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Cannes 2005 : le retour aux sources

mercredi 11 mai 2005, par nassim

Cette année, à l’occasion du 58e Festival de Cannes, qui se tient du 11 au 22 mai, marquera le retour du cinéma d’auteur avec la présentation hors compétition du dernier volet de la saga de la "Guerre des étoiles", l’oeuvre majeure du cinéaste américain, George Lucas.

Star Wars III s’invite au festival de Cannes 2005.

Après un millésime 2004 qui s’était déroulé sur fond de tensions sociales en raison du conflit des intermittents et qui avait vu triompher "Farenheit 9/11", le brûlot anti-Bush du très controversé Michael Moore, la sélection officielle est placée cette année sous le signe d’une certaine normalisation. Parmi les 21 films concurrents pour la Palme d’or, qui sera décernée le 21 mai, figurent en effet ceux de cinq réalisateurs déjà primés, qu’il s’agisse de "L’enfant" de Jean-Pierre et Luc Dardenne distingués en 1999 avec "Rosetta", de "Last Days" de Gus Van Sant ("Elephant" en 2003), de "Manderlay" de Lars von Trier ("Dancer in the Dark" 2000) ou de "Don’t Come Knocking" de Wim Wenders ("Paris Texas" 1984). Sont aussi en lice David Cronenberg, Jim Jarmush et Atom Egoyan.

Trois films français sont en compétition : "Lemming", de Dominik Moll, "Peindre ou faire l’amour", d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, et "Caché", de Michael Hanneke. Le réalisateur Emir Kusturica, deux fois "palmés" à Cannes à dix ans d’intervalle pour "Papa est en voyage d’affaires", en 1985, et "Underground", en 1995, succédera à Quentin Tarantino à la présidence du jury.

Hors compétition, le Festival accueillera le dernier épisode de Star Wars "Episode III - Revenge of the Sith"), le 15 mai en avant-première mondiale, avant sa sortie le 18 en France et le lendemain dans le reste du monde. Dans un tout autre genre, mais également hors compétition, Woody Allen sera présent sur la Croisette avec "Match Point".

AU PREMIER RANG DES MARCHES INTERNATIONAUX

Si les organisateurs font volontiers valoir le succès du Festival aussi bien sur le plan artistique que commercial, ils cherchent aussi les moyens de le consolider. Le nombre de films soumis aux comités de sélection a certes continué d’augmenter.

"En 2004, nous avions pour la première fois dépassé le millier d’oeuvres visionnées : 1.325 films présentés par 85 pays. Cette année, ce chiffre s’accroît de 16,2% avec 1.540 longs métrages, venus de 97 pays différents", souligne dans un communiqué Thierry Frémaux, délégué artistique du Festival et responsable de la sélection.

Le marché du film, qui se déroulera du 11 au 22 mai en marge du Festival, connaît lui aussi une croissance continue, confortant sa position de leader mondial des marchés internationaux du cinéma devant l’American Film Market, le Mifed de Milan ou celui associé au Festival de Berlin.

Il devrait accueillir plus de 9.000 participants - acheteurs, vendeurs et producteurs - contre 8.500 l’année dernière. Quelque 2.860 films seront proposés aux acheteurs, contre 2.760 l’an dernier et 1.500 projections sont annoncées dans les différentes salles cannoises.

Pour autant, les organisateurs s’interrogent sur l’avenir du Festival. Aussi ont-ils pris l’initiative d’organiser, à la veille de l’ouverture, une rencontre avec les réalisateurs, membres des différents jurys, pour réfléchir à l’évolution de la manifestation.

"Suffit-il de montrer les meilleurs films de l’année ? Devons-nous, en amont, nous préoccuper des artistes dont nous attendons avec impatience les oeuvres naissantes ? (...) En aval, que faire pour que les films que nous sélectionnons puissent être découverts par tous les cinéphiles du monde ? La diffusion cinématographique classique est-elle suffisante pour transformer le désir de cinéma en cinéphilie ?", se demande Véronique Cayla, directrice générale du Festival dans un communiqué.

ELARGIR LA PROSPECTION

Deux autres initiatives - L’Atelier du Festival et la création d’une nouvelle salle baptisée "Cinéma du monde" viennent compléter cette volonté de préparer l’avenir.

L’Atelier du Festival vise à permettre à 18 projets de films provenant de 18 pays différents de trouver les financements nécessaires à leur réalisation alors que de plus en plus de films encore en développement ou en cours de réalisation sont proposés aux acheteurs.

La salle Cinéma du monde doit permettre de "mettre en valeur la diversité du cinéma mondial" en faisant découvrir la production de pays dont l’industrie cinématographique reste peu connue.

Outre le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Autriche, le Sri Lanka, les Philippines, le Mexique et le Pérou contribueront ainsi à élargir le champ de prospection du Festival, alors que le continent asiatique et l’Amérique latine y ont désormais acquis droit de cité.

"En compétition, mais également sur l’ensemble de la sélection, le cinéma asiatique confirme son importance : Chine, Japon, Taïwan, Corée et même Sri Lanka. Il s’agit d’un continent très actif", note Thierry Frémaux pour qui "il ne faut plus parler d’émergence mais de confirmation d’une tendance lourde."

"Sur le plan géographique, mais aussi sur l’ensemble de la sélection, notons la confirmation de l’émergence de l’Amérique latine : Mexique, Brésil, Argentine. Il se passe des choses très intéressantes dans cette région du monde qui vient équilibrer la présence de l’Asie", poursuit le délégué artistique pour qui Cannes à un "devoir d’internationalité", sans doute gage de longévité.

Source : reuters.fr