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L’OTAN : L’élargissement et le dialogue méditerranéen

jeudi 6 mai 2004, par Hassiba

Depuis 2002, année durant laquelle l’Algérie a rejoint le « dialogue méditerranéen » initié par l’Otan en 1994, beaucoup se sont, à juste titre, interrogés sur la nature et le contenu de cette coopération et ont avancé parfois des hypothèses liées à l’intégration de notre pays à l’Otan.

Levons tout de suite tout malentendu et précisons que le « dialogue méditerranéen » est une politique de coopération de l’Organisation transatlantique nord tout à fait distincte du processus d’adhésion qui concerne les Etats européens. A titre de comparaison et pour mesurer la différence entre ces deux axes de coopération de l’Otan, voici, brièvement, le pourquoi et les conditions d’adhésion. Après la fin de la guerre froide et la dissolution du Pacte de Varsovie (1989), l’Otan était mise devant la nécessité de revoir toute l’architecture de sécurité et de défense dans la zone euro-atlantique. Les études lancées à ce sujet avec la perspective de l’adhésion de nouveaux membres de l’Europe centrale et orientale concluaient que l’élargissement de l’alliance « contribuerait à l’instauration d’un contrôle civil et démocratique des forces armées..., accroîtrait la transparence des plans de défense et des budgets militaires dans le but d’une plus grande stabilité et sécurité pour les pays de la région euro-atlantique ».
L’on voit bien que jusqu’à ce jour seuls les pays européens sont concernés pour rejoindre l’alliance en tant que membres. Et même à ce niveau, les critères politiques d’adhésion sont précis pour ne pas dire draconiens.

Algérie : Les raisons du dialogue

Le dialogue méditerranéen a été entamé hier entre l’Otan et sept pays du sud de la Méditerranée, dont l’Algérie.Ce dialogue est construit autour de l’idée centrale « paix et sécurité en Méditerranée ». Ce principe de base appelle évidemment à une coopération souvent complexe, parce que touchant aux domaines tant militaire, civil que scientifique et impose par-dessus tout une restructuration et une adaptation des forces armées algériennes. C’est pourquoi notre pays a multiplié rencontres et visites bilatérales et multilatérales, prouvant ainsi sa volonté de ne pas rester en dehors des bouleversements géostratégiques dans la région. Les responsables diplomatiques et militaires algériens ont rencontré le 10 juin 2002 ceux de l’Otan pour tracer le cadre de la coopération. Un mois plus tard, c’est-à-dire en juillet 2002, l’Algérie participait à la rencontre des 19 de l’Otan avec les sept pays du sud de la Méditerranée. S’en est suivie une série de réunions, ateliers, conférences d’officiers militaires, de civils, de scientifiques... pour aboutir le 10 décembre 2002 à la rencontre au sommet au siège de l’Otan à Bruxelles entre le président Bouteflika et le secrétaire général de l’Otan, lord Robertson.

Au-delà de cette coopération

Somme toute normale au niveau diplomatique, militaire et scientifique... se pose toute la problématique des missions de l’armée
algérienne. D’aucuns verront dans ce rapprochement une porte d’ouverture sur une association effective de notre pays à l’Organisation transatlantique. Rien n’est exclu, mais en arriver à ce stade exigerait, comme on l’a vu, d’énormes efforts techniques, scientifiques et surtout politiques et financiers. Le primat du politique sur le militaire (dans le sens noble du terme) est un fondement essentiel de l’Otan. Ce sont les ministres des Affaires étrangères qui inaugurent le cycle des réunions de l’organisation pour toute nouvelle initiative. Ils mettent en place les balises et le champ politique qui détermineront l’action de l’Otan. Suit juste après la rencontre des ministres de la Défense (des civils) pour s’entendre sur les modalités techniques de mise en application de la décision politique. Entre les sessions régulières (juin et décembre de chaque année) des instances ministérielles, ce sont, à divers niveaux, diplomates civils et militaires qui assurent le suivi de la coopération. Le deuxième pilier qui sous-tend la « philosophie » de l’Otan est relatif aux nouvelles missions des forces armées. Il y a évidemment celui du maintien de la paix et la prévention des conflits y compris par la dissuasion. Mais il y a aussi l’organisation des secours humanitaires dans le monde ; la préservation de l’environnement ; la recherche scientifique... bien des domaines qui relevaient, il y a peu de temps, exclusivement du civil.

C’est à ce titre que l’armée algérienne a entamé sa mue, sa restructuration. L’annonce par le chef d’état-major de l’armée, M. Mohamed Lamari, de la volonté de l’ANP de s’éloigner du champ politique et les dernières nominations au grade de général, entre autres, d’éminents chercheurs et scientifiques militaires sont, au-delà de la conjoncture politique qui était liée à l’élection présidentielle, un signe encourageant pour la modernisation de l’ANP et le besoin de démocratie. Enfin, l’Algérie, dans sa quête légitime de stabilité et de paix, ne pouvait demeurer en dehors des changements dans la Méditerranée et dans le monde. Nos voisins marocains, tunisiens, égyptiens, mauritaniens sont engagés dans ce partenariat avec l’Otan et ont abouti à des pactes d’assistance et d’aide militaires en cas de conflit. La région sud Méditerranée étant ce qu’elle est avec ses soubresauts à la paix et les velléités provocatrices de certains dirigeants maghrébins, liées à des raisons de politique interne, il aurait été inconcevable, voire inconscient, pour l’Algérie de ne pas rejoindre le dialogue méditerranéen engagé par l’Otan. Il y va de l’intérêt hautement stratégique du pays dans la région et dans le monde.

Par M’hammedi Bouzina, El Watan