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Les faucons, ces décideurs de l’ombre

mardi 29 juin 2004, par Hassiba

Ils ont le statut officiel ou l’habit de conseiller, ils mènent le monde à leur guise.
On les appelle les faucons.

Il relève désormais, du secret de Polichinelle : la guerre déclarée à l’Irak, en mars 2003, aux noms de la “guerre contre le terrorisme international” et la “prévention contre les armes de destruction massive”, a été l’œuvre d’un cercle de décideurs restreint à Washington. Un groupe d’hommes symbolisé par un oiseau, un rapace puissant et rapide, le faucon en l’occurrence.

Ils ont conduit George Walker Bush, quarante-troisième président de la plus grande puissance que l’humanité n’ait jamais connue, à tresser une campagne punitive et stratégique à l’encontre d’un dictateur d’une rare espèce aux commandes d’un pays à la civilisation séculaire. Bush, l’alcoolo noceur, converti à la religion catholique de Jésus-Christ, a vite renoncé à la traque de l’introuvable Ben Laden, sombre chef terroriste en croisade contre l’“Occident impie”, pour se mettre sur la trace visible d’un Saddam Hussein rattrapé par l’implacable cours de l’histoire. Sous l’impulsion irréductible de ce cercle ombrageux, héritage bienveillant d’un père plus habile en matière d’affaires que de choses politiques, le Texan et son administration ont, sans attendre, exploité les attentats du 11 septembre (2001) pour finaliser leur assaut. Quelques minutes avant le crash des appareils d’American Airlines et de United Airlines sur les tours jumelles du World trade center (WTC), le conseil d’administration d’un groupe militaro-industriel, baptisé Carlyle, tenait sa réunion à New York. En son sein siégeait un représentant d’une famille saoudienne bien connue : Ben Laden. Y siègent également, une ancienne personnalité américaine, nommée James Baker.

Carlyle, présidé alors par Franc Carlucci, secrétaire à la défense de novembre 1987 à janvier 1989, possède des conseillers de tout premier ordre, à la tête desquels un certain George Bush, prédécesseur de Bill Clinton à la Maison-Blanche, géniteur de Walker, son successeur. Les Bush sont une dynastie pétrolière, intimement liés par les affaires au royaume wahhabite de la péninsule arabique. Et, alors que l’espace aérien américain était fermé, Bandar Ben Sultan, l’influent ambassadeur saoudien à Washington, obtient des autorités le transfert immédiat des Ben Laden hors du territoire. Le bourreau de l’hyper puissance, Oussama, ne saurait menacer les intérêts de son clan. Ni précipité la compromission de la famille texane. Carlyle entretient des relations professionnelles avec la Maison-Blanche, il est un des gros prestataires du gouvernement fédéral !

Exit Ben Laden. Dans la bouche de Paul Wolfovitz, alors adjoint de Donald Rumsfeld au Pentagone, un seul nom revient : Saddam Hussein. Déjà en 1991, au terme de la première guerre du Golfe, Wolfovitz était partisan d’un changement de régime à Bagdad. Inconvénient : les Américains, aux portes de Babylone, n’avaient pas trouvé de remplaçant pour le “raïs”. Selon nombre d’observateurs, cet ancien ambassadeur, spécialiste en relations internationales, montrait un acharnement démesuré contre Saddam. Pourtant, dans une vie antérieure, son supérieur tapissait dans le salon d’honneur d’un des palais de Bagdad pour serrer la main du dictateur. Rumsfeld n’a aucun remords. Dans le but de fédérer la majorité de l’opinion publique américaine, il a, entre autres, pansé la stratégie d’agression autour des armes de destruction massive (ADM). “L’absence de preuve, dira-t-il, n’est pas une preuve d’absence d’armes”. Mais le courage et l’intégrité des inspecteurs de l’ONU, à leur tête le Danois Hans Blix (auteur d’un livre sur le sujet, paru il y a quelques mois), ont démontré le contraire. Et le président Bush, lui-même, a fini par admettre qu’ “il n’y avait aucun lien entre Al Qaïda et Saddam Hussein”, se mettant ainsi en flagrante contradiction. Condoleezza Rice, sa conseillère à la sécurité nationale, avait déclaré en septembre 2002 que l’Irak avait “clairement des liens avec le terrorisme, y compris Al Qaïda”.

Entre 1989 et 1991, “Candy” était membre du Conseil national de sécurité (services de renseignements de la Maison-Blanche) dans l’Administration de Bush père. Reste qui ? Richard Cheney bien sûr, le fameux “Dick”. Dur parmi les durs, Dick abhorre le nom de Saddam Husseïn à qui il a déjà fait la guerre avec...George Bush. Pour accompagner le fils dans son règne, il a dû renoncer à la présidence de Halliburton, le numéro un mondial des services pétroliers. à ce lot, s’ajoute un ténébreux, Richard Perle, conseiller du président, conseiller auprès du Pentagone (avant sa démission en février 2004), ancien conseiller du Likoud (le parti au pouvoir en Israël). “Si nous n’avions pas agi, Saddam serait toujours une menace pour la sécurité du monde”, clame-t-il, aujourd’hui, encore.

Le 2 novembre prochain, les USA seront au rendez-vous de l’élection présidentielle. Les experts en politique américaine font ce constat : George Walker dispose, pour les besoins de sa campagne, d’une manne financière la plus élevée jamais détenue par un président en exercice. Il disposerait de près de 200 millions de dollars, contre seulement 15 millions pour son concurrent démocrate, John F. Kerry.

Par Lyès Bendaoud, liberte-algerie.com