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"Le rebelle" sur les traces du poète kabyle Si Muhand u M’hand

samedi 2 octobre 2004, par nassim

Le film "Le Rebelle" retraçant la vie du poète errant Si Muhand u M’hand a été projeté à la salle Ibn-Zeydoun de Ryadh El Feth et à la Maison de culture de Tizi Ouzou et de Béjaïa.

Après des péripéties et entraves liées à son financement et autres tracasseries. Le film coréalisé par Rachid Ben Allel et Yazid Khodja est inspiré du livre de Younès Adli, Si Mohand u M’hand, errance et révolte. Yazid Khodja a aussi signé le scénario et le dialogue.

Le film relate donc la vie intense de Si Muhand u M’hand, qui a vécu des évènements douloureux comme la répression par le colonialisme, des révolutions qui ont éclaté dans la région comme celle de Fatma n’Soumer et Boubelgha entre 1853 et 1857, la révolution d’El Mokrani en 1871, sans oublier le châtiment collectif infligé aux populations qui ont soutenu ces révolutions d’abord en Kabylie, ensuite dans certaines villes algériennes où il a séjourné. Le réalisateur a tenté de reconstituer fidèlement l’époque déjà par le choix du décor et des lieux où a vécu le poète, puis par le choix minutieux des costumes confectionnés après des recherches par Mme Fatiha Soufi, qui estime que les costumes de la région des Aurès et ceux de la Kabylie étaient identiques jusqu’au XIXe siècle. Les premières scènes du film montrent un jeune homme, Si Muhand u M’hand (interprété par Fodil Hamla), dans le village d’Ichrayouan, sur les hauteurs de Larbâa Nath Irathen, en train de faire une cour assidue à sa bien-aimée Yamina, près d’une source. Le rêve se transforme vite en cauchemar lorsque, apprenant le soutien des jeunes du village à la révolution d’EL Mokrani, les autorités françaises répriment le soulèvement, attaquent le village, tuent le père de Si Muhand u M’hand, réquisitionnent les biens des villageois.

Le poète vit intensément ces douloureux événements et pleure la mort de sa bien-aimée dans un poème poignant.
Sa famille s’étant exilée en Tunisie, le poète mène alors une vie d’errance, habité par le souvenir de la mort et de la destruction. Il est fait référence dans le film à la légende populaire selon laquelle Si Mohand u M’hand est né d’un pacte avec un ange. “Parle et je ferai les vers, ou fais les vers et je parlerai.” “Je parlerai”, répondit le poète. Depuis, il ne répondit alors plus aux gens que par des vers. Il exerça divers métiers dans différentes villes comme Annaba, écrivain public, ouvrier dans une carrière ou employé dans des restaurants européens. Le scénario a mis en évidence les grands évènements qui ont marqué la vie du poète comme sa fréquentation de la zaouïa Rahmania où il fit son apprentissage.

Des années passent et le poète suit sa voie faite d’errance et d’instabilité. A l’age adulte (rôle interprété par Dahmane Adrous), il retourne en Kabylie où il rencontre le sage Si Mohand Oulhocine. Il mourut à l’hôpital des Sœurs chrétiennes à Michelet des suites d’une gangrène. Le poète Si Muhand u M’hand, dont la date de naissance est présumée entre 1840 et 1845, est décédé le 28 décembre 1905 dans la ville de Michelet. Adulé et respecté, Si Muhand u M’hand a légué à la postérité des poèmes d’une richesse inestimable transmis de génération en génération par voie orale.

Source : Liberté