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Zerhouni : l’instrumentalisation de l’Administration

Vers l’intervention de l’Armée ?

jeudi 11 mars 2004, par Hassiba

« La neutralité de l’armée n’aurait, en effet, pas de sens si elle ne se généralisait pas à toutes les autres institutions de la République afin de ne pas entacher la crédibilité du scrutin. »

Cette déclaration est lourde de sens et de conséquence car non seulement elle intervient dans un pic jamais atteint dans la manipulation et l’utilisation frauduleuse des institutions de l’Etat et des deniers publics par le clan présidentiel, mais aussi et surtout face à la persistance de ces pratiques par le ministre de l’intérieur, Yazid Zerhouni, au centre de toutes les manuvres et de tous les chantages exercés sur l’Administration et la justice, institutions civiles.

Lamari entend bien rétablir la neutralité de ces institutions sans quoi celle de l’Armée serait tout simplement une complicité avérée de la politique de déstabilisation et de terreur exercée par le trio Bouteflika-Zerhouni-Ouyahia contre les walis, les présidents d’APC et autres fonctionnaires de l’Etat au mépris de toute loi pour les contraindre à trahir leurs prérogatives constitutionnelles pour en faire des instruments de répression.

Hier seulement, le ministre délégué aux collectivité locales, s’exprimant en marge de la visite de Bouteflika à Sétif, a considéré que les avertissements de Lamari ne concernent pas l’administration car, selon lui, cette dernière ne sera que « spectatrice » durant la présidentielle et qu’il revient aux représentants des candidats en lice d’en assumer la responsabilité.

Ces derniers, dans leur toute dernière déclaration, ont condamné le parti pris de cette institution, y compris le conseil constitutionnel accaparé par le clan présidentiel. Hier encore, le parti de Benflis, dans un communiqué rendu public, a réagi aux manuvres du wali et du président de l’APC d’Aïn Defla qui font campagne pour le Président-candidat en utilisant les moyens de la daïra et de la commune pour faire poids sur leurs administrés pour le compte de Bouteflika.

D’autres faits qui justifient les mises en garde de Lamari : l’incarcération du maire d’Oran,
M. Djellouli, en est la parfaite illustration. Parce qu’ayant résisté contre les pressions de Zerhouni, il a été incarcéré comme un vulgaire malfrat.

Ras El Aïn, pour avoir dénoncé dans une conférence de presse l’usurpation de signatures dans le complot tramé pour interdire le congrès extraordinaire du FLN, a été évincé de son poste par l’actuel ministre de la Justice, M. Belaïz, sans aucun motif d’ordre juridique ou professionnel.

Le recours introduit par le FLN de Benflis sur l’arrêt rendu par la chambre administrative relatif à l’invalidation de son 8e congrès a été rejeté par le conseil d’Etat.

Zerhouni rebondit, conforté par les manuvres qu’il a exercées sur la justice. Il n’a pas hésité à corrompre l’arrêt et à l’extrapoler en menaçant le parti d’Ali Benflis de mise sous scellés de ses locaux, y compris son siège national. Benflis a dénoncé ces supputations et n’a pas manqué de prendre à témoin l’opinion publique sur ces graves dérives qui mettent le pays en danger.

Face à cette cascade de manipulations des institutions que Zerhouni transforme en moyens de répression et de chantage, les avertissements de Lamari sont trop sérieux pour être considérés comme une simple théorie politique sur le concept de « neutralité ».

Zerhouni ne renoncera pas à ses « coups d’Etat » répétés contre la constitution et les représentations étatiques pour mettre l’Algérie sous la botte de Bouteflika et l’armée ne peut pas continuer de se contenter de déclarations.

Une intervention musclée de celle-ci est prévisible devant l’acharnement d’un Zerhouni, d’un Belkhadem, d’un Ouyahia qui n’hésitent pas à piétiner la souveraineté nationale, la sécurité de l’Etat en faisant alliance avec l’islamisme armé pour garantir, par des méthodes de mafiosi, un second mandat de sang à Bouteflika.

Rachid Mokhtari, Le Matin