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Le nouvel album de Matoub piraté à Tizi Ouzou

mardi 26 décembre 2006, par Rédaction

Le nouvel album du défunt Lounès Matoub, interdit en Algérie par l’ONDA suite à l’opposition d’un éditeur, semble disponible à Tizi Ouzou où des copies pirates sont vendues par centaines.

Lounès Matoub

Le produit artistique est cédé à 150 dinars chez plusieurs disquaires de la ville des genêts et se vend comme des petits pains, avons-nous constaté mercredi suite à une tournée dans les différents points de vente. Un vendeur qui tient à garder l’anonymat a indiqué qu’à lui seul, il a écoulé 2000 copies du nouvel album de Lounès Matoub qui contient des chansons enregistrées le 17 janvier 1998, lors du dernier concert du Rebelle animé au zénith de Paris devant des dizaines de milliers de spectateurs. L’album en question contient en outre deux préludes inédits, l’un pour la chanson Tighri N’ Tadjalt (Le cri de la veuve) et un deuxième pour la chanson d’amour intitulée Tatut, L’oubli.

Parmi les chansons de cet album, on peut aussi citer L’hymne à Boudiaf et l’hommage à Tahar Djaout ainsi qu’aux victimes du terrorisme, sorti dans une première version en 1994, juste avant le kidnapping de Matoub Lounès par un groupe armé à Takhoukht dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les fans de Matoub peuvent écouter de nouvelles versions des chansons : Asirem, Les montagnes, ma vie, Le chemin obstrué, Monsieur le Président, La gifle, Kenza, Le vent de la liberté, Epreuves de la révolution, Point de vapeurs, Les pèlerins, Allah Wakbar, Le Chanvre, Ton retour, Les orphelins, Lettre ouverte, L’ami fidèle, Les malfaisants et Jour de fête.

Dommage que les fans de Matoub de la région de Kabylie ne trouveront pas le carnet où sont traduits les principaux poèmes du Rebelle mais surtout la très remarquable présentation de Yalla Seddiki. « Démocrate incorruptible, grand artiste, plus qu’aucun autre, Lounès Matoub a incarné jusqu’au tragique la jonction entre les promesses émancipatrices de l’art et la vie soumise à la domination. Plus qu’aucun autre, il a incarné, parce qu’il en a subi la morsure dans son esprit et dans sa chair, la soif d’absolu et le désespoir le plus singulier. Plus qu’aucun autre, il a incarné la dignité et les aspirations à la démocratie du peuple amazigh sans jamais se départir d’une critique violente de la dictature militaire, de l’aliénation religieuse et des dimensions arriérées de la société kabyle.

Les maux concrets, les complications, les mutilations qui sont les conséquences de son engagement sans retour dans la lutte, tout en accroissant la fascination que Lounès Matoub exerce sur les kabyles, amplifie la solitude de celui qui assistera au jour le jour à la décomposition de son être physique en même temps que son espace physique s’élargit, comme l’atteste l’amélioration permanente de sa poésie et de son chant. Rien ne me semble mieux exprimer la souffrance si particulière à Lounès Matoub, et en même temps si émotive pour nous que les poèmes non exclusivement politiques du disque Au nom de tous les miens... », écrit en substance Yalla Seddiki, dans sa présentation de ce produit posthume.

Synthèse de Mourad, algerie-dz.com
D’après la Dépêche de Kabylie