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L’affaire Khalifa éclabousse la présidentielle

dimanche 21 mars 2004, par Hassiba

En relançant à la veille de la présidentielle sa chaîne de télévision et en la mettant à la disposition de l’opposition politique algérienne, Abdelmoumène Khalifa voudrait-il par cette stratégie s’acheter une nouvelle virginité politique ?

Ceux qui suivent régulièrement les informations sur la chaîne de télévision de Abdelmoumène Khalifa, K.News, émettant à partir de Londres, n’écartent pas cette hypothèse.

Ainsi, 48 heures après le début de la campagne électorale, aucun candidat à la prochaine élection présidentielle n’a encore abordé les scandales financiers qui ont ébranlé le système bancaire algérien ces dernières années.
Récemment et à une question concernant l’affaire Khalifa Bank, Bouteflika répondra dans l’émission télévisée « Baramidj » : « L’agrément à Khalifa Bank a été accordé avant que je ne soit président de la République en 1999. » Il évitera, entre autres, de citer des noms. De son côté, Ali Benflis, alors chef du gouvernement lors de l’éclatement du scandale financier, évite d’aborder cette question dans ses multiples sorties publiques, que ce soit ici en Algérie ou à l’étranger.

Pour Ali Benflis, candidat à la présidentielle d’avril 2004, la relance de l’économie passe par une baisse des impôts, la création de nouvelles zones industrielles et le règlement du problème du foncier. La question du financement de l’économie par les banques n’a pas été tellement développe par le candidat. D’autant plus que l’ombre de l’escroquerie de Abdelmoumène Khalifa plane toujours sur les banques algériennes. Benflis part dans cette campagne « gêné » par la probabilité qu’il soit interpellé sur son rôle dans l’affaire Khalifa. Alors qu’il occupait le poste de chef de gouvernement, Ali Benflis n’a pas jugé utile de demander un audit le jour où la banque de Abdelmoumène a été interdite de transfert de devises vers l’étranger. Un audit qui aurait limité la saignée financière subie par des milliers de petits déposants, les caisse sociales et plusieurs entreprises publiques et privées.

L’autre candidat qui table sur l’économie dans sa campagne électorale est Louisa Hanoune. Pour cette militante de gauche, il n’y aurait pas d’autre issue pour le pays que de cesser de payer le service de la dette extérieure et la réouverture des usines fermées durant les années de crise économique. Pour le moment, la présidente du Parti des travailleurs n’a nullement abordé l’affaire Khalifa Bank qui à dilapidé plusieurs milliards de dinars appartenant aux caisses de sécurité sociales, de chômage et de retraite.
Pourtant, les victimes de Abdelmoumène Khalifa se comptent par dizaines de milliers. Ces dernières constituent un gisement électoral non-négligeable.

Le 6 avril prochain, soit deux jours avant les élections, le tribunal pénal de Chéraga va juger pour diffamation l’affaire qui oppose le P-DG de la BDL et M. Zoutal, ancien cadre de la même banque. Ce jour-là et dans le cas où l’audience ne sera pas reportée pour l’après-élection, le tribunal devra élucider l’affaire du dépôt par la BDL de 460 milliards de centimes dans les caisses de la banque Khalifa. Au total et selon M. Zoutal, pas moins de 1 000 milliards de centimes ont été déposés par trois banques publiques chez Abdelmoumène Khalifa.

Aux dernières nouvelles et selon le liquidateur du groupe, le préjudice causé par Abdelmoumène s’élèverait à trois milliards de dollars. En ouvrant sa chaîne de télévision K.News à certains candidats à la présidentielle, Abdelmoumène s’attend-t-il non seulement à acquérir une virginité politique mais surtout à être innocenté de toute accusation d’escroquerie. Mais en attendant de connaître le futur président de l’Algérie, les victimes de Abdelmoumène ne savent pas qui pourra leur rendre justice.

M. Chermat, La Nouvelle République