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Washington s’empare de la question du textile chinois

jeudi 28 avril 2005, par nassim

Tant Bruxelles que Washington ont finalement accepté d’ouvrir des enquêtes pour déterminer si la très forte progression récente des importations chinoises, de plus de 1 000 % pour certains vêtements, entraîne effectivement la distorsion des marchés dénoncée par ces producteurs.

Pour l’Europe, l’enquête est confiée aux services compétents de la Commission européenne, tandis qu’aux Etats-Unis les recherches seront menées par le CITA, un comité gouvernemental présidé par le ministère du commerce.

Dans les deux cas, les procédures commencent par une période de consultations de toutes les parties intéressées. Le ministère américain du Commerce a précisé que les Chinois pouvaient eux aussi formuler leurs commentaires, comme ils l’ont déjà fait par le passé.

DURÉE MAXIMUM DE 120 JOURS

"Nous sommes contents, c’est une étape de plus dans un processus long et difficile pour obtenir un peu de répit pour ce qui se passe sur notre marché ici, mais en Europe, vous connaissez les mêmes problèmes", a expliqué à l’AFP, David Trumbull, directeur de la National Textile Association, l’une des fédérations de producteurs américains à l’origine de la requête début avril pour l’imposition de mesures de sauvegarde.

Néanmoins, ce responsable a exhorté le gouvernement américain "à agir immédiatement, en déterminant sans attendre" qu’il y a distorsion de marchés, "et à imposer immédiatement ces mesures". La procédure américaine prévoit 30 jours de consultations puis encore un maximum de 30 jours de délai de réflexion avant de décider s’il y a eu distorsion ou non. En cas de réponse affirmative, le gouvernement américain ouvre des discussions avec Pékin tout en imposant des mesures provisoires pour limiter les arrivages massifs des sept catégories de vêtements visées par les demandes des producteurs.

L’idée étant de parvenir à un accord négocié avec les responsables chinois évitant ainsi l’imposition de nouvelles barrières commerciales. La procédure prévoit une durée maximum de 120 jours pour ce faire.En Europe, l’enquête porte sur neuf catégories de produits textiles importées de Chine. Dans les deux cas il s’agit surtout de chemises, chemisiers, pantalons, soutien-gorges en coton et fibres synthétiques.

LES AMÉRICAINS EXIGENT L’INTERVENTION DE LEUR GOUVERNEMENT

Selon les chiffres du ministère du commerce américain, au premier trimestre, les importations de ces produits fabriqués à bas coûts affichent une progression exponentielle entre 300 et 1 500 %, selon les types de vêtements, par rapport au 1er trimestre 2004.

Certes, les producteurs américains avaient près de 10 ans pour se préparer à l’expiration le 1er janvier dernier des quotas qui ont encadré les échanges commerciaux internationaux de produits textiles. Mais l’ampleur des flux en provenance de Chine lors des trois premiers mois les a conduit à exiger l’intervention du gouvernement pour protéger leur marché alors que dans le cadre de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), ils prônent au contraire davantage de libéralisation des échanges.

"Les importations ont déferlé et ça a fait des dégâts", a rappelé M. Trumbull. Selon les chiffres officiels, pour le seul mois de mars, le secteur du textile et de l’habillement a perdu au total 7 600 emplois, soit 245 emplois par jour durant ce mois.
Les associations de producteurs ont multiplié les plaintes et requêtes depuis l’automne dernier en rappelant que l’accord d’adhésion de la Chine à l’OMC prévoit la possibilité pour Washington de limiter provisoirement la croissance des importations chinoises à 7 % par an.

Source : lemonde.fr