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Qui est Nicolas Sarkozy ?

dimanche 14 janvier 2007, par Bilal

Investi par l’UMP, Nicolas Sarkozy sera le candidat du parti majoritaire à l’élection présidentielle française de mai 2007.

Nicolas Sarkozy

Si les électeurs français le décident, le ministre de l’Intérieur et président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, pourrait devenir en mai, à 52 ans, le premier président de la République française d’origine immigrée. Ce descendant de hobereaux hongrois et de juifs de Salonique revendique volontiers, quitte à enjoliver la saga familiale, ce passé d’enfant d’immigrés, bien qu’il soit né à Paris le 28 janvier 1955 et n’ait jamais quitté les beaux quartiers. Ses parents, divorcés en 1960, ses frères, Guillaume le chef d’entreprise et François le médecin, et ses amis, ont gardé le souvenir d’un adolescent coléreux et bagarreur, complexé par sa relative petite taille et à la scolarité mouvementée.

Grâce à un grand-père maternel chirurgien, il n’a manqué de rien. Mais la politique, passion précoce, semble avoir toujours eu un goût de revanche pour cet avocat boulimique de pouvoir. "La politique n’était pas une tradition familiale. Tout, même, aurait dû m’en éloigner : je n’avais ni relations, ni fortune, je n’étais pas fonctionnaire et j’avais un nom qui, par sa consonance étrangère, en aurait convaincu plus d’un de se fondre dans l’anonymat plutôt que de s’exposer à la lumière", raconte Nicolas Sarkozy dans un de ses livres, "Témoignage". Aujourd’hui, même ses adversaires reconnaissent en lui un politicien redoutable. "L’homme ne manque ni d’idées, ni de force de conviction, ni de capacité de séduction. Son énergie, son culot, son aplomb (...) sa résistance à l’adversité sont légendaires", écrit de lui le socialiste Eric Besson.

Ces traits de caractère lui valent d’être l’homme politique de droite le plus populaire en France mais aussi de s’attirer des haines tenaces jusque dans son camp, après 33 ans de combats politiques dont il arbore les "cicatrices" comme des trophées. En 1975, un an après avoir poussé la porte de la permanence de l’UDR, parti gaulliste ancêtre du RPR et de l’UMP, à Neuilly, Nicolas Sarkozy prononce son premier grand discours devant les assises du mouvement et se fait remarquer par un certain Jacques Chirac. Sous l’étudiant en droit de 20 ans perce déjà l’orateur de talent qui arrachera huit ans plus tard, à la barde d’un de ses mentors, Charles Pasqua, la mairie de Neuilly. Il sera constamment réélu ensuite, de même qu’au siège de député des Hauts-de-Seine, qu’il remportera en juin 1988.

Protégé par le maire de Paris et patron du RPR Jacques Chirac, il devient secrétaire général adjoint de ce parti en 1990. Il fait alors partie des intimes des Chirac. Trois ans plus tard, ministre du Budget d’Edouard Balladur à 38 ans, il choisit pourtant de soutenir activement les ambitions élyséennes de ce dernier. Ni Jacques Chirac, élu en 1995, ni les "chiraquiens" ne le lui pardonneront. Après la victoire de la gauche aux législatives de 1997, "N le maudit" assure néanmoins la présidence du RPR, le temps d’un échec cuisant aux européennes de 1999. Fin 2001, Jacques Chirac, qui brigue un second mandat, sollicite son aide. Il joue un rôle de premier plan dans la campagne du chef de l’Etat. Mais, nouvelle déconvenue : réélu en 2002, Jacques Chirac lui préfère Jean-Pierre Raffarin pour aller à Matignon, de même qu’il lui préfèrera en juin 2005 Dominique de Villepin.

Nicolas Sarkozy doit se contenter du ministère de l’Intérieur, dont il fait, à l’exception d’un passage de huit mois au ministère de l’Economie et d’un intermède de six mois sans poste ministériel, une base de conquête du pouvoir. Omniprésent dans les médias, il est sur tous les fronts (insécurité, laïcité, immigration, suppression de la double peine, création d’une instance représentative de l’Islam ...) sans que les résultats soient toujours au rendez-vous. Il empiète sur le territoire de ses collègues et même sur le "domaine réservé" du chef de l’Etat, comme lorsqu’il dénonce l’"arrogance" de la politique étrangère française lors d’un voyage aux Etats-Unis à l’automne dernier. Parallèlement, il s’empare fin 2004 de l’UMP et détourne à son profit cette machine de guerre conçue par les "chiraquiens". En deux ans, il triple le nombre des adhérents du parti, dont il s’impose comme le champion "naturel".

Ce nerveux qui se force à la sérénité paie de migraines une débauche d’énergie qui inquiète autant qu’elle fascine, tandis que son goût du marketing politique lui joue parfois des tours. La médiatisation à l’américaine de sa vie privée a un effet boomerang, au printemps 2005, quand le couple qu’il forme avec sa seconde femme, Cécilia, traverse une crise qui l’ébranle. Adepte d’un "parler vrai" qui confine au dérapage quand il promet de nettoyer une cité au "kärcher" ou de la débarrasser de sa "racaille", mal aimé dans la jeunesse, Nicolas Sarkozy demeure à bien des égards un mystère pour les observateurs, qui s’interrogent sur sa "vraie nature" jusque dans une bande dessinée. "Je ne sais pas qui il est", avouait récemment l’historien et philosophe Marcel Gauchet dans Le Point.

Synthèse de Billal
D’après Reuters