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Le crédit automobile a fait vendre 120 000 véhicules neufs en 2004

mercredi 12 janvier 2005, par Hassiba

Tant attendue par les consommateurs algériens, la généralisation du crédit auto depuis quelques années a permis au marché de l’automobile en Algérie de connaître une nette progression.

Pour la seule année 2004, pas moins de 120 000 véhicules neufs ont été commercialisés par l’ensemble des concessionnaires installés dans notre pays, précise-t-on, grâce notamment à ce mode de paiement. Plusieurs familles au revenu moyen ont pu ainsi se doter d’un véhicule et résoudre enfin le problème de transport et ses ennuis quotidiens. Pour celles qui ne l’ont pas encore fait, la décision prise par la CNEP met fin, du moins momentanément, à cette possibilité.

Une annulation et beaucoup de déception
En effet, la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance (CNEP-Banque) vient de prendre la décision de suspendre le crédit véhicule au grand dam de ceux et celles qui avaient l’intention d’en demander. Les raisons invoquées par les responsables de l’établissement bancaire concerné n’ont pas convaincu beaucoup de personnes qui ont exprimé leur surprise quant à une telle décision.

Heureusement, d’autres banques, publiques et privées, telles que le CPA, El Baraka ou la Société Générale n’ont pas été tentées par une telle décision et maintiennent toujours leurs offres, bien que moins intéressantes par rapport à la CNEP, puisque le taux d’intérêt avoisine les 8%. Grâce aux taux d’intérêt de 6,5% pour les épargnants et de 7,75 pour les non-épargnants que la CNEP a pratiqués, plus de 56 000 crédits ont été octroyés depuis 2001. Plus de 80% des crédits auto ont été assurés par cette banque.

Selon M. Saïd Karim, sous-directeur du service marketing et commercial à Al Baraka Bank, cette dernière a été « le premier établissement bancaire à lancer le crédit automobile en février 2001 ». Et, automatiquement, la décision de la CNEP-Banque est considérée à sa juste valeur d’opportunité chez Al Baraka Bank, dont les crédits accordés à ce jour ont profité à 12 500 clients. « Nous comptons atteindre les 25 000 dossiers à la fin de l’année 2005, avec ou sans la CNEP », annonce M. Saïd Karim, reconnaissant toutefois que la disparition du leader de la formule du circuit va constituer un atout de plus pour atteindre ce seuil. « C’est sûr qu’on va récupérer une part du marché de la CNEP. Toutefois, il s’agit de savoir exploiter cette opportunité en améliorant nos prestations », explique le responsable du service marketing et commercial chez Al Baraka Bank, comptant, entre autres, sur des mécanismes plus solides et plus fiables pour améliorer le crédit automobile, dont « des compagnies d’assurances de premier rang qui puissent nous couvrir sur des enveloppes plus conséquentes ».

Le crédit automobile au mérite incontesté
Côté consommateurs, il faut dire que le crédit auto le plus connu des citoyens est celui de la CNEP en raison des avantages qu’il présente. Avec sa suppression, la déception était totale. « J’ai pu économiser un peu d’argent qui me permettra de souscrire à un crédit à la CNEP pour acheter, enfin, un petit véhicule, mais avec cette décision de suspendre la formule, je crois qu’il va falloir attendre encore plus longtemps », dira un cadre dans une entreprise nationale.

Pour d’autres personnes, le recours à la solution « du moins de trois ans » n’est pas à exclure, même si la formule existe toujours chez d’autres banques, mais avec des avantages moins attrayants. Pour les concessionnaires présents sur ce marché et dont une bonne part des ventes doit ses volumes à l’achat par crédit, notamment celui proposé par la CNEP-Banque, il faut dire que le crédit automobile a réussi à concourir remarquablement à l’essor de leur part de marché.

Tout en reconnaissant « le mérite du crédit automobile », Renault Algérie pense que sa suspension « va sûrement entraîner des modifications en matière de vente ». Le groupe, qui vient de terminer l’année 2004 avec 24 500 véhicules écoulés dont 35% sont dus au crédit automobile, souhaite toutefois que les rangs des autres banques intervenant dans le créneau, dont Al Baraka, Housing Bank et Société Générale se renforcent par l’arrivée d’autres organismes du genre. Chez l’autre constructeur français, en l’occurrence Peugeot, la chargée de la communication, Mlle Azzi, explique que ses responsables « préfèrent ne pas se prononcer sur le sujet pour l’instant, d’autant qu’ils n’ont été destinataires d’aucune correspondance officielle de la part de la direction générale de la CNEP. Ce sont trois agences CNEP de l’intérieur du pays qui nous ont transmis des correspondances pour nous aviser de leur décision de suspendre la formule crédit ».

Les ventes pour l’année 2004 de Peugeot Algérie, notons-le, ont connu une nouvelle hausse, avec un record de 21 000 véhicules commercialisés (+17% par rapport à 2003). Le concessionnaire risque, à l’image des autres, de faire avec un manque à gagner dû à la suspension du crédit CNEP-Banque. Une formule qui aura permis à la marque au lion d’écouler 3 430 véhicules en 2004, soit 16% des ventes globales.Chez Ival, représentant de la marque italienne FIAT, la décision de la CNEP-Banque semble tout simplement avoir eu un effet dévastateur. Et pour cause, le crédit CNEP-Banque représente 40% du volume des ventes réalisées par ce concessionnaire depuis qu’il a repris FIAT en juin dernier. Ival, qui, selon son PDG M. Baïri, a déjà vendu 3 000 véhicules depuis juin dernier, risque de perdre une grande partie des ventes réalisées grâce au crédit CNEP-Banque.

Pour M. Hamoutene, PDG adjoint chez Kia Motors Algérie, il est regrettable que la CNEP prenne une telle décision, d’autant que « c’est grâce à cette formule que les choses ont bougé et que le marché du véhicule neuf a fait d’immenses progrès ». Il affirme, par ailleurs, qu’il est très probable que cette décision « régénère le marché de l’occasion et conforte la loi autorisant l’importation des véhicules de moins de trois ans ».

Par Lyes Malki, La Tribune