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Bouteflika : “Je n’ai négocié avec personne”

mardi 6 avril 2004, par Hassiba

Hier encore, Abdelaziz Bouteflika s’en est remis à la volonté du peuple dans l’espoir de décrocher un second mandat.

Dans un ultime appel qu’il a lancé de sa tribune algéroise, le président de la république sortant a exhorté les algériens à accomplir leur devoir électoral et à aller voter en masse le 8 avril. “Je n’ai négocié ni avec les uns ni avec les autres. Le peuple seul décidera de son destin”, a lancé bouteflika à une assistance nombreuse. Sans doute, veut-il effacer l’épisode de sa consécration en 1999, grâce à la caution de l’establishment.

Aujourd’hui, l’ex-candidat du consensus se veut indépendant et uniquement tributaire du résultat des urnes. “Il faut lever la tutelle sur le peuple. Il est apte à choisir en conformité avec ce que lui dicte sa conscience”, s’est époumoné l’orateur. Totalement acquis à son discours - hormis quelques familles de disparus -, l’auditoire qui a rempli, hier après-midi, la salle Harcha -10 000 personnes selon les estimations de la Protection civile - ont répondu à son interpellation par des applaudissements et des vivats soutenus.

Cette foule représente aux yeux de Bouteflika et de son staff autant de voix nécessaires pour un séjour plus long au palais d’El-Mouradia. Exigeant, le candidat aspire à l’obtention d’un score confortable. Il l’a laissé entendre en affirmant que “l’Algérie a besoin d’un président soutenu par la majorité écrasante du peuple”. Selon lui, cette présidentielle doit constituer un tournant irréversible pour la mise en place d’un édifice institutionnel stable et démocratique. “Il faut en finir avec les périodes de transition”, a-t-il martelé.

Plus loin, il dénoncera ceux qui veulent miser sur l’avenir du pays en s’adonnant à une partie de poker. “Pour sa part, il ne prétend pas détenir la clé de Sésame, mais s’enorgueillit d’avoir sauvé l’Algérie du chaos, de la famine”. “Quand je suis venu en 1999, il restait dans les caisses de quoi nourrir le peuple pendant trois mois”, a révélé le président-candidat. Faisant le bilan de son mandat, il évoquera tour à tour ses réalisations, dans le domaine de l’emploi, du logement, de la restauration de l’image de l’Algérie à l’étranger et bien sûr de la concorde civile.

Sur ce point, il démentira haut et fort l’existence de quelconque accord entre l’ANP et l’AIS, précédant sa venue au pouvoir. Revendiquant la paternité de ce deal, il a annoncé la réédition de 10 000 terroristes. Pour autant, le retour à la paix est aussi redevable à l’armée. Bouteflika le reconnaît. Il l’a clamé, hier, en rendant hommage à l’institution militaire “qui a sauvé l’état républicain”. Sur sa brouille prétendue avec les généraux, le chef de l’état s’est fait l’écho d’une nouvelle mise au point. “Des choses se disent sur mes relations avec l’ANP. Elles sont infondées”, a soutenu le président-candidat.

Très élogieux, il considère l’armée, la police - malgré quelques dépassements - et l’administration comme “garantes de l’ordre et de la pérennité de l’état”. De même, ses soutiens partisans concourent à la réalisation de cet objectif. Évoquant feu Nahnah, il a salué sa mémoire et rappelé son combat contre les promoteurs du “qui tu qui ?”. Le RND d’Ahmed Ouyahia est à ses yeux l’enfant légitime du FLN. De l’ex-parti unique, l’orateur retiendra le parcours glorieux durant la Révolution. “Il appartient à tous les Algériens”, a-t-il estimé. à propos d’un autre soutien, et non des moindres qu’on lui prête, celui de l’ex-FIS, il se défendra de la caution des islamistes en faisant ce parallèle singulier.

“Je ne suis pas le candidat du FIS, comme je ne suis pas celui du FLN bien que j’appartienne à ce parti”.

S. L., Liberté