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Sonatrach, moteur de l’Algérie

lundi 8 août 2005, par Rédaction

Sonatrach, le géant algérien du pétrole et du gaz naturel, mais aussi premier groupe en Algérie et en Afrique, fournit près de 12% des besoins gaziers de l’Europe, et ambitionne d’augmenter cette proportion d’ici 2010.

Sonatrach extrait et transporte chaque année des milliards de m3 de gaz naturel de l’Algérie vers l’Europe.

Cette proportion est amenée à augmenter, au vu des objectifs d’exportations gazières définis par Sonatrach : il ambitionne ainsi de mettre sur le marché quatre-vingt-cinq milliards de mètres cubes de gaz d’ici à 2010, projette de s’inscrire dans l’évolution du marché gazier européen, ouvert aujourd’hui à la concurrence, libéralisé en vertu d’une directive instituée par Bruxelles, en solo.

Elle établit les règles communes se rapportant au transport, à la distribution, à la fourniture et au stockage du gaz naturel. Elle définit aussi les modalités de fonctionnement, d’organisation de ce secteur, d’accès au marché et d’exploitation des réseaux ainsi que les critères et les procédures applicables aux autorisations de transport, de distribution, de fourniture et de stockage. Le projet gazier, Medgaz, fait partie de ces objectifs gaziers. Medgaz va relier l’Algérie à l’Espagne, à travers les villes de Beni Saf et Almeria. C’est un projet auquel le gouvernement espagnol a conféré un caractère prioritaire.

Cette décision lui insufflera une nouvelle impulsion. Et elle permettra de diligenter les procédures administratives. Les administrations espagnole et algérienne ainsi que les entreprises actionnaires de Medgaz vont travailler, en coordination, pour que le projet en question se concrétise dans les plus brefs délais. Medgaz va assurer à l’Espagne une meilleure garantie d’approvisionnement en gaz, une énergie qui occupe une place de plus en plus importante dans le secteur de la production d’électricité. Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines, en marge d’une visite de travail à Madrid début juillet dernier a déclaré que la nouvelle classification de Medgaz permet aussi d’aller de l’avant dans l’exécution de ce projet hautement important. Il a relevé que les travaux de construction du gazoduc, dans sa partie algérienne, connaissent des progrès notables. Le ministre de l’Energie et des Mines a fait remarquer que le gaz algérien est plus compétitif que le gaz provenant d’autres pays et s’avère, de ce fait, plus rentable pour les entreprises espagnoles.

Les contrats de vente de gaz naturel algérien à l’Espagne et l’extension des gazoducs reliant les réseaux espagnol et français, pour faciliter son transport vers les autres pays d’Europe, ont été discutés avec les autorités ibériques. Espagnols et Algériens veulent également créer sur le modèle Medgaz un projet de connexion électrique entre l’Algérie et l’Espagne. Le projet a été évoqué récemment avec le président de Red Electrica, une compagnie espagnole. Il est, en effet, question de mettre en place un consortium pour étudier la faisabilité de câbles électriques entre les deux pays. L’Algérie a officiellement soumis à l’organisation pétrolière une demande de relèvement de quotas, il y a presque deux ans.
Elle est actuellement à l’étude. A l’évidence.

Retour sur une progression
L’Algérie ne peut revoir à la hausse ses exportations pétrolières que si ses pairs de l’OPEP diminuent les leurs, dans un souci d’équilibre de l’organisation. Le rythme de production, de même que le mode de fonctionnement de la compagnie nationale, est inscrit dans cette dynamique que le département de tutelle veut imprimer au secteur de l’énergie, sous-tendu par la nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée par l’APN. La nouvelle législation a provoqué une polémique. Syndicat et ministère de l’Energie se sont étrillés avant de s’accorder sur cette loi. Ils avaient reparlé des dispositions qui fâchaient à l’exemple de celles liées à la prise de participation de Sonatrach dans les permis d’exploitation attribués aux compagnies étrangères. Dans l’avant-projet de loi en question, il est dit que la Sonatrach a droit à seulement 25%. On s’en souvient, les péripéties de ce document étaient telles qu’elles ont déteint sur le fonctionnement des opérations d’exportation des hydrocarbures en raison des mouvements de grève décrétés par l’UGTA. Son gel à la veille des élections présidentielles obéissait-il à une logique électoraliste ?

