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William B. Quandt : « Les Etats-Unis n’attaqueront pas l’Iran et la Syrie »

lundi 7 mars 2005, par Hassiba

William B. Quandt, spécialiste de la politique extérieure américaine au Moyen-Orient, a indiqué hier que les Etats-Unis n’envisagent pas des frappes contre l’Iran et la Syrie.

L’invité du forum organisé par la fondation Friedrich Ebert, où il a donné une conférence intitulée « Mahmoud Abbas : une nouvelle donne au Proche-Orient ? », M. Quandt, a affirmé que même Bush, qui s’était exprimé en des termes durs à l’égard de l’Iran, privilégie la voie de la diplomatie pour le règlement de la crise née autour du dossier nucléaire iranien.

Pour étayer ses dires, M. Quandt a avancé, s’agissant de la Syrie, que les Etats-Unis se contenteront d’un changement de politique au lieu du régime tout entier. Il notera la satisfaction exprimée suite à l’engagement de la Syrie de retirer ses troupes du Liban. Pour ce qui est de l’Iran, le conférencier avancera d’abord une raison logistique selon laquelle les Etats-Unis qui mobilisent 150 000 soldats en Irak n’ont pas assez de soldats pour engager une opération similaire contre l’Iran. L’autre raison, éminemment politique, est liée à l’influence accrue de l’Iran dans la région, notamment depuis la chute de Saddam et la victoire des chiites en Irak, qui s’est aggravée en Afghanistan suite à la chute des taliban. Le chiisme est présent également dans tous les Etats du Golfe. D’où la volonté des Etats-Unis de traiter la donne chiite comme carte d’influence dans la région. Ce qu’il ne dira pas en termes clairs.

Concernant le sujet de la conférence, M. Quandt a estimé que Mahmoud Abbas est « l’homme du moment » au Proche-Orient. En le qualifiant de « réformateur », le conférencier a indiqué que la préférence pour Mahmoud Abbas, qu’il appellera tout au long de la conférence « Abou Mazen », est due à la crainte que son successeur, issu de la « nouvelle garde », ne sera pas aussi sage. Pour M. Quandt, le président actuel de l’Autorité palestinienne, dont il dira qu’il n’est pas corrompu par rapport au défunt Yasser Arafat, « ne doit pas dépasser les lignes rouges en réclamant le retour aux frontières de 1967, le retour des réfugiés ou encore Jérusalem comme capitale. Des exigences déjà formulées par la partie israélienne et un domaine où pourrait intervenir la médiation des Etats-Unis. Ces derniers ne pourraient faire pressions sur Israël en raison du fait que le Congrès est sous l’influence du lobby pro-israélien, mais à travers l’opinion publique américaine qui ferait influencer à son tour la décision du Congrès ». Il estimera que pour les deux parties, israélienne et palestinienne, il faudra du temps pour mener des négociations au sujet des problèmes fondamentaux mais, pour l’administration Bush, où son rôle est recommandé pour forger des décisions, elle n’a pas devant elle beaucoup de temps pour régler la question du conflit israélo-palestinien, mais quelque deux ou trois ans, a-t-il estimé, en faisant un parallèle avec Clinton qui s’était pris en retard de son mandat.

Le Dr. William B. Quandt, spécialiste de l’Algérie et de la politique extérieure américaine au Moyen-Orient, est en visite en Algérie du 5 au 11 mars. Au cours de son séjour à Alger, il s’entretiendra avec des étudiants de l’université d’Alger et de l’institut diplomatique des relations internationales (IDRI), le 07 mars, avant de s’adresser également aux étudiants des universités de Sétif et Béjaïa, les 08 et 09 mars, respectivement. Le Dr. Quandt enseigne actuellement la politique extérieure américaine et le Moyen-Orient dans le département de politique de l’université de virginie de Charlottes ville, Virginie. Avant d’occuper ce poste, il était membre principal de l’institution Brooking où il a mené une recherche sur le Moyen-Orient, la politique américaine envers le conflit israélo-arabe, et la politique en énergie. Avant de rejoindre l’institution Brooking en 1979, il fut conseiller au Conseil de sécurité nationale de 1972 à 1974 et également de 1977 à 1979. II s’est impliqué dans les négociations ayant conduit aux accords de Camp David et le traité de paix égypto-israélien.

En outre, le Dr. Quandt était professeur de science politique à l’université de Pennsylvanie, il a travaillé à la Rand Corporation de 1968 à 1972 et a enseigné à l’université de Californie-Los Angeles (UCLA) et à l’institut de Technologie du Massachusetts (MIT).L Dr. Quandt est également auteur de plusieurs ouvrages dont quelques-uns sur l’Algérie. Ses articles sont parus dans un grand nombre de publications. Ses ouvrages sur l’Algérie s’intitulent Between ballots et bullets « Algérie entre urnes et balles), Algeria’s transition from authoritarianism (Société et pouvoir en Algérie : la décennie des ruptures) (paru chez Brookings en 1968), Révolution et leadership politique : Algérie 1954-1968 (MIT Presse 1968.). Il est membre du Conseil des relations internationales et fait aussi partie du Conseil de l’université américaine au Caire et de la Fondation pour la paix au Moyen-Orient. En 2004, il a été élu à l’Académie des arts et des sciences. Il a obtenu une licence en relations internationales de l’université de Stanford en 1963 et un PH.D en sciences politiques de l’institut de technologie de Massachusetts en 1968.

Par Amar Rafa, latribune-online.com