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Travail des enfants au Maroc

vendredi 29 avril 2005, par nassim

En dépit d’une légère diminution de la proportion des enfants au travail, le nombre d’enfants actifs reste élevé au Maroc.

Une récente étude sur

Au Maroc, 600 000 enfants travaillent.

le travail des enfants, dont les résultats ont été rendus publics hier lors du séminaire national sur "une meilleure intégration de la lutte contre le travail des enfants dans le développement social", confirme en effet cette tendance. Comme son nom l’indique, ce rapport baptisé "Comprendre le travail des enfants", en plus d’évaluer l’ampleur du phénomène, se penche sur les conséquences du travail des enfants sur la société ainsi que sur les options stratégiques de lutte contre ce phénomène. De ce rapport réalisé dans le cadre du programme "UCW" en collaboration entre l’Unicef, la Banque Mondiale et l’Organisation internationale du travail, il ressort qu’environ 600.000 enfants âgés de 7 à 14 ans travaillent au Maroc, soit 11% de ce groupe d’âge.

Un chiffre qui reste en deçà de la réalité, souligne ce document, puisque l’enquête LFS 2000, prise comme base, ne prend pas en considération les formes condamnables du travail des enfants dont la prostitution. De même, il est très probable que certains enfants de la catégorie sans activité qui représente 15% de ce groupe d’âge, soient engagés dans des formes non rapportés du travail des enfants.

Comme on le disait précédemment, ce chiffre de 600.000, si ce n’est plus, reste élevé en dépit de la légère baisse constatée récemment. Cette diminution aurait été de 3 points entre 1990-91 et 1989-99, et d’un point en 2000-01. Une régression qui est due en partie à l’effort du gouvernement visant à augmenter le nombre d’inscriptions à l’école, ainsi qu’aux facteurs liés au marché du travail dont les opportunités sont désormais limitées. Sur ces 600.000 enfants actifs, le rapport dégage de légères variations en termes de genre, d’âge et de lieu de résidence. En effet, si les enfants sont plus enclins que les filles à travailler, la différence au niveau de la participation au travail n’est pas grande.

Par ailleurs, si la prévalence du travail est plus élevé chez les enfants plus âgés, il n’en reste pas moins que le nombre d’enfants très jeunes engagés dans des activités salariales est significatif. 372.000 enfants environ âgés de 7 à 11 ans sont économiquement actifs. Pour ce qui est du lieu, le travail des enfants reste majoritairement rural : la prévalence est 6 fois plus élevée en milieu rural qu’en milieu urbain et les enfants ruraux représentent environ 87% du nombre total des enfants travailleurs.

Souvent, le travail effectué par les enfants est contraignant et leur laisse peu de temps pour le jeu et le divertissement. En général, les enfants travaillent 45h en moyenne par semaine, soit plus qu’un adulte, relève le rapport. De plus, de par la nature de l’activité qu’ils exercent, ces enfants sont confrontés à divers niveaux de dangers. Selon une enquête réalisée par le gouvernement et l’OIT, plus de la moitié des 3500 enfants actifs doit faire face à des risques de travail graves, ou très graves, et seulement 3% ne font face à aucun risque. En plus des conséquences sur leur santé, le travail des enfants les empêche de fréquenter l’école. En effet, 14% seulement des garçons et 8% des filles qui travaillent fréquentent l’école, alors que plus de la moitié des enfants actifs n’ont jamais mis le pied dans une école et le reste, soit 41% ont seulement fait les premières années de l’école primaire.

Si la pauvreté reste l’un des facteurs enclencheurs du travail des enfants, entrent en jeu également certains déterminants dont le revenu du ménage, l’éducation des parents et le facteurgenre. A ce propos, dans le milieu rural par exemple, la chance pour une fille d’être scolarisée est d’un tiers inférieure à celle d’un garçon.

Afin de lutter contre ce phénomène dont les conséquences sur la société sont de plus en plus préoccupantes, le gouvernement a pris un certain nombre de dispositions dont la ratification de conventions internationales visant l’interdiction du travail des enfants et l’harmonisation de la législation nationale avec les principes des conventions internationales relatives au travail des enfants. Dans ce cadre, on peut souligner que le nouveau code du travail a relevé l’âge minimum d’emploi à 15 ans.

Pour ce qui est des travailleurs domestiques, le nouveau code prévoit une loi spéciale qui doit fixer les conditions de travail et d’emploi des employés de maison. De même, le département de l’emploi, qui a été à l’origine de ce séminaire, a prévu un renforcement des prérogatives des inspecteurs du travail. Trois outils sont mis à leur disposition, en l’occurrence, l’observation, la mise en demeure et le procès-verbal.

Enfin, il y a lieu de signaler que le nouveau code du travail a relevé considérablement les amendes en cas d’inobservation de la loi.

Par Amina Salhi, liberation.press.ma