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La bourse américaine a les yeux fixés sur le pétrole

dimanche 15 août 2004, par Hassiba

L’évolution de la bourse américaine est restée étroitement liée cette semaine à celle des cours du pétrole, qui volent de record en record, et une détente du brut est essentielle pour faire redémarrer la bourse, qui a abandonné tous ses gains de l’année et même plus.

Le Dow Jones Industrial Average (DJIA), principal indicateur de Wall Street, a terminé vendredi à son plus bas depuis le 28 novembre 2003, à 9.825,35 points, en hausse de 0,10% sur la semaine.

De son côté, l’indice composite de la bourse électronique Nasdaq (NASDAQ : actualité) a fini à son plus bas depuis un an, à 1.757,22 points (-1,11%) et l’indice Standard and Poor’s 500, plus représentatif de la tendance générale, a retrouvé son niveau du début décembre 2003 à 1.064,80 points (+0,08%). Le marché obligataire a progressé : le rendement de l’obligation du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, a baissé à 4,213% contre 4,217% vendredi dernier et celui de l’obligation à 30 ans à 5,007% contre 5,035%.

Le recul de la Bourse « est entièrement dû au ralentissement de l’économie », a déclaré Peter Cardillo, stratège de la maison de courtage SW Bach. « Les prix du pétrole continuent à tenir en otage l’économie et le marché boursier » a affirmé M. Cardillo.
Le baril de brut, en hausse de plus de 40% depuis son plus bas de l’année début février, évolue au dessus des 40 dollars depuis un mois. Vendredi, il a dépassé pour la première fois le niveau des 46 dollars, atteignant un record à 46,65 dollars avant de clôturer à 46,58 dollars.
La promesse mercredi de l’Arabie Saoudite de pomper plus de pétrole n’a pas suffi à rassurer le marché, inquiet de la fermeté de la demande alors que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) produit quasiment au maximum de ses capacités.
Ces craintes se répercutent sur le marché boursier, qui se résigne à un ralentissement de l’économie dans les mois à venir.

« Le marché a déjà pris en compte une croissance plus lente au 3e trimestre », a observé Peter Cardillo. La bourse a particulièrement été secouée ces derniers jours par des mauvaises nouvelles dans la high tech, bon reflet de la santé de l’économie en général. L’équipementier pour réseaux internet Cisco a fait des prévisions médiocres pour les mois à venir et le constructeur informatique Hewlett-Packard a lancé un sévère avertissement sur sa performance durant la deuxième moitié de l’exercice.

« Les chiffres économiques que nous avons vus ces derniers jours sont préoccupants », a renchéri Hugh Johnson, stratège de la banque First Albany. Il a cité notamment les ventes de détail, le déficit commercial, la confiance des consommateurs et les stocks des entreprises.
Les autres facteurs contre la bourse sont les relèvements des taux directeurs par la Réserve fédérale (Fed) pour contrer une menace d’inflation et les incertitudes suscitées par l’élection présidentielle en novembre aux Etats-Unis.

« A chaque fois qu’il paraît que (John) Kerry va gagner, la bourse prend un coup », a souligné Hugh Johnson.
« Je pense que les investisseurs veulent que (George W.) Bush soit réélu » car il maintiendra les avantages fiscaux sur les gains sur investissements et les dividendes, a-t-il noté.

La Réserve fédérale (Fed) a relevé mardi pour la deuxième fois consécutive son principal taux directeur, de 25 points de base à 1,50%. La banque centrale a pris acte que « la croissance s’est modérée au cours des derniers mois et que le rythme de l’amélioration sur le marché de l’emploi a ralenti ».
Elle s’est toutefois montrée confiante dans l’avenir, jugeant que l’économie est « à même de renouer avec un rythme d’expansion plus fort ». Selon Hugh Johnson, les chiffres de l’emploi pour août, qui seront publiés début septembre, vont « prendre une importance accrue » dans les jours à venir.

La semaine prochaine on attend la publication des mises en chantier, de l’inflation au détail, de la production industrielle et de l’indice composite des principaux indicateurs économiques.

Pour Peter Cardillo, le recul de la bourse n’est pas terminé. « On va probablement rester dans une marge étroite jusqu’à la mi-septembre. On peut baisser un peu, mais pas beaucoup plus et on ne va pas progresser beaucoup plus non plus », a estimé le stratège.
« Si nous voyons les prix du pétrole commencer à reculer, cela pourrait relancer le marché haussier », a estimé pour sa part Hugh Johnson pour qui la bourse est dans une phase de correction.

