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Naguib Mahfouz n’est plus

jeudi 31 août 2006, par Ahlem

L’égyptien Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature, est décédé hier à l’âge de 94 ans des suites d’une hémorragie causée par une chute accidentelle.

Naguib Mahfouz n’est plus.

« Venu au monde pour écrire », selon la formule d’un écrivain égyptien, Naguib Mahfouz est un vrai monument de littérature, un précurseur, un défricheur, celui chez qui les meilleurs écrivains de la génération actuelle ont puisé leur inspiration. Les hommages d’écrivains et d’hommes politiques se sont multipliés, hier, partout dans le monde, pour ce « pilier » et « monument » de la littérature arabe qui avait une passion totale mais très disciplinée pour l’écriture à laquelle il s’est adonné pendant près de 70 ans, tout en exerçant un travail de fonctionnaire.

Les obsèques de Naguib Mahfouz auront lieu, aujourd’hui, à la mosquée Al-Rashdan, dans le quartier de Madinet-Nasr, au Caire à laquelle pourrait assister Hosni Moubarak. Cet homme qui ne voyageait pratiquement jamais (il n’est pas allé à Stockholm pour la remise du Prix Nobel), car Le Caire lui suffisait, laisse une production prodigieuse d’une cinquantaine de romans et de nouvelles. Ce lecteur, passionné de tout, a traversé tout un pan tumultueux de l’histoire moderne de l’Egypte (et donc du monde arabe) dont il sera, à travers ses fictions, un des meilleurs chroniqueurs. Et où, il lui arrive de prendre des positions politiques qui lui seront reprochées comme son appui aux accords de Camp David. Mais ces prises de position d’un homme politiquement libéral n’ont pas d’incidences sur la popularité, immense, de ses romans.

La force des romans de Mahfouz est d’avoir fait de sa ville, Le Caire, un personnage total où les individus agissent en quête de salut et sont pris dans les rênes du temps et sont changés par lui. La publication en 1958-1959, sous forme de feuilleton, dans le journal Al-Ahram du livre « Aouled Haratna » (traduit en français sous le titre « Les fils de la Médina) suscite le courroux d’Al-Azhar qui n’admet pas la figuration de personnages prophétiques dans un roman allégorique qui défend la raison et la science contre la croyance et la foi. Beaucoup dans le monde arabe diront, pour une fois non sans raison, que Naguib Mahfouz est devenu un immortel. Difficile en effet d’aller au Caire, dans sa ville, sans voir et entendre en écho à ses romans, les ombres, les bruits, les cris, les chants, les larmes, les gestes de grandeur et les manifestations de sordide de ces centaines de personnages qu’il a créés ou recréés.

Synthèse de Ahlem, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran