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Le Maroc des tabous

mercredi 13 juillet 2005, par Ahlem

Le Maroc est connu pour être le beau pays aux belles villes touristiques (Marrakech, Fes, Meknes et Agadir) et à la population chaleureuse, mais le royaume lui, est une patrie où les journalistes sont invités à éviter certains sujets qui fâchent sous peine de lourdes sanctions.

Ali Lmrabet a été interdit d’exercer son métier pour s’être opposé à la position officielle du Maroc sur le Sahara Occidental.

Un rapport de Reporters sans frontières datant d’avril 2005, relève la recrudescence des restrictions de la liberté de la presse au Maroc, où quatre affaires emblématiques ont illustré les sujets particulièrement sensibles que les journalistes ne peuvent couvrir sous peine d’en subir les conséquences.

« Les journalistes marocains sont libres d’exercer leur métier tant qu’ils ne dépassent pas les lignes rouges tracées par le Palais royal, a déclaré l’organisation. Trois sujets tabous principaux se dégagent des récentes affaires en cours : les affaires internes du Palais, la question du Sahara occidental et les différents trafics dans lesquels sont parfois impliqués de hauts responsables du Royaume. Dans ce contexte, les journalistes qui ne pratiquent pas l’autocensure sont lourdement châtiés. Alors qu’en 2004, les autorités marocaines avaient montré quelques signes encourageants pour la liberté de la presse, elles reviennent aujourd’hui en arrière en choisissant clairement une politique de mise au pas. Nous demandons premièrement que cesse l’instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix discordantes, deuxièmement que la justice retrouve et punisse les agresseurs du journaliste Abderrahmane Bensfaia, et enfin que le Palais cesse de faire preuve d’une irritabilité extrême, dont la traduction la plus fréquente est la menace. »

RSF ajoute que le 12 avril 2005, le tribunal de première instance de Rabat a condamné Ali Lmrabet à dix ans d’interdiction d’exercer le métier de journaliste et à une amende de 50 000 dirhams (environ 4 500 euros) pour diffamation suite à ses déclarations controversées sur la question des Sahraouis de Tindouf.

Reporters sans frontières cite aussi le cas de Abderrahmane Bensfaia qui préparait un dossier sur le tourisme, notamment le tourisme sexuel. Le journaliste, qui a reçu des coups de pied et des gifles, a déposé plainte le jour même. M. Bensfaia a indiqué que l’enquête piétinait puisque les autorités n’avaient toujours pas convoqué la partie adverse.

Des trois sujets tabous relevés par RSF, les affaires internes du Palais Royal et la question du Sahara occidental semblent les plus sensibles. Officiellement, le Maroc prétend qu’il œuvre pour un règlement politique et pacifique de la question sahraoui dans le cadre de l’ONU, mais sur le terrain, les pratiques des autorités marocaines contredisent les déclarations officielles. La répression des manifestations à Laâyoune et les pressions exercées sur les journalistes opposés à la position officielle, démontrent si besoin est, le double langage en vigueur chez les officiels marocains.

 Consulter le rapport RSF : http://www.rsf.org/article.php3?id_article=13194

Ahlem, algerie-dz.com