Le baril de pétrole dépasse 46 dollars pour la première fois
Les prix du pétrole ont atteint de nouveaux records vendredi avant le week-end, sur un marché tétanisé par une combinaison inhabituelle de risques menaçant la production mondiale, dont la violence en Irak et le référendum controversé au Venezuela. Le baril de brut à New York pour la livraison en septembre, a clôturé pour la première fois au-dessus de 46 dollars, atteignant 46,58 dollars, soit 1,08 dollar au-dessus du record de la veille. Il avait grimpé jusqu’à 46,65 dollars pendant la séance.

A Londres, le baril de Brent a dépassé les 43 dollars pour la première fois, clôturant à 43,88 dollars (+1,59 dollar) après un sommet en séance à 43,92 dollars.
« Les craintes sur l’offre en Irak et au Venezuela demeurent, et les problèmes de Ioukos ne sont pas résolus », remarque Keith Pascall, opérateur à la maison de courtage GNI-Man Financial.
Les violents combats opposant depuis neuf jours les miliciens chiites aux forces américaines à Najaf en Irak arrivent en tête sur la liste noire du marché pétrolier.
« Les investisseurs sont anxieux au sujet d’une possible détérioration de la situation en Irak au cours du week-end, ce qui explique les nouveaux records », indique Christopher Bellew, opérateur à la maison de courtage Prudential Bache.
« Le marché reste nerveux au sujet de l’Irak », renchérissent les analystes de la maison de courtage Sucden.
« La violence en Irak a accru l’inquiétude sur le risque de perturbation de la production mondiale, à un moment où la demande énergétique progresse au rythme le plus rapide depuis deux décennies », soulignent les experts de Sucden, notant au passage les faibles capacités excédentaires de production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

Autre sujet d’inquiétude, le risque de troubles au Venezuela à l’occasion du référendum dimanche sur l’éviction du président Hugo Chavez, que les partis d’opposition réclamaient depuis des mois.
« Il y a de réelles inquiétudes sur d’éventuelles grèves ou autres mouvements sociaux », observe M. Pascall, de GNI-Man Financial. « On dirait que l’élection va être serrée. Le parti perdant va probablement crier à la fraude et la situation va se détériorer. Il y a une réelle possibilité que la production soit affectée ou réduite en conséquence », souligne John Kilduff, analyste de Fimat. Le marché pétrolier redoute une répétition de la crise de décembre 2002 à février 2003, quand une grève générale déclenchée par l’opposition au président Chavez avait paralysé l’industrie pétrolière.

Le Venezuela, cinquième exportateur mondial, produit entre 2,5 et 2,6 millions de barils par jour (mbj) selon les analystes.
Le marché a par ailleurs minimisé l’impact de l’ouragan Charley sur la production du Golfe du Mexique, « maintenant qu’il s’est rapproché des côtes ».
« En fait depuis que (la tempête tropicale) Bonnie est passée, les plateformes sont repeuplées », note-t-il.
Selon John Kilduff, « le marché déborde encore d’élan et nous nous attendons à ce que les cours plafonnent à 48 dollars avant que le marché ne se détende »

Quel impact sur l’économie
algérienne ?

Actuellement, l’Algérie pompe à plein régime, soit une offre globale de 1 250 000 barils par jour. Une tarification élevée du baril est hautement bénéficiaire pour l’économie algérienne.
En réalité, c’est l’indexation du prix du gaz naturel sur celui du pétrole qui rend la situation avantageuse. Pour M. Nicolas Sarkis, expert en économie pétrolière et directeur de la revue spécialisée Pétrole et Gaz arabes, interrogé par le quotidien Liberté, « cette hausse sera très bénéfique pour l’Algérie qui est un pays exportateur d’hydrocarbures.
Mais cette hausse des prix aura des retombées essentiellement sur les prix du gaz naturel car les exportations de ce produit représentent une part importante. Autrement dit, la hausse des prix du pétrole se traduira par une hausse des revenus des exportations du gaz algérien ».
En termes de retombées financières, le maintien d’un niveau haut des prix sera interprété par une élévation des réserves de change.
Se situant, actuellement, à hauteur des 35 milliards de dollars, le ministre des Finances, M. Abdelatif Benachenhou, n’a pas exclu récemment, d’atteindre entre 39 et 40 milliards de dollars au terme de l’année 2004.

Source : La Nouvelle République