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Textile : La Chine réplique

mercredi 18 mai 2005, par nassim

Suite aux pressions incessantes de l’Union Européenne et des Etats-Unis qui tentent de justifier l’instauration de mesures protectionnistes face à la déferlante du textile chinois, la Chine, par le biais de son ministre du commerce, Bo Xilai, a réagit en dénonçant ces mesures qu’elle juge contraires aux règles du l’OMC.

Bo Xilai, s’exprimant sur les pressions des USA et de l’UE sur la Chine.

Réaction chinoise immédiate
La réaction ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de l’annonce par le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson de son intention de limiter à 7,5% la hausse des exportations chinoises vers l’UE de tee-shirts et de fils de lin, et de de réclamer à la Chine des consultations formelles "immédiates" à l’OMC, Pékin a vivement réagi, mercredi (18 mai), par la voix de son ministre du Commerce. A l’occasion du Forum mondial du magazine Fortune organisé cette semaine dans la capitale chinoise, Bo Xilai a jugé "injustes et contraires aux règles de l’OMC les mesures "protectionnistes" prises par l’Union européenne, ainsi que par les Etats-Unis. Le 12 mai, Washington avait également prit une mesure de limitation des exportations sur les chemises et chemisiers en coton, les pantalons en coton et les sous-vêtements chinois.

Pour le ministre chinois, ces limitations "sapent la solidité des règles de l’OMC et créent un impact négatif sur le cycle de négociations (sur la libéralisation du commerce mondial) qui se déroule actuellement". Bo Xilai a parallèlement expliqué qu’Européens et Américains ont traîné des pieds pour lever progressivement les quotas, ce qui explique l’envol des exportations de textile chinois depuis janvier. "Une fois qu’un accord est conclu, chacun doit respecter ses engagements, sinon cela ne sert à rien de négocier des règles", a-t-il estimé.

Négociations formelles immédiates sur les tee-shirts et le lin
Tout en affirmant clairement qu’"il est hors de question de rétablir les quotas", le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson avait donc proposé mardi d’ouvrir des négociations formelles immédiates avec Pékin pour juguler la hausse des exportations de deux des neuf produits textiles qui ont dépassé le seuil d’alerte fixé par l’Union européenne et pour lesquelles une enquête est en cours. Les produits en question sont les tee-shirts et de lin à tisser, dont les exposrtaions ont augmenté respectivement de 187% et de 56% pendant les premiers mois de 2005 par rapport à la même période de 2004, notamment en raison de la levée des quotas au 1er janvier.

En clair, si les Chinois ne prennnent pas de mesures efficaces pour freiner les exportations sur ces deux produits, alors l’UE pourra utiliser le mécanisme accepté par la Chine. Aux termes de l’accord d’adhésion de la Chine à l’OMC, ce mécanisme stipule que les pays européens ont le droit, jusqu’en 2008, de limiter les importations au niveau atteint pendant les 12 premiers des 14 derniers mois, augmenté de 7,5%.

Cette proposition doit maintenant être entérinée par les Etats-membres de l’Union européenne. Mais aussitôt après l’annonce de M. Mandelson, le gouvernement français s’est félicité de cette proposition. "C’est très important parce que ce sont des mesures qui vont pouvoir avoir des effets très rapidement", a déclaré le ministre de l’Economie Thierry Breton a déclaré sur Europe 1. Même satisfaction chez le ministre délégué au Commerce extérieur François Loos, pour qui "la Commission manifeste ainsi qu’elle commence à prendre la mesure de l’importance du phénomène (du déferlement des textiles chinoies en Europe), qui frappe une industrie par ailleurs performante et compétitive".

Barroso : "Prêts à aller plus loin"
Réponse du berger à la bergère, peu après la réaction du ministre chinois du Commerce, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso est à son tour monté au créneau pour défendre les intérêts européens. Se déclarant "véritablement préoccupé par la situation en matière de textile", l’ancien Premier ministre du Portugal a affirmé mercredi que les Européens sont "prêts à aller plus loin" et à "prendre des mesures plus fermes" encore que celles énoncées par M. Mandelson.

Il a affirmé que la forte augmentation des importations chinoises depuis le 1er janvier peut créer "des distorsions du marché" et a expliqué avoir lui-même "adressé une lettre" au président chinois pour lui demander de limiter les exportations de textile chinois vers l’Europe. "Les Chinois nous font des signes qu’ils commencent à bouger dans ce sens. J’espère qu’il y aura des mesures aussi déterminées du côté chinois car sinon nous devrons prendre des mesures encore plus fermes." José Manuel Barroso a toutefois rappelé que l’Europe exporte beaucoup vers la Chine et doit garder "un certain sens d’équilibre" pour ne pas provoquer de mesures de rétorsion de la part de Pékin. "C’est essentiel pour notre économie, pour nos emplois ici en Europe, d’avoir ce marché ouvert pour les exportations françaises et européennes", a-t-il dit.

Par Grégory Fortune, rtl.fr