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France : controverse sur le lundi de Pentecôte

dimanche 15 mai 2005, par nassim

A deux semaines du scrutin sur le traité de constitution européenne, la controverse crée en France par l’entêtement de Jean-Pierre Raffarin et la forte opposition des syndicats, risque de miner encore plus les chances de la victoire du OUI.

Le lundi de Pentecôte travaillé rapportera 2 milliards au bénéfice des personnes dépendantes.

Plusieurs ministres sont montés au créneau ce week-end pour défendre de nouveau cette mesure, dont le gouvernement attend deux milliards d’euros et qui a été décidée après la canicule de 2003, responsable de la mort d’environ 15.000 personnes âgées. Les principaux syndicats ont appelé à des arrêts de travail pour protester contre une mesure qu’ils jugent injuste et ils entendent faire de ce lundi une journée de mobilisation pour la défense du pouvoir d’achat et de l’emploi. Selon un sondage Ifop pour le journal Dimanche-Ouest-France, 55% des Français n’auraient pas l’intention d’aller travailler, dont 13% parce que leur entreprise sera fermée et 14% (20% dans la fonction publique) parce qu’ils seront en grève.

D’après un sondage CSA publié vendredi par le Parisien, ils seraient 68% à souhaiter que le gouvernement renonce à maintenir cette "journée de solidarité" le lundi de Pentecôte. Des perturbations sont donc attendues dans les services municipaux, les transports publics et établissements scolaires - où une des deux grandes fédérations de parents d’élèves, la FCPE, a invité ses adhérents à ne pas envoyer leurs enfants.

"Cette loi, qui s’adresse aux salariés, ne concerne pas les élèves", a expliqué à France Inter son président, Georges Dupont Lahite. "Tout ceci nous amène à dire ’parents vous n’avez aucune obligation et donc vous pouvez garder vos enfants’." Depuis quelques jours, la presse annonce au mieux "cacophonie" et "confusion", au pire "pagaille" et "fiasco" ou, comme Le Monde samedi, le "gâchis d’une belle idée".

"Je reconnais que sur le moment ça fait un peu grincer des dents, c’est normal. Mais en même temps, derrière tout ça, il y a un enjeu de société et c’est ça la responsabilité politique", a déclaré dimanche sur France Inter Jean-François Copé. Le porte-parole du gouvernement s’est attaché à relativiser le sondage de l’Ifop en faisant valoir que 28% des sondés disent qu’ils ne travailleront pas lundi parce qu’ils seront en congé ou auront pris un jour de réduction du temps de travail (RTT).

DES BESOINS EVALUES A SIX MILLIARDS D’EUROS

"Ce qui veut donc dire qu’ils participeront d’une manière ou d’une autre à la journée de solidarité puisqu’ils ont choisi que ce soit un autre jour que le lundi de Pentecôte", a-t-il dit. "Il y a seulement 14% d’entre eux qui déclarent qu’ils seront en grève, ce qui montre qu’en fait il y a beaucoup, beaucoup de Français qui comprennent (la mesure)."

Une position également défendue sur Radio J par le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, qui a tiré la conclusion de ce sondage que "72% des Français" avaient en fait accepté de travailler un jour de plus, sous une forme ou une autre. Il a cependant reconnu que les besoins de financement pour l’aide aux personnes dépendantes étaient "de l’ordre de six milliards d’euros", trois fois plus que ce que le gouvernement attend de la suppression du lundi férié de Pentecôte.

"Ce qui est certain, c’est qu’il y a une attitude de refus qui se manifeste", a pour sa part reconnu le ministre de l’Education nationale François Fillon sur France Inter. "On a un vrai problème (...) qui est le financement de la dépendance", a-t-il cependant ajouté. "Que ce soit difficile à mettre en oeuvre c’est normal. Ce qui est choquant, c’est la quantité de raisons que s’inventent beaucoup d’organisations pour refuser en réalité ce geste de solidarité."

Il s’est montré particulièrement sévère pour les parents d’élèves qui suivraient les consignes de la FCPE. "Je pense qu’il sont assez irresponsables mais c’est leur responsabilité. Il faut simplement qu’ils s’interrogent sur le geste éducatif qui consiste à dire aux enfants d’aujourd’hui qu’il n’y a aucun effort de solidarité à faire pour l’avenir."

Dans une interview publiée par le Figaro, la secrétaire d’Etat à l’Intégration et à l’Egalité des chances Catherine Vautrin a quant à elle estimé que cette journée de solidarité finirait par s’imposer "avec le temps".

"Il y a un amalgame entretenu par les syndicats entre les revendications sur le pouvoir d’achat, le maintien des 35 heures ou les enjeux du référendum", a-t-elle dit. Mais "lorsqu’on donne des arguments sérieux, les gens finissent par être d’accord avec notre mesure. Avec le temps elle s’imposera."

Frédéric Micheau, directeur d’études au département Opinion publique Ifop, n’en estime pas moins que la polémique sur le lundi de Pentecôte "génère un mouvement de mécontentement social qui trouve un débouché naturel dans le vote ’non’" au traité constitutionnel européen.

Selon un sondage Ifop publié samedi sur le site internet Wanadoo, 54% des Français auraient l’intention de voter "non" lors du référendum du 29 mai.

Source : reuters