La centrale syndicale a adhéré au programme présidentiel, défendu par le Président sortant lors de sa campagne électorale, le document de loi étant mis sous le coude des autorités. En contrepartie de son soutien, l’UGTA a-t-elle reçu des garanties discutables autour de ce projet « exhumable » ? Savait-elle que la tutelle tient toujours à son projet ? Le ministre de l’Energie et des Mines l’a dit en 2003 à plusieurs reprises : la loi en vigueur sur les hydrocarbures ne permet pas de larges manœuvres en matière d’investissements étrangers. Il en a donné pour preuve le projet intégré de Gassi Touil où la législation actuelle n’autorise pas à confier certaines parties du projet à des tiers.

Il a fallu de ce fait toute une acrobatie pour trouver des formules permises par la loi. Chakib Khelil constate qu’il n’est pas normal, du point de vue économique, de continuer d’obliger le groupe Sonatrach à s’occuper de projets qu’il estime non rentables comme le transport par canalisations. En attendant la mise en application de la nouvelle législation, la compagnie nationale des hydrocarbures compose avec ce dont elle dispose, et les résultats qu’elle dégage s’améliorent, qu’il s’agisse de contrats d’exploration ou financiers.

En plus du gros contrat gazier de Gassi Touil, signé avec les Espagnols, elle en a conclu, fin 2004, huit, pétroliers ceux-là, et pour un investissement estimé à 141 millions de dollars. Et les compagnies contractantes jouissent d’une réputation reconnue : BHP/Woodside, CNPC, Sinopec, Amerada Hess, Repsol/Gaz Natural, Petroceltic et Statoil. Ces dernières auront à financer entièrement les opérations de recherche et d’exploration dans le cadre de ces accords. Quelques chiffres pour en illustrer la portée.

Les Norvégiens, les Chionis et les autres
Le contrat conclu avec BHP/Woodside concerne le bloc 408a-409, d’une superficie de 10,719 km², situé sur le périmètre Ksar Hirane, dans le bassin de Benoud. Il prévoit pour la phase d’exploration d’une durée de trois ans des travaux d’acquisition sismiques sur 600 km² et le forage d’un puits d’exploration. L’investissement global financé par le consortium est établi à huit millions de dollars. Une deuxième phase additionnelle de deux ans est incluse dans le contrat. Elle prévoit la réalisation de travaux sismiques et le forage d’un puits d’exploration pour un investissement global de cinq millions de dollars. Le contrat signé avec la compagnie chinoise CNPC porte sur le bloc 438b, d’une superficie de 4 353 km², situé sur le périmètre d’El M’zaïd, dans le bassin de Oued Mya. Il prévoit pour la première étape d’exploration d’une durée de trois ans des travaux sismiques sur 500 km² et le forage d’un puits d’exploration et de deux puits d’appréciation. Le montant global de l’investissement à consentir totalement par les Chinois est évalué à 20 millions de dollars. Ce contrat comporte une période additionnelle de deux ans avec des travaux sismiques sur 200 km² et le forage d’un puits d’exploration pour un investissement de sept millions de dollars.

Avec le groupe norvégien Statoil, il a été signé un contrat portant sur le bloc 319-317b-3321b-322b2, d’une superficie de 22 992 km², situé sur le périmètre de Hassi Mouina, dans le bassin de Gourara. Le contrat prévoit pour la première étape, d’une durée de trois ans, des travaux sismiques sur 400 km² et le forage d’un puits d’exploration. L’investissement à consentir est de douze millions de dollars.

Ce contrat comporte également une période additionnelle de deux ans avec la réalisation de travaux sismiques sur 100 km² et le forage d’un puits d’exploration pour un montant en investissement de 5,5 millions de dollars.
Les Norvégiens ont installé, fin 2004, une antenne à Alger.
Sur 2004, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 31,5 milliards de dollars et des exportations pétrolières de vingt-huit milliards de dollars, en plus des trois milliards de dollars de ses associés. A l’échelle africaine, la Sonatrach a été classée, sur trois années consécutives, première compagnie sur un échantillon de cinq cents entités, tous secteurs confondus.

Par La Tribune