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L’Europe prépare une vaste opération contre les réseaux d’Al-Qaïda

En réponse aux attentats de Madrid

dimanche 21 mars 2004, par Hassiba

Une semaine après les attentats de Madrid, l’Europe prépare sa riposte. Selon des informations recueillies par Liberté auprès de sources proches du gouvernement français, plusieurs pays européens s’apprêtent à lancer dans les prochaines heures une vaste opération antiterroriste commune.

D’une ampleur jamais égalée en Europe depuis l’apparition du terrorisme islamiste, elle devrait impliquer les forces de police et les services secrets d’au moins cinq pays : la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Allemagne. Au lendemain des attentats contre quatre trains à Madrid qui ont fait 201 morts et 1 500 blessés, les services de sécurité européens, à la demande des autorités politiques, ont multiplié les contacts pour coordonner leurs efforts en matière de lutte contre le terrorisme islamiste.

Le Premier ministre belge, Guy Verhofstad, et la ministre française des affaires européennes, Noëlle Lenoir, ont même avancé publiquement l’idée de créer un centre de coordination européen antiterroriste, une sorte de “CIA européenne” chargé de traquer les groupes armés islamistes. L’opération qui se prépare actuellement se veut donc une première réplique musclée aux attentats du 11 mars et aux récentes menaces terroristes contre plusieurs pays d’Europe.

Elle se traduira par un vaste coup de filet contre les réseaux des groupes islamistes déjà identifiés sur le continent européen. En plus des réseaux susceptibles d’être opérationnels, les services de sécurité européens tenteront également de neutraliser les principaux soutiens logistiques et financiers des groupes islamistes armés. “L’Europe de l’antiterrorisme va tenter de montrer qu’une réponse efficace est possible face aux nouvelles menaces qui pèsent sur le continent. Désormais, l’Europe ne sera en aucun cas une terre de repli pour les groupes islamistes. Jusqu’à présent, des terroristes pouvaient frapper dans un pays européen et se replier dans un autre pays du continent”, analyse Ahmed Sallam, spécialiste des réseaux islamistes européens et auteur du Djihad en Europe.

Plusieurs pays d’Europe, notamment la Grande-Bretagne, sont, en effet, souvent accusés de laxisme à l’égard des islamistes installés sur leur continent. Durant les années 1990, le GIA revendiquait ouvertement et les attentats contre des cibles civiles et militaires en Algérie à partir de Londres où il disposait de plusieurs publications tolérées par les autorités britanniques.

Même les attentats antifrançais en 1995 et 1996, revendiqués par le GIA, n’ont pas poussé le gouvernement britannique à modifier sa politique à l’égard des islamistes radicaux algériens et ce, malgré les mises en garde à répétition des spécialistes européens de l’antiterrorisme. Londres refuse toujours d’extrader plusieurs terroristes présumés, comme l’Algérien Rachid Ramda que la justice française soupçonne d’avoir d’avoir financé les attentats du métro parisien au milieu des années 1990. Ce n’est qu’après les attentats du 11 septembre 2001 et les menaces directes contre ses intérêts que la Grande-Bretagne a commencé à réviser progressivement sa politique à l’égard des groupuscules islamistes présents sur son sol.

Aujourd’hui, après les attentats de Madrid, Londres pourrait changer définitivement de stratégie et rejoindre ses alliés européens dans ce qui s’apparente désormais à un vaste front antiterroriste

Guemache Lounès, liberte-algerie.com