège social de Microsoft en France. Est-ce à dire que de nouveaux emplois vont être créés ? rien n’est fixé pour le moment à ce sujet. Microsoft s’engage de son côté à fournir 10 millions d’euros dans cette entreprise. Les objets de recherches officiels se concentreraient sur les problèmes de sécurité, ainsi que sur les réseaux d’échange d’informations. Lorsque l’on voit la situation budgétaire délicate de l’INRIA, on se demande presque "pourquoi si peu ?’. Evidemment, 10 millions d’euros constitue une somme que jamais je ne réunirai dans ma pauvre vie, mais que sont-ils par rapport au 7 milliards de dollars (environ 5,42 milliards d’euros) de budget annuel de la société Microsoft Research, employant "que" 700 chercheurs ? Certes, le géant de Redmond doit gérer son budget, puisqu’il compte multiplier les collaborations de ce genre dans tous les pays d’Europe... Fatalement, ça représente des sous à dépenser...

Retour sur investissement

Ceci dit, il y a une foule de choses qui donnent la chair de poule. Déjà, quand on regarde de près l’attitude de Microsoft par rapport aux brevets qu’il trouve chez lui, et surtout chez les autres. Un article paru sur le site de nos collaborateurs de PC Inpact nous décortique les procédés déployés par Microsoft afin de "piller" les trouvailles technologiques d’une société de recherche éventuellement concurrente, voire, de verrouiller les axes des recherches qu’elle entreprend. A la lecture de ce dernier, on ne peut que redouter une application de ce schéma sur l’institution française. De même, devant la volonté de certaines administrations françaises de se libérer du poids des licences Microsoft (la gendarmerie payait 2 millions d’euros de licence à Microsoft uniquement pour l’utilisation d’Office), qui ne verrait pas ici une manoeuvre de l’éditeur afin de revenir dans la place, façon "cheval de Troie" (si je peux me permettre se rapprochement).

Questions existentielles

Certes, la recherche a un grand besoin d’argent, et cracher sur 10 millions d’euros, ce serait idiot. Mais au regard de la disproportion qu’il y a entre le budget de recherche alloué par Microsoft pour son propre département, et celui alloué à l’INRIA, on se pose des questions pas saines du tout. De même, connaissant les orientations actuelles des recherches de l’institut français, tout comme la nature de ses brevets, ainsi que sa volonté de mettre à disposition du public des logiciels libres (pas tous, certes), on se dit que Microsoft aurait toutes les raisons d’essayer de "verrouiller" le "marché" du logiciel libre par tous les moyens possibles. Après ça, on va dire de moi que je vois le mal partout...

Source : LCI