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Le GSPC passe aux actes de sabotage en Algérie

lundi 28 juin 2004, par Hassiba

Beaucoup d’observateurs l’avaient prédit : les pertes subies par le GSPC ces dernières semaines, notamment en Kabylie, où beaucoup de ses éléments ont été éliminés par les forces combinées de l’ANP allaient inéluctablement, c’est du reste de tradition chez les organisations terroristes, donner lieu à des “ripostes”.

Et le constat établi aujourd’hui semble accréditer cette thèse. Mais, au-delà du souci du GSPC d’entretenir la nuisance avec son corollaire de “bruit médiatique”, loin cependant de révéler ses véritables capacités, il y a lieu sans doute de relever qu’il semble opter aujourd’hui pour une nouvelle stratégie : cibler les infrastructures stratégiques et sensibles. Après l’attentat, qui a visé la semaine dernière la centrale électrique du Hamma, dont beaucoup d’indices traduisent qu’il a été l’œuvre des terroristes, mais que les autorités, avec un art consommé, ont réussi à “étouffer dans l’œuf”, c’est au tour des pylônes de transport d’énergie électrique d’être la cible des sbires du sinistre Hassan Hattab.

Dans la nuit de vendredi à samedi, aux alentours de 1 heure du matin, au lieu-dit N’chir dans la périphérie de Merzouga à quelque 5 Km au Sud de Boudouaou, un poteau de THT (très haute tension, 220 000V) a été saboté par les terroristes. Planté au milieu d’un vaste verger d’orangers et de néfliers, portant le numéro 102, le poteau, un des maillons des transporteurs d’énergie depuis la centrale de Cap Djinet vers Alger, a été scié à l’aide d’une scie à métaux, selon les explications d’un employé de la Sonelgaz rencontré sur les lieux. Mais personne parmi la population locale ne semble être au courant ni du sabotage, encore moins du nombre et de l’identité des auteurs du “forfait”. “J’habite à trois kilomètres d’ici. Ce n’est qu’une fois arrivé le lendemain dans la matinée que j’ai constaté le dégât”, explique le propriétaire du verger, un sexagénaire. “Vous voyez bien que ce n’est pas facile de repérer quelqu’un la nuit dans ce verger. D’ailleurs, c’est pour la troisième fois que ce poteau a été saboté”, explique t-il. Hier encore, les employés de la Sonelgaz, sous l’œil vigilant d’une escouade de militaires, s’affairaient à remettre sur pied “l’énorme colosse” de fer. Selon certains témoignages, il y aurait en tout 4 poteaux qui auraient été sabotés dont trois dans la périphérie de Tidjellabine.

Mais le GSPC ne s’attaque pas uniquement aux transporteurs d’énergie électrique. Au douar Belakrouf, dans la commune de Legata, à 14 Km au Nord de Bordj Ménaïel, une unité d’œufs de consommation (EOC) dépendant du groupe ORAC (Office régional avicole du Centre) a été complètement incendiée dans la nuit de vendredi à samedi aux alentours de 21 heures par un groupe terroriste composé d’une trentaine d’éléments, selon des témoins. “Ils ont coupé l’alarme, kidnappé les surveillants avant de brûler à l’aide d’essence le groupe électrogène, le bloc administratif, la chambre froide et l’armoire de commande d’aération, de ventilation de système d’alimentation et du raclage”, raconte un témoin sous le sceau de l’anonymat. Établie sur une superficie de près de 4 hectares, cette unité, dont le matériel est importé d’Italie, emploie 55 personnes et produit 3 200 plateaux par jour pour un cheptel de 120 000 pondeuses. Avant de prendre la poudre d’escampette, les terroristes ont subtilisé des micro-ordinateurs, des motopompes, des chignoles et un tracteur, ajoute notre interlocuteur. Visiblement désemparés, les travailleurs de l’unité constataient hier, comme frappés par la malédiction, les dégâts. Beaucoup de sujets, un vocable utilisé pour désigner les poulets, gisaient encore au sol. “Mais ne dites pas que c’est nous qui avons raconté, car on risque des représailles. Ils peuvent revenir car ils sont déjà passés en janvier dernier”, ajoute notre interlocuteur. Par ailleurs, un GLD de la même localité a été délesté de son arme. C’est dire que les éléments du GSPC semblent, outre évoluer sur un terrain aisé, s’attaquer désormais aux entités économiques et aux sites sensibles. En somme, passer à la politique de la terre brûlée.

Par Karim Kébir, Liberté