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Profanation du Coran : doutes de Newsweek

lundi 16 mai 2005, par nassim

L’hebdomadaire américain Newsweek affirme qu’il y a possibilité d’erreur dans son article révélant la profanation du Coran par des soldats américains de la base de Guantanamo. Des ex-détenus britanniques témoignent quant à eux de la véracité de la révélation, qui, selon eux, était connu depuis plusieurs mois.

La profanation du Coran a déclenché la colère des musulmans.

A les écouter, les faits se seraient passés dans les prisons afghanes ou dans la base américaine de Guantanamo (Cuba). Il était "largement connu" qu’un soldat américain avait jeté un exemplaire du Coran dans un seau servant de WC dans la prison afghane de Kandahar, a ainsi affirmé Moazzam Begg, libéré de Guantanamo le 26 janvier. "A Bagram la même année (2002), j’ai vu plusieurs incidents qui ont provoqué la colère des détenus, dont le placement d’un Coran dans un endroit utilisé comme latrine", a-t-il précisé au site internet Cageprisoners.com. "Si Newsweek se rétracte, c’est vraiment stupide, tant de personnes disent la même chose, ce qui est étrange c’est que cette histoire ne sorte que maintenant alors qu’elle a pourtant été rapportée dans le détail il y a longtemps", a déclaré Moazzam Begg lundi à l’agence de presse britannique Press Association.

"Il y a des erreurs dans certaines parties de l’article" sur de possibles profanations du Coran par des soldats américains sur la base de Guantanamo à Cuba, avait déclaré dimanche le rédacteur en chef du magazine américain, Mark Whitaker. De violentes manifestations avaient éclaté en Afghanistan suite à la publication de cet article.

Au moins 14 personnes avaient été tuées et 120 autres blessées en Afghanistan lors de ces manifestations. Newsweek a exprimé sa "compassion aux victimes et aux soldats américains pris au milieu". La Maison Blanche a accusé Newsweek d’avoir nui à l’image des USA dans le monde. Une réprobation quasi-unanime s’est élevée au sein des responsables musulmans de plusieurs capitales arabes du monde, notamment venant du cheikh d’Al Azhar au Caire, Mohammed Sayed Tantaoui, qui a qualifié de "très grand crime" la profanation présumée d’exemplaires du Coran à Guantanamo.

"La publication de cet article dans l’édition de Newsweek du 9 mai 2005 a provoqué une très forte réaction populaire en Afghanistan, qui a donné l’occasion aux ennemis du pays d’orchestrer des violences et des destructions de bâtiments publics dans plusieurs provinces", regrette le porte-parole du président afghan. Il ajoute : "la reconnaissance de cette erreur par Newsweek est bienvenue car elle clarifie un sujet important et sensible pour tous les musulmans du monde".

Le 9 mai, dans un court article citant des sources non identifiées, le "news" américain avait fait état d’une enquête menée par des militaires américains devant prochainement faire état de profanations du Coran sur la base de Guantanamo. Des responsables d’interrogatoires de prisonniers soupçonnées d’activités terroristes auraient placé des exemplaire du Coran sur des toilettes. "Dans au moins un cas", ils auraient jeté un exemplaire du livre saint de l’islam dans la cuvette avant de tirer la chasse.

Selon le rédacteur en chef de Newsweek, après vérification auprès du "haut responsable" militaire américain qui avait fait état de cet incident, celui-ci s’était avéré moins certain de l’exactitude de ses souvenirs.

L’hebdomadaire précise que le porte-parole du Pentagone, Lawrence DiRita, a "explosé" lorsqu’il a été interrogé par un de ses journalistes sur la réponse de la source du journal. "Des gens sont morts à cause de ce qu’a dit ce fils de p... Comment peut-il encore être crédible ?" aurait-t-il lancé, selon le magazine.

"Des responsables de haut rang de l’administration américaine se sont engagés à continuer à examiner les accusations et nous ferons de même", précise le rédacteur en chef de "Newsweek". L’hebdomadaire cite ainsi l’avocat Mark Falkoff, qui défend certains des détenus de Guantanamo. Selon cette source, 23 prisonniers auraient tenté de se suicider en août 2003 parce que des gardiens auraient jeté une version du Coran par terre avant de la piétiner.

En attendant l’issue des enquêtes, les Etats-Unis n’ont pas oficiellement démenti les informations sur ces allégations.

Source : france3.fr