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Le Festival de Cannes 2005 décolle

lundi 16 mai 2005, par nassim

Le côté obscur de la Force, l’argument central du troisième et dernier épisode "Star Wars : La revanche des Sith", a largement marqué les esprits au Festival de Cannes 2005 qui arrive à mi-parcours dans l’attente des grosses productions programmées pour la deuxième semaine.

Les stars du cinéma au coeur du Festival de Cannes 2005.

Lars von Trier et David Cronenberg ont livré lundi leur production et l’on attend encore Wim Wenders, Jim Jarmusch, les frères Dardenne ou encore "Sin City" de Robert Rodriguez. Dans l’édition quotidienne de Variety, l’éditorialiste Todd McCarthy remarque qu’"après un démarrage poussif, le Festival de Cannes a pris ses marques ce week-end avec des films en compétition qui au moins donnent du grain à moudre aux festivaliers". "Caché", le long métrage du cinéaste autrichien Michael Haneke, a nettement la préférence de la presse internationale pour la Palme, suivant le "jury international" publié quotidiennement par la revue Screen International.

La seule critique française est un peu plus partagée, au vu du classement publié tous les jours également par Le Film Français. "Caché" reste en bonne place mais est talonné par "Last Days", du réalisateur américain Gus Van Sant, tandis que "Batalla en el cielo", du Mexicain Carlos Reygadas a à l’évidence ses partisans farouches mais aussi ses ardents détracteurs.

Vingt-et-un films sont en lice cette année dans un festival que son président Gilles, Jacob, avait annoncé "mémorable". Ces longs métrages sont complétés par une trentaine d’autres films figurant hors compétition ou dans la section non compétitive Un Certain Regard : soit un peu plus de 50 films sur les 1.540 provenant de 97 pays qu’auront vus les comités de sélection du festival.

WOODY ALLEN ET STAR WARS EN EXERGUE

Avant l’ouverture de la manifestation, le délégué artistique Thierry Frémaux avait expliqué que ce festival serait celui du "cinéma d’auteur", alors que la précédente édition était celle d’"un certain éclectisme". Dans les faits, les films qui ont peut-être suscité le plus d’engouement, en tout cas le plus d’affluence autour des marches du palais, sont tous deux hors compétition : "Match Point", de Woody Allen, montré jeudi, et "Star Wars : Episode III - La revanche des Sith", de George Lucas, dont l’avant-première mondiale a eu lieu dimanche.

Au point, relève Variety, que certains ont le sentiment que si Woody Allen avait daigné pour une fois présenter un film en compétition, il ne serait pas reparti les mains vides. L’ouverture était assurée cette année par un film français, qui plus est en compétition, ce qui est rare. "Lemming", de Dominik Moll, peut-être plus abouti encore qu’"Harry un ami qui vous veut du bien" et tout aussi étrange, n’est pourtant pas parvenu à recréer la bonne surprise de ce dernier montré cinq ans plus tôt sur la Croisette.

Au rang des films honorables mais pas inoubliables on peut ranger "Kilomètre zéro", vision personnelle de la situation irakienne du cinéaste kurde engagé Hiner Saleem, "Bashing", sur l’intolérable traitement réservé au Japon à d’ex-otages du Moyen-Orient, du Japonais Masahiro Kobayashi, et "Une fois que tu es né", initiation à l’âge adulte d’un jeune garçon sur fond d’immigration, de l’Italien Marco Tullio Giordana.

"Election", film de triade du Chinois Johnny To, a laissé froid, surtout la presse française, et "Where the Truth Lies", dans lequel Atom Egoyan promène un regard d’un classicisme lourd sur les dessous du spectacle aux Etats-Unis à la fin des années 50, n’a pas convaincu grand monde. "Caché", démonstration obsédante sur la culpabilité de Haneke, se détache donc sans mal, suivi par "Last Days", vision du cinéaste de Portland sur les derniers jours d’un musicien librement inspirée de Kurt Cobain.

"Manderlay’", de Lars von Trier, suite de son "Dogville" snobé à Cannes en 2003, suscite des réactions très partagées, tandis que "A History of Violence" prouve qu’un film de David Cronenberg est plus que jamais synonyme de perplexité.

Par Wilfrid Exbrayat, reuters.fr