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600 000 sans-papiers régularisés en Espagne

samedi 7 mai 2005, par nassim

Le plus grand processus de légalisation organisé en Espagne s’achève samedi.

Plus de 600 000 sans-papiers régularisés en trois mois, dont la moitié de Latino-Américains, des Equatoriens surtout : même si ce chiffre demeure en deçà de l’objectif initial du gouvernement Zapatero (800 000), ce bilan a été qualifié de « franc succès » par le ministre du Travail, Jesús Caldera. C’est ce samedi que s’achève le plus vaste processus de légalisation de travailleurs étrangers jamais organisé en Espagne. Lancé début février, il se termine dans une ambiance de rush : ces derniers jours, informés que le délai final ne sera pas différé d’un seul jour, des milliers d’immigrés ont envahi les 160 bureaux de la Sécurité sociale pour déposer leur dossier à temps. Dans la seule journée de jeudi, 35 225 demandes ont été déposées. Ce samedi, pour parer aux prévisibles files d’attente interminables, les bureaux resteront exceptionnellement ouverts jusqu’à 21 heures.Outre un contrat de travail et un casier judiciaire vierge, l’administration exige un document prouvant la présence en Espagne avant août 2004. Plutôt laborieux dans les premières semaines, ce processus s’est fortement accéléré depuis la mi-avril.

A contre-courant des politiques d’immigration restrictives mises en place dans la plupart des pays de l’Union européenne, cette initiative aura permis de régulariser davantage d’immigrés qu’au cours des trois processus de légalisation orchestrés depuis 1996 par le conservateur José María Aznar. Arrivé au pouvoir l’an dernier, le socialiste José Luis Zapatero en avait fait une priorité politique. « L’idée est de faire affleurer l’économie souterraine et de lutter contre les mafias qui exploitent les immigrés », avait annoncé début février le Premier ministre. Son souhait n’a été satisfait qu’en partie : sur les quelque 3,5 millions d’étrangers résidant en Espagne (soit 8 % de la population totale), près de 1 million seraient toujours clandestins.

De son côté, l’opposition conservatrice du Parti populaire, hostile à cette vague de légalisation, fustige ce qu’elle dénomme « l’effet d’appel ». « Le gouvernement a agi de façon irresponsable. Désormais, tous ces clandestins régularisés vont essaimer dans les pays de l’espace Schengen (1) », a dénoncé le chef de l’opposition, Mariano Rajoy, faisant ainsi écho aux critiques du chancelier Schröder contre l’Espagne.

Par François MUSSEAU, liberation.fr

(1) Espace européen de libre circulation dont la France fait partie.