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Les aârouch : « C’est une manoeuvre du Président »

Ouyahia relance l’invitation au mouvement citoyen de Kabylie

jeudi 18 mars 2004, par Hassiba

Les rapports entre le gouvernement et le mouvement citoyen viennent de connaître un nouveau rebondissement. Hier, le chef de l’Exécutif a affirmé dans un communiqué rendu public avoir adressé une invitation au mouvement citoyen de Kabylie afin de « reprendre le dialogue en vue de la mise en uvre de la plate-forme d’El Kseur.

Dans le même document, il informe que les animateurs des aârouch « ont répondu favorablement à cette invitation pour arrêter les actions à entreprendre pour sa rapide concrétisation ». « Trop belle l’annonce pour ne pas la prendre pour une manuvre », répliquent avec ironie les concernés. Ces derniers, par les voix de Belaïd Abrika et de Rachid Allouache, attestent « ne pas être au courant de la chose ». Ils dénient le droit à quiconque de se prononcer au nom des 24 membres délégués de l’interwilayas qui a mené déjà les négociations avec le Chef du gouvernement.

« La délégation, qui a pris langue avec Ouyahia, est dissoute et personne, en dehors de l’instance de l’interwilayas n’a le droit de se prononcer à ce sujet », lâche Belaïd Abrika, avant d’ajouter que « derrière cette démarche se cache une manuvre certaine ». Sur le même ton, Rachid Allouache, une des figures de la contestation de la Kabylie, abonde dans le même sens et affirme qu’« il ne pourrait y avoir de reprise de dialogue sans l’officialisation de la langue amazigh, point qui a constitué un blocage pour la poursuite des pourparlers entre le chef de l’Exécutif et le mouvement citoyen ». Autrement dit, si le pouvoir politique ne donne pas un signal fort pour officialiser la langue amazigh, les délégués des populations de la Kabylie ne reprendront pas le chemin du dialogue.

Concernant les appréhensions de manuvre évoquée par les deux représentants des aârouch précités, d’autres délégués sont convaincus que « cet agissement tend à préparer le terrain de la Kabylie pour le Président-candidat afin de mener campagne pour l’élection du 8 avril prochain ». « Rien ne se fera dans ce contexte et nous ne sommes pas disponibles à jouer les dindons de la farce après plus de trois ans de combat, surtout après avoir sondé la mauvaise foi de ce Pouvoir pourri avec l’échec du dialogue », précisent nos interlocuteurs du mouvement citoyen. Cela dit, dans le communiqué du gouvernement, Ahmed Ouyahia a réaffirmé « la détermination de l’Etat à mettre en uvre la plate-forme d’El Kseur en vue du dénouement définitif de la crise au bénéfice du renforcement de l’unité nationale et de la consolidation de la stabilité de l’Algérie et a pris acte de la déclaration du mouvement citoyen qui se présente comme un mouvement pacifique convaincu de la justesse de la politique du dialogue constructif ».

Un Pouvoir qui, selon ses propres termes, « décide de constitutionnaliser la langue tamazight comme langue nationale avec engagement de la promouvoir et de la développer pour en faciliter progressivement l’usage national ». Il rappelle à ce propos « les engagements de l’Etat réitérés par le Chef du gouvernement devant l’Apn et le Conseil de la nation, et confirmés en Conseil des ministres le 24 août 2003 ». « Ce ne sont que des mensonges », réplique-t-on tout simplement du côté du mouvement citoyen

Nadir Benseba , Le Matin