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La Mauritanie adopte le week end universel. L’Algérie hésite encore

mardi 12 avril 2005, par Salim

Le gouvernement mauritanien a produit, mercredi dernier, un nouveau décret portant « modification des horaires de travail et les jours de repos hebdomadaire », c’est-à- dire, en termes plus clairs, l’adoption du week-end universel, à savoir le samedi et le dimanche en place et lieu du jeudi-vendredi en vigueur jusque-là.

La République islamique de Mauritanie est ainsi le troisième pays du Maghreb à se mettre à « l’heure universelle » après la Tunisie et le Maroc. Au Maghreb, il ne reste plus que l’Algérie et le régime atypique de la Libye à maintenir encore le week-end « idéologique » du jeudi-vendredi. Le porte-parole du gouvernement mauritanien, expliquant la décision prise en Conseil des ministres lors d’une conférence de presse, affirmait, en substance, que son pays n’a fait que s’adapter aux exigences de l’économie mondiale.

« L’on ne peut continuer à perdre quatre jours de travail par semaine », dira ce responsable gouvernemental, précisant que la découverte de nouveaux gisements de pétrole ne laisse guère le choix à son pays. Un pays parmi les plus pauvres de la planète, faut-il le signaler, mais qui a engagé, ces dernières années, de nombreux chantiers de réformes, tant politiques qu’économiques pour le moins significatifs. Outre le multipartisme reconnu depuis quelques années, la presse mauritanienne se distingue par une certaine liberté de ton malgré ses moyens fort dérisoires. Vivant essentiellement de la pêche, la Mauritanie tente ces dernières années d’investir dans d’autres secteurs d’activité, particulièrement dans le tourisme et l’agriculture. Très mal servie par la nature pour ainsi dire avec un vaste territoire quasi exclusivement désertique, la Mauritanie peut prétendre à un avenir autrement meilleur avec les récentes découvertes de gigantesques gisements pétroliers et dont les premiers dividendes arrosent l’économie du pays depuis 2004 consécutivement à la signature des premiers contrats d’exploration et d’exploitation avec d’importantes compagnies mondiales.

Au plan politique et diplomatique, le régime de Nouakchott poursuit, sous Mouaouiya Ould Taya, une politique très sereine tant au niveau régional que vis-à-vis de ses partenaires européens, la France et l’Espagne particulièrement. La langue française est l’outil de travail premier de l’administration ainsi que du système éducatif mauritaniens. En l’an 2000, Ould Taya réalise un retentissant acte diplomatique : il établit des relations diplomatiques officielles, et au niveau des ambassadeurs de surcroît, avec Israël. Une courageuse mesure politique qui a valu à Nouakchott quelques remontrances dans le monde arabe mais qui, en revanche, lui vaudra le respect de la communauté internationale avec, en prime, l’ouverture de perspectives intéressantes pour le pays et dans plusieurs domaines.

En la matière, nos voisins du Sud-Ouest sont en train de nous devancer d’une façon prodigieuse, chose inimaginable il y a quelques années seulement. Il faut dire que pour réussir son train de réformes, Ould Taya a su , au préalable, contenir le mouvement islamiste mauritanien, très puissant pourtant. Et jamais il n’a essayé de composer avec lui, ni n’a reculé face à lui. Il est significatif, à titre comparatif, que pratiquement à la même période où la Mauritanie annonçait officiellement l’établissement de relations diplomatiques avec Tel-Aviv, Abdelaziz Bouteflika fera annuler, lui, la visite que devait effectuer en Algérie le chanteur algérien de confession juive Enrico Macias. Bouteflika, qui a pourtant personnellement et publiquement invité la superstar, a fini par céder aux pressions des intégristes...

Par Kamel Amarni, lesoirdalgerie.com