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Plan contre la corruption à Sonelgaz

lundi 23 mai 2005, par nassim

Longtemps considérée comme un tabou, la corruption au sein de Sonelgaz a été officiellement dénoncée par le premier responsable de cette entreprise, qui a promis hier, lors de la nomination des 58 directeurs régionaux de la distribution (DRD), que la compagnie allait s’attaquer à ce « mal profond » qui ronge certains de ses agents.

La cérémonie d’installation des 58 DRD de Sonelgaz s’est déroulée à l’hôtel El-Djazaïr, en présence du ministre de l’Energie et des Mines. Cette étape ultime, avant le passage à la filialisation attendue pour janvier 2006, entre dans le cadre de la profonde réorganisation que connaît Sonelgaz depuis plus d’une année.

A l’instar des autres secteurs, la distribution a également subi des transformations qui ont commencé par la création en juillet 2004 de quatre directions générales de la distribution (Alger, Centre, Est et Ouest), puis par le passage de 48 centres de distribution à 58 DRD. La sélection des directeurs régionaux de la distribution s’est déroulée à travers un processus d’appel à candidature lancé le 1er mars dernier, dans lequel 162 candidats, dont deux femmes, ont postulé aux postes de DRD. Une seule femme figure parmi les 58 nouveaux nommés qui ont été retenus « sur la base d’un entretien et d’une grille d’évaluation préalablement établie ».

Le plus jeune des DRD a 32 ans et le plus âgé a 55 ans. Ils ont pour la plupart un diplôme universitaire : 52 ingénieurs (différentes spécialités), 3 licenciés (bac +4) en sciences exactes et en économie, et 3 cadres d’application.

Les directions régionales de la distribution bénéficient du système de délégation de pouvoirs. Elles sont autonomes dans leur gestion durant la phase transitoire précédant la filialisation. Cette démarche répond, selon les responsables de Sonelgaz, à une volonté de « clarifier les responsabilités, d’accélérer la prise de décision et d’améliorer la gestion ». Les 58 directeurs régionaux de la distribution nommés hier ont les pouvoirs de « représentation de la direction générale de la distribution à laquelle ils sont rattachés, d’engagement, d’ordonnancement et de gestion technique et commerciale ». Néanmoins, ces pouvoirs restent limités dans la mesure où les DRD ne peuvent, à titre d’exemple, procéder à l’acquisition ou l’aliénation de biens immobiliers, ni emprunter ou procéder à des transactions de litiges.

Dans son allocution, le PDG de Sonelgaz a passé en revue les différentes étapes et les objectifs de la réorganisation de la compagnie. S’adressant aux 58 directeurs régionaux de la distribution, il a tenu à rappeler ses « principales préoccupation qui ont trait, dit-il, à la sécurité professionnelle, à l’intégrité et à la probité morale ». Concernant le premier volet, M. Boutarfa estime que Sonelgaz doit faire en sorte que les différents métiers de la compagnie « soient exercés par des professionnels et que les promotions de complaisance aux postes de responsabilité soient bannies à tous les niveaux ». « Nous sommes, ajoute-t-il à ce sujet, totalement responsables lorsque nous confions la responsabilité d’intervention et de commandement à des agents n’ayant pas la qualification requise ». Pour lui, Sonelgaz ne doit plus « se contenter (d’établir) une statistique macabre », mais faire en sorte que des normes strictes soient appliquées pour l’accès à ce genre de poste.

Pour ce qui est du volet « intégrité morale », M. Boutarfa avoue publiquement que « trop de plaintes nous parviennent de notre clientèle et de nos sous-traitants sur des pratiques de corruption ».

Et d’ajouter : « Le client paie Sonelgaz pour le prix de son raccordement mais également une dîme à nos agents pour lui accélérer le devis et/ou les travaux. Les entreprises, ajoute-t-il, paient également une « chippa » (pot-de-vin, ndlr) pour obtenir le paiement de leurs factures ou pour faire accepter des malfaçons sur nos réseaux ou tout simplement pour se voir confier des travaux ». Il cite, à ce sujet, un rapport d’audit qui a révélé un mal profond qui doit être la priorité des tout nouveaux directeurs régionaux de la distribution, selon M. Boutarfa.

Par Mohamed Mehdi, quotidien-oran.com