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La jeune fille de l’eau

mardi 22 août 2006, par Céline

Le film « La jeune fille de l’eau », écrit et réalisé par Night Shyamalan, est un conte pesant et complaisant qui contraste avec les deux films précédents "Sixième sens" et "Incassable", du jeune réalisateur d’origine indienne.

La jeune fille de l’eau.

Sept ans après son premier succès mondial, force est de constater que M. Night Shyamalan n’est pas le Prince charmant du cinéma. Aussi original et talentueux soit-il, il est capable du bon comme du moins bon, comme en témoigne son dernier conte fantastique, "La jeune fille de l’eau", qui sort ce mercredi dans les salles françaises.
Cleveland Heep (Paul Giamatti) est concierge. Discret, d’allure insignifiante, il s’occupe des menus tâches et travaux de la résidence "The Cove", un complexe d’appartements tranquille, doté d’une petite piscine. Changer des ampoules, réparer une machine à laver, vider des cendriers, exterminer des insectes indésirables : une routine dont Cleveland s’acquitte avec lassitude, mais sans jamais rechigner.

Son dernier souci en date : l’eau de la piscine, devenue étrangement opaque par endroits. Une nuit, il en perce le mystère : une jeune nymphe, créature aquatique venue du "Monde Bleu", y a élu domicile. La mystérieuse "narf", qui s’appelle "Story" (Bryce Dallas Howard), est à la recherche d’un écrivain avec lequel elle doit communiquer. Si elle y parvient, cela changera notre monde et son univers, dont le sort et le salut sont étroitement liés. Poursuivie par des créatures maléfiques, la princesse nymphe demande à Cleveland de l’aider à accomplir sa mission. Ensemble, ils vont devoir décrypter les codes d’une ancienne prophétie et trouver des alliés au sein de la résidence pour lui permettre de regagner le "Monde Bleu"...

Fidèle à ce qui a fait son immense succès, l’irruption du fantastique dans un monde normal, le réalisateur signe ici un conte de fées, avec une mythologie créée de toutes pièces puisqu’à l’origine, il s’agissait d’une histoire inventée pour ses propres enfants. Et "La jeune fille de l’eau" commence d’une manière très prometteuse, avec une belle narration, emplie de douceur et de poésie, et cette touche d’angoisse étrange propre à M. Night Shyamalan. Du personnage de Cleveland, gardien bègue héros malgré lui, à la cocasserie des scènes de vie quotidienne dans la résidence, en passant par des portraits hauts en couleurs des habitants de l’immeuble, le cinéaste fait preuve d’une tendresse communicative pour le genre humain, tandis que l’aspect fantastique du récit nous plonge dans un univers unique, magique -comme cette scène où Cleveland découvre la cachette de la sirène Story sous la piscine.

Le film aurait été une réussite sans la maladresse et la grandiloquence du réalisateur qui, en laissant libre cours à son ego, n’a réussi qu’à étouffer son joli film sous le poids des poncifs et des clichés. Une erreur symbolisée par sa présence même dans son propre film « La jeune fille de l’eau » : non pas dans un caméo à la Hitchcock, mais dans un rôle important, celui d’un écrivain dont l’oeuvre doit (peut-être) éclairer le monde et sauver les hommes ! Une faute de goût impardonnable dans la mesure où les talents d’acteur de M. Night Shyamalan restent pour l’heure imperceptibles à l’écran. Irréelle et décousue, la deuxième partie du film sombre alors dans un mélange indigeste, entre confessions autobiographiques (celle de l’auteur mal dans sa peau), scènes de suspense (le critique de cinéma coincé dans un couloir), et quelques bribes de ce beau film que l’on aurait aimé voir.

Synthèse de Céline
D’après AP