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L’astrologie est-elle une science ?

jeudi 28 avril 2005, par nassim

Un nouvel ouvrage consacré au sujet relance le débat sur la question de savoir si l’astrologie pouvait être considérée comme une science.

« Issue d’un mariage contre nature entre une religion astrale et une rationalité rigoureuse héritée des Grecs, l’astrologie semble indestructible depuis des siècles. » Cette rationalité suffit-elle pour autant à l’ériger au statut de science ? Pour Daniel Kunth et Philippe Zarka, les deux coauteurs d’un nouveau « Que sais-je ? » (1) consacré au sujet, une réponse par la négative s’impose, même si l’utilité de l’astrologie ne fait aucun doute.

De quoi relancer le débat, alors que les auteurs des « Que sais-je ? » précédents consacrés au sujet ont soutenu des thèses radicalement différentes. Paul Couderc, encouragé par la croisade de l’Union rationaliste depuis les années 70, avait ouvert le feu en 1984 avec un pamphlet scientiste ridiculisant l’astrologie. La réponse du berger à la bergère était alors venue de Suzel Fuzeau-Braesch, docteur en biologie et directeur de recherche au CNRS, qui, dans une édition de 1989, avait pris résolument parti pour l’astrologie, dans le contexte de fin de siècle favorable à l’éclosion et à la prolifération des croyances paranormales.

Or les PUF ont retiré ce dernier ouvrage de la vente, pour en confier la nouvelle version à deux autres auteurs. Daniel Kunth - astronome et déjà auteur d’un livre sur l’astrologie avec le psychiatre Edouard Collot - et Philippe Zarka, astrophysicien, respectivement directeur et chargé de recherche au CNRS, cherchent, dans ce nouveau texte, à cerner les raisons de la permanence de l’astrologie, en dépit d’un fondement scientifique invraisemblable pour les chercheurs qu’ils sont.

Les auteurs ne se contentent donc pas d’expliquer au grand public ce que sont un thème astral, un signe, une maison, un ascendant ou encore un luminaire. L’ouvrage s’attache longuement à décortiquer la nature des relations ambiguës qui lient l’astrologie et la science. « C’est à partir du moment où l’astrologue introduit l’interprétation de l’horoscope que le divorce entre astronomie et astrologie est consommé, expliquent les auteurs. Un ciel pour deux dérange... » Et de s’efforcer de démontrer l’illusion scientiste de cette discipline. Pour preuve, le phénomène de la précession (rotation) des équinoxes, qui invalide à leurs yeux les bases scientifiques des cartes du ciel utilisées par les astrologues contemporains. Car l’orbite de la Terre n’est pas fixe par rapport aux étoiles, puisque son axe de rotation fait un tour sur lui-même tous les 25 800 ans environ. Si les douze signes du zodiaque portaient à l’origine les mêmes noms que les constellations auxquelles ils furent apparentés, la superposition n’est plus vraie aujourd’hui. Résultat : le signe du Bélier recouvre désormais la constellation des Poissons.

Les auteurs mettent également en avant, par exemple, les nombreuses différences qui séparent l’astrologie indienne, d’origine karmique, et l’astrologie occidentale. Et d’en déduire que « la diversité des modèles et des points de vue n’est pas une objection fondamentale à l’émergence d’une discipline, mais leur persistance dans le temps et leur mutuelle ignorance, voire leur incompatibilité, ne militent pas pour la scientificité de l’astrologie ».

Et ce n’est pas non plus l’analyse statistique qui permet, selon eux, de valider les propositions de l’astrologie de naissance, qu’ils différencient bien de l’astrologie événementielle.

Suzel Fuzeau-Braesch considère sur son site Web (2) qu’« il s’agit là d’une entreprise d’attaque de l’astrologie scientifique et non d’un exposé objectif digne de l’encyclopédie sérieuse des PUF ». Pourtant, les auteurs ne nient pas l’utilité sociale de l’astrologie, même si celle-ci relève à leurs yeux de la psychologie et oeuvre davantage dans le champ de l’affectivité que de la rationalité.

Par Caroline de Malet, lefigaro.fr

(1) L’Astrologie, Daniel Kunth et Philippe Zarka, coll. « Que sais-je ? » (PUF), février 2005.

(2) RAMS : www.ramsfr.org