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Y a-t-il des OGM dans nos assiettes en Algérie ?

samedi 9 avril 2005, par Hassiba

Contrairement à ce que l’on croit, l’Algérie n’est pas à l’abri des OGM (Organismes génétiquement modifiés) et nous pouvons les retrouver dans nos assiettes, sans même le savoir.

A titre d’exemple, plus de 80% du soja et 40% du maïs cultivé aux Etats-Unis et dont une bonne partie est destinée à l’importation est génétiquement modifié. Le risque provient donc du fait que l’Algérie est un pays importateur de denrées alimentaires sous forme de grains de céréales, de légumineuses, d’oléagineux ou en produits finis (sucre, alimentation de bétail, produits alimentaires). Un risque d’autant plus grand depuis l’ouverture du marché et l’importance des importations de matières premières ou produits dérivés d’OGM, surtout que notre pays ne dispose pas de laboratoire de contrôle et de test des OGM. 

Ce sujet qui continue de faire couler beaucoup d’encre, (certains assimilent même les OGM au clonage humain), a été au centre des débats mercredi dernier à l’hôtel El Djazaïr. Cette rencontre a été organisée par le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement (MATE), en collaboration avec le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) en vue de discuter de la mise en place d’un cadre national de bio-sécurité. Celui-ci comprend une combinaison d’organisation administrative, de textes réglementaires et d’instruments techniques. Ce qui, selon les initiateurs du projet, permettra de doter l’Algérie « de moyens nécessaires d’expertise, incluant réglementation et surveillance, pour l’utilisation sans danger des OGM dans l’agriculture et l’alimentation [...] ». La première étape de réalisation de ce projet a été entamée avec la mise en place du comité national de bio-sécurité (CNC) qui a pour tâche de conseiller et de guider les préparatifs nécessaires à la réalisation du cadre national de bio-sécurité. Bien que l’Algérie n’ait pas de stratégie spécifique en matière de bio-sécurité, elle a cependant ratifié le protocole de Carthagène sur la bio-sécurité, indique Meriem Louanchi, docteur d’Etat en agronomie et consultante auprès du MATE. L’objectif de ce protocole est « de contribuer à assurer un degré adéquat de protection pour le transfert, la manipulation et l’utilisation sans danger des organismes vivants modifiés qui peuvent avoir des effets défavorables sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et comporter également des risques pour la santé humaine, en mettant plus précisément l’accent sur les mouvements transfrontaliers ».

Il faut rappeler toutefois que ni les Etats-Unis ni le Canada n’ont ratifié ce protocole. Dans notre pays, un vide juridique est encore ressenti. La seule loi en vigueur en la matière, qui date du 24 décembre 2000, se limite uniquement au végétal, ne faisant pas référence aux produits de consommation. Il s’agit d’un décret ministériel interdisant l’importation, la production, la distribution, la commercialisation et l’utilisation du matériel génétiquement modifié. Quant à l’avant-projet de loi sur les OGM, il a été reporté aux calendes grecques.

En attendant, les spécialistes regroupés lors de cette rencontre n’ont pas écarté le risque que ces OGM se retrouvent dans nos assiettes. « Il est possible de retrouver de la lécithine de Soja génétiquement modifié dans des biscuits commercialisés, sans que l’on sache. C’est le cas aussi des surgelés, des huiles de cuisine, des céréales, des tomates, des pommes de terre [...] », affirme Meriem Louanchi. Dans tout cet amalgame, avec toutes ces interrogations et ces indécisions juridiques, le consommateur peut-il faire confiance à ce qui est mis en vente sur le marché ? vraisemblablement, non. De plus, les risques pour l’environnement et le consommateur sont bien là et les conséquences peuvent se révéler dramatiques à l’avenir.

Par Amel Bouakba, latribune-online.com