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Wolfensohn tresse des lauriers à Wolfowitz

vendredi 15 avril 2005, par nassim

James Wolfensohn, qui quittera la présidence de la Banque mondiale le 31 mai prochain, a été nommé hier envoyé spécial du quartet (ONU, Etats-Unis, Union européenne, Russie) pour le désengagement d’Israël de la bande de Gaza.

Cette mission commencera officiellement le 1er juin pour s’achever le 31 décembre 2005.

James Wolfensohn

Mais d’ici là, le futur ex-patron de la Banque, 71 ans, a été autorisé par son conseil d’administration à effectuer des missions exploratoires à Gaza, tout en continuant d’exercer ses fonctions à la tête de l’organisation internationale. La hache de guerre semble donc enterrée entre la Maison-Blanche et le patron de la Banque mondiale, qui avait été nommé en 1995 avec le patronage de l’administration Clinton. Il avait en effet caressé l’idée de jouer les prolongations à l’issue de son deuxième mandat. Au moins jusqu’en septembre prochain, où se tiendra l’assemblée annuelle de l’ONU, consacrée spécialement au développement, qui est, on le sait, le thème de l’année 2005. La Maison-Blanche s’était vite opposée à cette possibilité, que Wolfensohn avait émise mezza voce, disant à ses interlocuteurs qu’il partirait « au cours de 2005 ».

Tout cela appartient désormais au passé. L’ex-banquier de Wall Street, qui y a fait carrière et fortune avant de consacrer dix ans à la lutte contre la pauvreté comme président de la Banque mondiale, entend bien poursuivre son action à travers une fondation portant son nom. Il la financera par des missions de conseils de banquier d’affaires !

Aujourd’hui, il ne tarit pas d’éloges sur son successeur, Paul Wolfowitz, l’un des principaux artisans de l’intervention américaine en Irak et qui n’a jamais tenu les organisations internationales en odeur de sainteté : « Il ne vient pas mettre en oeuvre un programme unilatéraliste, j’ai discuté des heures et des heures avec lui. Je lui donne six mois (pour lever toutes les craintes). Il fera un excellent travail », a insisté hier Wolfensohn, lors d’une conférence de presse avant les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale de ce week-end. Une occasion rêvée pour dresser son propre bilan.

Sans excès de fausse modestie, il estime que « nous sommes dans une meilleure situation aujourd’hui qu’il y a dix ans ». Il faisait allusion au recentrage des efforts de la Banque sur la lutte contre la pauvreté, à la décentralisation de ses équipes, dont 2 500 experts (le cinquième des effectifs) sont désormais présents sur le terrain dans cent pays. Wolfensohn peut se targuer d’avoir su expliquer aux gouvernements et aux opinions publiques que la corruption constituait un facteur majeur de sous-développement. Le mot même n’était jamais prononcé auparavant dans les enceintes internationales, rappelle-t-il au passage. De même a-t-il su ouvrir le dialogue avec les organisations non gouvernementales (ONG), fait de la lutte contre le sida une priorité financière. Autre axe fort, la reconstruction des pays en situation « post-conflit », de la Bosnie au Timor-Oriental, an passant par le Kosovo, la Cisjordanie, la Sierra Leone et Gaza.

Certains se sont demandé si le métier originel du « groupe Banque mondiale », qui était de financer la construction d’infrastructures, de barrages ou de pipe-lines, n’était pas passé au second rang au profit d’actions sociales plus diffuses (éducation, santé...). James Wolfensohn a manifestement élargi la vision de l’institution qu’il a dirigée pendant dix ans et qu’il considère désormais comme le premier acteur mondial du développement.

Par Jean-Pierre Robin, lefigaro.fr