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Immigration clandestine en France : Fermeté de Villepin

mercredi 11 mai 2005, par nassim

Le ministre français de l’interieur, Dominique de Villepin, affiche une fermeté implacable en dévoilant son plan de lutte contre l’immigration clandestine en France qu’il décrit comme étant sa priorité absolue.

Villepin déclare la guerre à l’immigration illégale en France.

La France compte de 200 000 à 400 000 étrangers en situation irrégulière, et il est « hors de question de les régulariser », déclare mercredi dans un entretien au quotidien Le Figaro le ministre français de l’Intérieur Dominique de Villepin car « de 16 000 en 2004, le nombre d’immigrés en situation irrégulière devrait atteindre 20 000 fin 2005 selon les pronostics du ministère ». Sans prévoir pour autant de nouvelle grande réforme législative, le ministre présentera jeudi au conseil des ministres, un plan devant « améliorer le taux d’éloignement des étrangers en situation irrégulière ». La priorité est d’une part de mieux appliquer les lois existantes à savoir celle sur l’immigration du 26 novembre 2003 et celle sur l’asile du 10 décembre 2003, et de mieux coordonner les moyens existants en créant un « service public » de contrôle des flux migratoires.

Dominique de Villepin abandonne l’idée de regrouper toutes les administrations concernées par la lutte de l’immigration irrégulière en un « service central » de l’immigration : voulant agir vite, et considérant que « le remaniement des structures administratives prendrait trop de temps » il préfère, à l’idée de faire fusionner les services existants, celle d’accroître le rôle de la Police de l’Air et des frontières (PAF), de la décharger de certaines missions administratives et de lui confier un rôle de coordonnateur de l’ensemble des services de police et de gendarmerie en matière d’immigration. La responsabilité de la PAF sera « confiée à un haut fonctionnaire de l’Intérieur ». Police et gendarmerie travailleront désormais en réseau car, dit-il, « la lutte contre l’immigration clandestine doit devenir la priorité de la sécurité publique et de la gendarmerie nationale ». Dotée de 600 policiers de plus qu’actuellement, elle « se consacrera exclusivement au démantèlement des filières de clandestins et aux reconduites aux frontières ».

« il n’y a pas de divergence entre les pays européens »

Par ailleurs, outre des mesures concernant par exemple le contrôle des mariages des ressortissants demandeurs d’asile, le plan Villepin comprend une quinzaine de propositions concrètes visant à la prévention et la lutte contre l’immigration irrégulière, ceci de l’entrée sur le territoire français à la sortie. Parmi ces mesures on retient un renforcement des contrôles aux frontières, davantage de vigilance concernant la délivrance des visas de court séjour, faciliter l’obtention des laissez-passer consulaires, et offrir une meilleure gestion de l’accueil des demandeurs d’asile, et enfin étudier une aide au retour -qui jusqu’à présent n’a pas montré son efficacité. Le président Jacques Chirac avait affirmé, lors d’un discours prononcé à Nîmes le 8 novembre, la nécessité « de lutter humainement mais fermement contre l’immigration clandestine ».

A trois semaines du référendum sur la Constitution européenne, et alors que l’immigration figure parmi les principaux motifs d’inquiétude de l’opinion française, Dominique de Villepin insiste sur le fait qu’ « il n’y a pas de divergence entre les pays européens sur la nécessité d’un meilleur contrôle de l’immigration irrégulière ». Il prend donc ces mesures de lutte à la veille de la réunion, jeudi à Paris, du G5 (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni, France) consacrée au contrôle des frontières extérieures à l’Union européenne. Cette présentation publique d’un plan qui se veut ferme survient, aussi, peu après que le Front national a dénoncé une faiblesse du gouvernement : à l’annonce de la régularisation de douze sans-papiers grévistes de la faim, Bruno Gollnish avait déclaré samedi que cette décision illustrait « l’impuissance du gouvernement face au problème de l’immigration qui se poursuit massivement », ajoutant : « Nul doute que cette affaire a valeur de test pour des millions de candidats potentiels au séjour illégal sur notre territoire ».

Dans un communiqué publié mardi, l’association Droits devant ! appelle le gouvernement français à procéder à de nouvelles régularisations massives en suivant les exemples récents d’intégration par les gouvernements espagnols et italiens, tandis qu’à Poitiers, quelque 150 manifestants, en majorité d’origine guinéenne, occupaient lundi dernier le théâtre de la ville au nom des mêmes revendications : « Nous sommes tous en France depuis plusieurs mois, voire plusieurs années à Poitiers et Châtellerault, et nous demandons des papiers pour pouvoir travailler. Il faut mettre la loi de côté, et regarder le côté humain des choses », avait expliqué Mohamed Shako, porte-parole des manifestants. Ils ont du quitter les lieux, mais ont collé des affichettes sur lesquelles figurent 373 noms de demandeurs de régularisation, et un collectif de soutien a été créé, qui doit reprendre contact en début de semaine avec les autorités préfectorales.

Par Dominique Raizon, rfi.fr