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La réforme de la justice en Algérie piétine

dimanche 30 mars 2008, par Kahina

Le processus de réforme de la justice en Algérie reste lent et beaucoup d’Algériens ne font plus confiance à la justice algérienne.

La justice en Algérie.

« Plus de 80% des citoyens algériens sont mécontents de la justice en Algérie » Les propos proviennent du nouveau bâtonnier d’Alger, Me Silini Abdelmadjid. En effet, les journalistes présents hier au centre de presse d’El Moudjahid ont assisté à un véritable réquisitoire qu’a lancé Me Silini. Invité pour présenter les priorités de son nouveau mandat, le bâtonnier d’Alger a dressé un tableau noir de la justice algérienne. « Notre justice n’est pas indépendante, les juges du fond ne sont pas libres, les magistrats ne sont pas indépendants, le ministère public décide [...]. » C’est en ces termes durs que l’invité d’El Moudjahid a qualifié la justice algérienne, allant jusqu’à affirmer qu’à l’époque du parti unique « la justice était indépendante et le juge d’instruction était libre ». Pis, le bâtonnier d’Alger a affirmé que l’Algérie est loin de l’Egypte, « un pays où la justice est indépendante ». La justice algérienne, a souligné l’orateur, a commencé à dériver durant la décennie de braise. « Très souvent, de peur, le magistrat décide de mettre un citoyen en prison », a déploré Me Silini.

Par ailleurs, le conférencier s’est insurgé contre les juges d’instruction qui ne font que reprendre les procès-verbaux de la police ou de la gendarmerie en Algérie. « Le juge d’instruction fonctionne par injonction de la tutelle. C’est l’ingérence de la hiérarchisation sur la mécanique judiciaire », a souligné Me Silini. Affirmant que les magistrats ont perdu leur indépendance de décision, Me Silini a suggéré l’élection du président du tribunal par les magistrats au lieu de sa désignation. Au sujet de la réforme de la justice en Algérie, le bâtonnier d’Alger a reconnu que « le président de la République a une volonté réelle et une conviction profonde de réussir ce chantier », avant de préciser que la réforme ne doit pas se limiter à la construction de nouveaux tribunaux ou aux travaux de réfection qui s’opèrent au niveau des cours. Evoquant la profession d’avocat, Me Silini a déploré le manque terrible de formation et la moralité de la profession qui a subi un véritable coup. L’avocat a déclaré ne pas comprendre comment peut-on gérer les 4 300 avocats du barreau d’Alger avec 12 fonctionnaires ! « Avec les seules cotisations des avocats, le bâtonnat est incapable de prendre en charge la formation des avocats. Il nous faut au moins 60 cadres pour prendre en charge ce domaine », a déclaré Me Silini.

Synthèse de Kahina, www.algerie-dz.com
D’après La Tribune