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Le yennayer chinois

mercredi 12 janvier 2005, par Hassiba

Il fut un temps où les arbres prophétisaient en silence et les vaches paissaient dans les champs verdoyants de l’intemporel.

Il fut un temps où l’on fêtait Yennayer comme la promesse de temps nouveaux et où l’on saluait les saisons pour ce qu’elles étaient, de simples changements cosmiques qui influent sur les hommes et leurs récoltes. Mais depuis les superpositions culturelles, l’Algérie s’est retrouvée empêtrée dans des débats de calendrier, ne sachant plus à quel temps elle appartient : au XVIe siècle, au troisième millénaire ou à l’an 2500 quelque chose du GMT amazigh ?

Le 31 décembre dernier, des islamistes ont cru bon déposer des menaces dans les boîtes aux lettres, avertissant les épris d’authenticité que ce jour est une fête occidentale. La boîte aux lettres étant elle-même une invention occidentale, du moins dans sa forme actuelle, on voit bien toute la contradiction à sa base. Que faut-il fêter quand on n’a pas de temps propre ? Si les Algériens étaient des Coréens et qu’ils ne pensaient qu’à travailler, on pourrait supprimer quelques fêtes pour ne pas affecter l’économie. Ce n’est pas le cas.

Entre le 31 décembre, le 1er mouharram et Yennayer, toutes les fêtes devraient donc être permises. Yennayer, jour férié, pourquoi pas ? L’Algérie dépendant du pétrole et non pas de sa force de travail, saluons les fêtes chiites et juives, les fêtes animistes de l’Afrique noire et celles des chamans de Sibérie.

Car l’Algérie a quelque chose d’universel en ce sens qu’elle ne sait pas à quel ensemble elle appartient. Les Arabes prennent les Algériens pour des barbares, les Européens les prennent pour des Arabes, les Africains pour des Blancs et les Méditerranéens pour des musulmans, alors qu’ils ne sont peut-être que des Chnawas expulsés de Chine il y a 5000 ans à la suite d’une manifestation pour des logements.

Le nouvel an chinois, c’est quand ?

Par Chawki Amari, El Watan