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La croissance de l’Algérie est-t-elle solide ?

lundi 29 mai 2006, par Souad

Depuis plusieurs années, l’Algérie accumule les records en terme de croissance économique et de rentrées en devises étrangères, mais la dépendance du pays vis-à-vis des exportations en hydro-carbures invite à se poser de vraies questions sur la réalité des chiffres.

La faiblesse des exportations hors hydro-carbures de l’Algérie inquiètent les experts économiques.

Les chiffres de la croissance en Algérie cachent en fait une tout autre réalité. Les invités du forum des débats d’El Watan consacré la semaine dernière au thème " Aux sources des contre-performances de l’économie nationale " ont apporté des éléments de réponse. A regarder de plus près, la croissance algérienne est " artificielle " pour reprendre le terme de Smaïl Goumeziane, économiste enseignant à l’université Paris-IX Dauphine. Une croissance tirée principalement par les recettes des hydrocarbures et la fiscalité pétrolière correspondante.

Pays de plus en plus monoexportateur, l’Algérie, souligne l’économiste, " bénéficie grandement de l’inflation externe qui sévit sur les marchés pétroliers internationaux ". Atteignant aujourd’hui près de 46 milliards de dollars de recettes, les hydrocarbures représentent désormais plus de 45% du PIB. Et c’est là où réside tout le problème pour le chercheur. Le secteur des hydrocarbures voit sa croissance, indique-t-il, exploser à plus de 39% " mais son fleuron, Sonatrach doit se résoudre à partager les revenus correspondants avec les concurrents étrangers prospectant et produisant dans le Sahara ".

Cette année, nous apprend-il, 4 à 5 milliards de dollars sont transférés hors d’Algérie par ces compagnies et la tendance devrait s’accélérer avec l’adoption de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Un transfère de bénéfices qui n’est pas sans incidences sur l’économie nationale. Une crainte que partage Hamid Ait-Amara, économiste, enseignant chercheur à l’Université d’Alger, qui estime que " les profits exportés peuvent à terme menacer l’équilibre des comptes extérieurs ". Il citera à ce sujet un rapport 2005 de l’ONU sur les investissements directs étrangers (IDE) qui met en garde en indiquant que " les entrées de capitaux peuvent procurer des avantages, mais l’ampleur des sorties ultérieures des bénéfices dégagés par l’investissement peut être considérable ".

Dans bien des pays, fait remarquer M. Ait Amara, l’ampleur des transferts de profits dépasse l’entrée des capitaux au point même où l’IDE a remplacé la dette. D’où l’intérêt des pays comme l’Algérie, recommande-t-il, " de sélectionner les IDE qu’ils souhaitent recevoir, d’en mesurer les effets attendus, de déterminer les critères de choix de ces investissements". Trois secteurs profitent conjoncturellement de la croissance pétrolière, souligne M. Goumeziane. En premier lieu, le secteur des hydrocarbures lui-même, qui draine l’essentiel des flux d’investissements. En second lieu, le secteur des travaux publics et des transports engagés dans un vaste programme de développement infrastructurel (routes, voies ferrées, logements).

Synthèse de Souad, algerie-dz.com
D’après El Watan