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Scandale de l’eau minérale en Algérie

jeudi 4 août 2005, par Kahina

Le secteur des eaux minérales en Algérie vient d’être secoué par de graves révélations du rapport des services de contrôle de qualité qui indique que souvent, les produits commercialisées n’ont pas les caractéristiques d’une eau minérale.

Le secteur des eaux minérales en Algérie devrait être assainit pour protéger le consommateur algérien.

En Algérie, plus de 19 marques d’eau minérale sont commercialisées, sur le marché national dont Ifri, Sidi El-Kebir, El-Goléa, Toudja, Misserghine et Sidi Yacoub. Ces opérateurs mentionnent toujours sur les étiquettes d’emballage que leurs produits sont une eau minérale naturelle. Or, le citoyen n’a pas les moyens de vérifier si tel produit est une eau minérale ou eau de source. Cette tâche incombe principalement au ministère des ressources en eau chargé de l’attribution des concessions aux opérateurs. Les services du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes effectuent des contrôles réguliers des eaux minérales commercialisées sur le marché national, affirment les services du commerce.

Ces services vérifient, selon M. Boukahnoun, directeur par intérim du contrôle de qualité au ministère du commerce, si l’eau minérale est conforme aux spécificités réglementaires. Plus explicite, il dira : “le contrôle se fait à plusieurs niveaux soit à l’usine par l’opérateur lui-même dans des laboratoires internes ou externes, soit au niveau des frontières pour les produits importés.” Ces contrôles sont effectués, selon M. Boukahnoun, au niveau local par les directions du commerce et au niveau régional par les directions régionales du commerce.

Les inspecteurs du ministère du commerce insistent essentiellement sur le respect de l’étiquetage des eaux minérales préemballées et les caractéristiques de qualité définies par l’arrêté du 26 juillet 2000 relatif aux spécifications des eaux de boissons préemballées. Ce décret précise que “l’étiquetage des eaux minérales préemballées doit comporter la dénomination de vente, le nom de la source, le lieu d’exploitation de la source, le pays d’origine et la mention contient des fluorures lorsque la teneur en fluor dépasse 1 mg”. Concernant les caractéristiques de qualité, il est indiqué que “l’eau minérale naturelle ne doit dépasser 15mg/litre en nitrate, 0,02mg/litre en nitrite, 2mg/litre en fluorure, 0,1mg/litre en manganèse, 0,01mg/litre en plomb et 0,05 mg/litre en chrome”.

Pour l’année 2004, il n’y a pas eu, selon M. Boukahnoun, aucune fermeture d’unité de production d’eau minérale. Il a déclaré, par ailleurs, que “près de 35 à 40% des infractions relevées par les services de contrôle de qualité sont liées essentiellement au non-respect des règles d’hygiène et le reste concerne le défaut d’étiquetage et la commercialisation de produits périmés”. Il a affirmé que “les eaux minérales commercialisées actuellement ne présentent aucun danger sur la santé des consommateurs et ne contiennent pas d’ingrédients cancérigènes”. Les services de contrôle de qualité ont entamé, déjà, une enquête sur les eaux minérales naturelles saisies dernièrement à Annaba. Les résultats de l’enquête seront publiés avant la fin de l’année 2005.

Le ministère des ressources en eau a installé au courant de l’année 2004 une commission interministérielle chargée de passer la filière des eaux minérales et des eaux de source au peigne fin. Cette commission n’a pas encore achevé ses travaux concernant l’assainissement de cette filière. Elle a reçu, selon M. Abdelmalek Sellal, ministre des ressources en eau, 32 demandes d’agrément dont 18 opérateurs ont obtenu leur arrêté de reconnaissance. Le ministre a déclaré dans un entretien à notre confrère El Watan qu’“aucun opérateur n’a été suspendu à ce jour par la commission qui est tenue de contrôler l’ensemble des concessionnaires en activité”. Il a précisé : “on n’a gelé aucun opérateur parce que nos services et ceux du ministère du commerce n’ont pas décelé de problème lié à la santé publique.”

Les conclusions sans appel du ministre
La commission est en train de contrôler, actuellement, 7 opérateurs en activité et les autres seront contrôlés dans les prochaines semaines. Cette filière sera complètement assainie, dira-t-il, d’ici fin 2006. Il a relevé, par ailleurs, que “nombre d’opérateurs n’hésitent pas à mentionner sur leur étiquette la qualité de minéralier alors qu’ils ne le sont pas car les ressources renfermant ce type d’eau, qui sont en activité, se comptent sur les doigts d’une seule main”.

La commission effectuera deux études d’analyses chimiques pour déterminer la qualité d’eau. L’une en hiver et l’autre en été. Ces études seront réalisées en collaboration avec le centre national du contrôle de la qualité.
Concernant les eaux minérales, il y aura des études d’analyses bactériologiques et physico-chimiques qui peuvent s’étaler jusqu’à 3 ans. À l’issue de cette opération, les opérateurs doivent préciser exactement la nature du produit “eau minérale” ou “eau de source” et indiquer le prix de vente.

Le décret exécutif relatif à l’exploitation et la protection des eaux minérales naturelles et eaux de source du 15 juillet 2004 a souligné que “l’eau minérale naturelle est une eau microbiologiquement saine provenant d’une nappe ou d’un gisement souterrain, exploitée à partir d’une ou plusieurs émergences naturelles ou forées, à proximité desquelles elle est conditionnée”. Elle se distingue, note-t-on, des autres eaux destinées à la consommation humaine par sa nature caractérisée par sa pureté et sa teneur spécifique en sels minéraux, oligo-éléments ou autres constituants.

L’eau est définie comme étant “une eau d’origine exclusivement souterraine, apte à la consommation humaine microbiologiquement saine et protégée contre les risques de pollution”. Le législateur a relevé que “les travaux de captage, transport, stockage et d’embouteillage des eaux minérales naturelles et eaux de source sont considérés comme des activités d’exploitation d’eau minérale naturelle ou d’eau de source”. Les opérateurs sont tenus, affirme-t-on, d’installer et de faire fonctionner un système de contrôle interne de la qualité de l’eau à tous les niveaux de la production, comportant un laboratoire intégré à l’usine de conditionnement.

Les opérations de contrôle périodiques sont initiées notamment par les services relevant du ministère des ressources en eau, du ministère du commerce et le ministère de la santé. La concession est accordée pour une durée de 50 ans renouvelable.

D’après Liberté