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L’ancien patron d’Algérie Télécom devant le juge

mardi 13 mars 2007, par Bilal

L’ancien PDG d’Algérie Télécom, Brahim Ouarets continue de plaider son innocence devant le juge du tribunal d’El Harrach à qui il rappelle avoir augmenté le chiffre d’affaires de l’opérateur historique de télécommunications.

Brahim Ouarets, ancien PDG d’Algérie Télécom.

Huit avocats, onze accusés et une trentaine de témoins cités à la barre par le président du tribunal d’El-Harrach, qui a eu à juger hier l’affaire d’Algérie Télécom. Cette dernière avait été traitée par la section de recherches du groupement de la gendarmerie d’Alger durant l’été dernier. Le magistrat ordonne que les premiers sièges soient occupés par la presse venue en force. Dix minutes plus tard, les noms des mis en cause sont égrenés dans l’ordre. Brahim Ouarets ainsi que les autres accusés sont cités. Un panel d’avocats dont Miloud Brahimi et Mokrane Aït Larbi. Appelant M. Brahim Ouarets, le juge lui lit les chefs d’accusation retenus contre lui, à savoir dilapidation de deniers publics et réalisation de marchés fictifs et non conformes à la réglementation en vigueur.

La première question est relative aux passations de consignes avec son prédécesseur. M. Ouarets dira qu’en effet des réunions ont été tenues dans ce cadre mais qu’il fallait surtout mettre sur les rails un plan d’urgence destiné à moderniser les centres de cette entreprise ainsi que la remise à niveau de certaines infrastructures permettant de redorer le prestige d’Algérie Télécom d’autant que la concurrence des autres opérateurs privés est très dure. Un budget de 70 milliards de dinars a été prévu à cette fin. “Et le projet Actel de Aïssat-Idir ?” enchaînera le juge. “Je n’ai pas pris connaissance de toutes les données. L’entreprise fonctionne selon une organisation décentralisée et chaque structure possède son autonomie”, répond l’accusé. “Mais vous êtes le premier responsable donc tenu d’être au courant de tout. Pourquoi ne pas réunir régulièrement les responsables de structure pour une situation à jour ? Vous vous êtes contenté de vous installer dans votre tour d’ivoire”, renchérit le président.

“On se réunissait tous les quinze jours”, souligne Brahim Ouarets. “Alors, si c’est ainsi, vous me voyez étonné de votre présence ici”, ironise le juge. De ses proches collaborateurs, l’ex-P-DG citera le directeur de la comptabilité et des finances, M. Seniane et le directeur de l’administration générale et de la logistique, M. Lehlali. M. Ouarets subit un chapelet de questions : “Aviez-vous ordonné des inspections sur le terrain ? Est-ce que la commission d’inspection vous a rendu compte ? Pourquoi avoir attendu que la situation eut atteint ce stade ? N’est-il pas de vos prérogatives de faire des sorties sur le terrain afin de vérifier si tout était correct ? Aviez-vous la liste des entrepreneurs engagés par l’entreprise ?” Pour sa défense, l’ex-PDG d’Algérie Télécom, M. Ouarets dira qu’il recevait régulièrement des rapports relatifs à l’avancement des projets. Des rapports que certains avocats ont jugé faux. Autrement dit, on ne disait pas toute la vérité au premier responsable. Concernant les entrepreneurs, il fera savoir que 112 projets étaient à l’actif de l’entreprise, ce qu’il ne pouvait à lui seul contrôler.

À son tour, le procureur de la République revient sur le choix des entrepreneurs. Aussi bien à l’adresse de l’ex-P-DG d’Algérie Télécom que de ses collaborateurs mis en cause. “Est-ce que M. Fodili a réalisé des projets ? Qui a choisi cet entrepreneur qui n’a rien à voir avec la climatisation ?” À l’adresse du sous-directeur de la réalisation, il demandera : “Parlez des dossiers constitués par Fodili.” “Je n’ai pas de réponse”, dira-t-il. “C’est incroyable alors que vous disiez il y a un moment que vous contrôliez tous les dossiers”, lancera le procureur. L’audience s’est poursuivie tard hier. L’affaire est loin d’être bouclée. Pour le juge, 22 milliards en marchés fictifs attribués de gré à gré à raison de 7,8 millions de dinars. Lors de l’enquête menée par la section de recherches, il a été établi une dilapidation de près de 70 milliards de centimes.

Synthèse de Billal, www.algerie-dz.com
d’après Liberté